Une tribune avait été installée hier en bordure des piscines du parc Jean-Drapeau. Les dignitaires étaient là, sur leur 36, pour annoncer la venue à Montréal, dans un mois, des Championnats du monde de natation paralympique.

Il y avait les phrases d'usage. «Ce sera le plus important événement aquatique dans la métropole depuis les Championnats du monde FINA de 2005», a dit un élu. «On attend 500 athlètes de 50 pays», se réjouissait un autre.

Des athlètes québécois assis en plein soleil écoutaient patiemment. Pour eux, les Championnats du monde qui auront lieu du 12 au 18 août seront l'occasion de briller à la maison. «C'est notre piscine, ici!» a lancé avec assurance Benoit Huot, vétéran de la natation, décoré comme un général et gagnant de 16 médailles aux Jeux paralympiques.

Mais ces Championnats seront aussi l'occasion pour les Québécois de montrer, devant les leurs, la valeur du sport paralympique. «Le sport paralympique est sous-estimé par le public, déplore Aurélie Rivard, nageuse de 17 ans médaillée d'argent des Jeux de Londres. Les athlètes paralympiques s'entraînent aussi fort, font les mêmes sacrifices, les mêmes efforts, mais ils restent moins reconnus par le public et les médias. Je pense que ce qu'on aimerait, c'est d'être considérés sur un pied d'égalité avec le sport olympique.»

Huot et Rivard étaient assis côte à côte hier à la conférence de presse. Il était difficile de ne pas voir dans le duo le présent et l'avenir de la natation paralympique au Canada. Ces Championnats du monde seront vraisemblablement les derniers pour Benoit Huot, qui envisage de prendre sa retraite sportive d'une année à l'autre. «J'aimerais ça réussir à inspirer des jeunes comme Benoit m'a inspirée», a indiqué avec aplomb la jeune nageuse.

Une dirigeante du Comité international paralympique a rappelé que les performances des nageurs aux prises avec un handicap se comparent avantageusement à celles des athlètes olympiques. «Les meilleurs athlètes paralympiques nagent le 50 m libre en un peu moins de 23 s. On a même des nageurs dont il manque un bras et qui sont capables de le faire en 30 s», note Jane D. Blaine.

Des histoires de dépassement

La question est maintenant de savoir si les foules présentes pour les Championnats du monde de natation en 2005 se présenteront cette fois au parc Jean-Drapeau pour la version «para». Si Mme Blaine assure que le spectacle est au rendez-vous, les athlètes paralympiques ont un autre avantage pour eux: de singulières histoires de dépassement.

Prenez la jeune Aurélie Rivard. Son handicap? «Je suis née avec mes cinq doigts en moins à la main gauche», dit-elle. Ça ne l'empêche pas de nager très vite.

Elle a commencé la natation pour imiter sa soeur jumelle, Charlotte. «J'ai tout le temps voulu faire comme elle faisait.»

France Latendresse, entraîneur-chef de l'équipe de natation du Haut-Richelieu, a vite repéré la nageuse. Elle lui a suggéré de faire une compétition de niveau provincial. Puis le comité paralympique canadien l'a remarquée. À Londres, après quatre ans de natation sportive, elle a remporté l'argent au 400 m style libre.

Pour les Mondiaux du mois d'août, devant sa famille et ses amis, elle ne manque pas d'ambition. «J'aimerais gagner une médaille d'or. J'aimerais gagner une médaille dans plus d'une épreuve aussi et battre des records personnels», dit-elle.

Aurélie nage maintenant plus vite que sa soeur Charlotte. Des histoires comme la sienne, entre le 12 et le 18 août, il y en aura 500, pour autant de nageurs, au parc Jean-Drapeau.