À cinq mois des Jeux olympiques de Rio, Michael Phelps n'a, de son propre aveu, jamais été aussi heureux: bientôt marié, futur papa, l'athlète le plus titré de l'histoire olympique s'est réconcilié avec lui-même et avec sa fabuleuse carrière.

Il lui a fallu faire ses cartons il y a quelques mois pour se rendre compte, enfin, de tout ce qu'il avait accompli dans les bassins de natation du monde entier.

Lors de ce déménagement de Baltimore à Tucson, pour suivre son entraîneur de toujours Bob Bowman, nommé à la tête du programme de natation de l'université d'Arizona, Phelps, 30 ans, a remis la main sur quelques unes de ses médailles et coupes.

«Durant toute ma carrière, j'allais d'une compétition à une autre, d'un Championnat à un autre, d'un record à un autre», a-t-il confié cette semaine à Los Angeles lors d'un conférence de presse réunissant les principaux espoirs américains de médailles pour Rio.

«Beaucoup de choses se sont passées dans une sorte de brouillard, nous nous projetions constamment vers l'avenir», a reconnu le nageur aux 18 titres olympiques.

39 records du monde

«Et pour la première fois, j'ai pu me retourner et regarder ce que j'avais accompli dans ma carrière. J'ai réalisé que je pouvais être fier de moi», a admis le phénomène de la natation qui collectionne 39 records du monde, dont sept encore d'actualité, et 77 médailles dans les grands rendez-vous, dont 61 en or.

Signe supplémentaire qu'il est bien dans sa peau, Phelps n'aurait jamais fait de telles confidences lors de sa «première» carrière où il limitait ses rapports avec la presse au strict minimum et ne se sentait bien que dans l'eau.

À bien des égards, Phelps est un revenant: il a mis un terme à sa carrière en 2012 après les JO de Londres où il avait conquis quatre titres et deux médailles.

«J'étais carbonisé, je ne voulais plus entendre parler de natation, d'entraînement», a-t-il rappelé.

Mais au début de 2014, il a replongé. D'abord pour voir où il en était et, très rapidement, pour aller à Rio.

Mais après un retour prometteur, Phelps a été rattrapé par un autre de ses vieux démons: en septembre 2014, il est interpellé pour la deuxième fois de sa carrière pour conduite en état d'ivresse et sa Fédération lui inflige une longue suspension, le privant des Championnats du monde 2015 de Kazan (Russie).

«Ma vie est plus libre»

Déprimé, au point de songer au suicide, il fera un séjour dans un centre de désintoxication où il entame sa réconciliation avec lui-même, avec son père, si absent, et avec son passé.

«Ce que j'ai vécu a été difficile. On me demande souvent si je voudrais changer quelque chose dans tout ce qu'il m'est arrivé. Non, car tout arrive pour une raison, ces expériences m'ont permis de mûrir», a-t-il insisté.

«Ma vie maintenant est plus libre, plus heureuse, comme si un poids énorme avait disparu de mes épaules», a souri Phelps.

Ses fiançailles avec Nicole Johnson, une ancienne Miss Californie qui lui donnera un fils en mai, l'ont aussi transformé.

Il ne touche plus une goutte d'alcool et s'entraîne avec assiduité et sans le moindre écart, alors que sa préparation pour les JO de 2012 avait été un calvaire.

S'il refuse de révéler les distances qui seront à son programme lors des sélections américaines en juillet et, si tout se passe bien, à Rio en août, Phelps ne fait aucun mystère de ses ambitions.

«J'ai faim, je ne laisse rien au hasard, à l'entraînement, je veux régler les petits trucs qui font la différence entre gagner une médaille d'or et la perdre», a-t-il conclu.