Sandrine Mainville visait haut pour cette finale du 100 mètres. En plus d'une victoire, elle rêvait secrètement au record national d'Erica Morningstar, qui tient depuis 2007. Si elle n'y est pas arrivée, ce n'est pas faute d'avoir essayé.

Partie comme une balle, la nageuse de Boucherville s'est fait rattraper juste avant de toucher le mur, jeudi soir, aux essais d'Équipe Canada au Centre panaméricain de Toronto. Troisième avec un record personnel de 54,48 s, elle a raté la médaille d'or par deux dixièmes. Ce ne sera pas assez pour nager l'épreuve individuelle aux Jeux panaméricains et aux Mondiaux de Kazan, cet été. Mais ce devrait être amplement suffisant pour une sélection au relais.

« Je ne suis pas déçue parce que je sais que j'ai quand même tout donné et je suis vraiment bien partie », a souligné Mainville après avoir consolé sa petite soeur Ariane (10e), déçue de son temps dans la même finale. « Je ne peux pas avoir de regrets. Je n'aurais pas pu vraiment faire mieux. »

Cet excellent chrono confirme à Mainville qu'elle a fait le bon choix en s'expatriant à Toronto, l'automne dernier. Elle est partie presque sur un coup de tête, après une longue hésitation.

« Ça a été très dur, admet l'athlète de 23 ans. Sortir du Québec, aller un peu dans une zone d'inconfort, en anglais, avec l'école aussi. Il y avait beaucoup d'incertitude. »

Lors d'un essai quelques mois plus tôt, elle avait été charmée par le dynamisme de Ben Titley. L'entraîneur britannique a été embauché en 2012 pour piloter le nouveau centre national dans la Ville Reine. Ce dernier a été surpris que la Québécoise cogne à sa porte. Il la croyait dans un environnement idéal, à Montréal, sous la gouverne de Benoit Lebrun.

Mais le centre de Montréal venait de fermer ses portes et il ne restait plus que trois nageuses pour poursuivre l'aventure dans des conditions moins qu'idéales. À moins de deux ans des Jeux olympiques de Rio, il était temps de battre les cartes.

Sortir de l'ombre de la championne canadienne Victoria Poon, quatrième jeudi, a aussi fait partie de la réflexion « Ça faisait quand même cinq ans que je courais contre Vic dans les entraînements, a noté Mainville. J'ai beaucoup appris d'elle. Je me suis dit que si je voulais la battre, il faudrait peut-être tenter quelque chose de différent. »

Titley a connu beaucoup de succès en Grande-Bretagne, où il a dirigé l'équipe féminine vers deux podiums aux JO de Pékin en 2008. Il a également entraîné les trois dernières détentrices du record britannique au 100 m libre. « Il est vraiment présent dans les entraînements, toujours à te dire quelque chose, a souligné Mainville. Tu te sens regardée. J'ai vraiment aimé ça. »

Le Britannique a pour sa part découvert une athlète déterminée. « Elle est très intelligente, superbe, elle étudie pour devenir avocate, a relevé Titley. Parfois, ceux qui sont les plus intelligents pensent trop à ce qu'ils font. Le défi est de la faire relaxer, pour qu'elle s'amuse dans le processus. Tout le travail difficile est fait. C'est l'entraînement. La course, c'est la partie le fun. »

Titley a senti un déblocage cette semaine à Toronto. Surtout à la façon agressive dont elle est sortie des blocs en finale, entraînant dans la foulée ses coéquipières Michelle Williams et Chantal VanLandeghem, respectivement première et deuxième.

Avec Poon, Mainville croit que le Canada compte maintenant sur un quatuor de haut calibre au relais. La double médaillée de bronze aux derniers Jeux du Commonwealth se prend maintenant à rêver de podium mondial et olympique.

Pour ça, il faudra cependant qu'une « superstar » sorte du lot, prévient Titley. Mainville pourrait-elle devenir cette locomotive? « Pour son épreuve, elle a certainement des atouts, a répondu le coach. On verra à quel point elle peut être rapide. »

Pour voir les résultats: https://www.swimming.ca/liveresults/2015cantrials/