Pour la 28e année, j'ai eu le privilège de figurer parmi l'électorat en vue de la prochaine intronisation au Temple de la renommée du baseball. Les résultats du vote seront connus aujourd'hui. Les portes de Cooperstown sont lourdes puisqu'il faut obtenir la faveur de 75% des électeurs pour y avoir accès.

Cette année, j'ai opté pour six candidats: Rickey Henderson, Jim Rice, Andre Dawson, Bert Blyleven, Lee Smith et Tim Raines. Et, j'ai sciemment omis d'inscrire le nom de Mark McGwire sur mon bulletin de vote.Mon premier choix en est à sa première année d'admissibilité. Le statisticien Bill James a déjà mentionné que si l'on pouvait sectionner Henderson en deux, on aurait droit à deux membres du Temple de la renommée: le premier pour ses exploits sur les sentiers, et le deuxième, pour son coup de bâton.

Henderson est le meneur de tous les temps pour les buts volés (1406), lui qui a établi la marque du baseball majeur avec 130 larcins en 1982. De plus, ses 297 circuits démontrent bien sa puissance, lui qui a croisé le marbre en 2295 occasions lors de ses 25 saisons dans le baseball majeur, un sommet.

Mon deuxième vote est allé à Rice, qui a fait une entrée discrète avec les Red Sox de Boston en 1975 parce qu'un coéquipier, Fred Lynn, lui avait ravi le titre de recrue de l'année. Au fil des ans, Rice l'a éclipsé en vertu de sa moyenne à vie de .304 en 12 saisons avec les Red Sox (1975 à 1986). L'an dernier, Rice a reçu 72,2% des votes, ratant ainsi une élection au Temple de la renommée par 2,8%. À sa dernière année d'admissibilité, Rice devrait rallier les quelques votes manquants.

Le choix suivant fait appel à mes sentiments d'ancien chroniqueur de baseball affecté pendant des années à la couverture des Expos. Dawson compte sa part de dénigreurs en raison de sa faible production en séries d'après-saison. Le tout avait pourtant bien commencé en vertu d'une moyenne de .300 contre les Phillies de Philadelphie en 1981. Mais, cette même année, les lanceurs des Dodgers de Los Angeles l'avaient réduit à une moyenne de .150. Et, en 1989, avec les Cubs de Chicago, sa moyenne de .105 contre les Giants de San Francisco n'avait pas été à la hauteur des attentes pour celui qui avait claqué 49 circuits en 1987 pour les Cubs.

De fait, sa moyenne de présence sur les buts en carrière (.323) deviendrait la sixième plus basse chez les membres du Temple de la renommée, devant des génies de la défense tels que Bill Mazeroski, Joe Tinkers, Luis Aparicio, Rabbit Maranville et Brooks Robinson. Mais on préfère retenir ses 438 circuits en carrière pour aller avec une moyenne de .279.

Dans le cas de Blyleven, je suis impressionné par ses 3701 retraits sur des prises en 22 saisons, ce qui lui vaut le cinquième rang dans l'histoire du baseball. Seuls Nolan Ryan, Randy Johnson, Roger Clemens et Steve Carlton ont renvoyé plus de frappeurs à l'abri avec leur bâton sur l'épaule. L'an dernier, il a totalisé 61,9% des votes nécessaires.

Smith appartient à cette nouvelle aile du Temple de la renommée réservée aux lanceurs de relève. Le club compte déjà quatre membres: Rollie Fingers, Bruce Sutter, Dennis Eckersley et Goose Gossage. Avec ses 478 sauvetages, troisième dans l'histoire, il devrait avoir sa place, surtout qu'il a passé le cap des 25 sauvetages lors de 13 saisons. Mais cela ne sera pas facile puisque l'an dernier, seulement 43,3% des électeurs ont mis son nom sur leur bulletin.

Finalement, Raines a eu une carrière à l'image de celle d'Henderson: un voleur de buts capable de frapper avec puissance et régularité. De fait, après Henderson, Raines est possiblement le deuxième meilleur premier frappeur de l'histoire du baseball. De 1981 à 1987, il a probablement été le meilleur joueur offensif de la Ligue nationale. Champion frappeur en 1986 (.334), il avait pris le troisième rang en 1985 (.320) et en 1987 (.330). Il a été le champion voleur de buts de 1981 à 1984, avec un sommet de 90 larcins en 1983. Ajoutez à cela ses 170 circuits en 23 saisons et vous avez un candidat légitime pour le Temple de la renommée. À sa deuxième année sur le bulletin de vote, il devrait améliorer sa performance de l'an dernier, alors qu'il avait reçu seulement 24,3% de votes.

En terminant, un petit mot sur Mark McGwire! Ses chiffres ne mentent pas. Il a accompli les exploits nécessaires pour accéder au Temple de la renommée. Mais le nuage des drogues de performance qui plane au-dessus de sa tête laisse les électeurs hésitants. Et, je ne suis pas le seul à penser ainsi puisque l'an dernier, le nom de McGwire s'est retrouvé sur seulement 23,6% des bulletins de vote.