Les Kiwis ont sans surprise empoché mardi un autre point dans la deuxième course des éliminatoires des challengers de la Coupe de l'America, lors d'une régate virtuelle contre les Suédois d'Artemis dont le nouveau bateau n'a toujours pas été mis à l'eau.

Et pendant que les Kiwis bouclaient en solo le parcours de 16 milles mouillé en baie de San Francisco, condition indispensable pour marquer ce point, les cinq jurés de la Fédération internationale de voile (ISAF) délibéraient pour tenter de sortir de l'embarrassant pataquès du «ruddergate», qui empoisonne les débuts de la 34e «Cup».

Les jurés ont entendu les différents protagonistes et une décision était attendue mardi soir ou mercredi.

Le litige porte sur des appendices fixés sur les safrans en T majuscule inversé des AC72, les plans porteurs («rudder elevators», en anglais). Ils permettent à ces catamarans hyper puissants de 22 m de long, menés par des équipages de 11 personnes, de déjauger à partir d'une certaine vitesse et de «voler» au-dessus de l'eau.

Pour empêcher les multicoques de sancir (chavirer par l'avant) et éviter un nouveau drame comme celui du 9 mai, quand Artemis a perdu un équipier lors du chavirage de son premier bateau, le directeur des courses Iain Murray veut imposer des plans porteurs de plus grande taille.

Les Italiens et les Néo-Zélandais refusent, affirmant que les leurs sont parfaitement sûrs. En plus, ajoutent-ils, on ne change pas le règlement à quelques jours des premières régates.

Pas sur la même longueur d'onde

Dimanche, les Kiwis avaient déjà remporté un premier point lors d'une vraie-fausse régate, leurs adversaires italiens ayant choisi de rester à terre dans l'attente d'une décision du jury. Luna Rossa estime que participer à cette première course sans attendre la décision du jury aurait en quelque sorte validé la position de Murray.

Pour compliquer encore un peu plus la situation, les trois challengers ne sont pas sur la même longueur d'onde.

Si les Italiens et les Néo-Zélandais sont globalement d'accord (les Kiwis ne voulant cependant pas boycotter de course), les Suédois tiennent un tout autre discours.

Entièrement consacrés à terminer leur deuxième AC72, dont la mise à l'eau n'aura sans doute pas lieu avant la fin juillet, les responsables d'Artemis sont très remontés contre les deux autres challengers.

L'Américain Paul Cayard, directeur exécutif d'Artemis, soutient Murray et affirme que son homologue néo-zélandais Grant Dalton avait donné son accord aux 37 nouvelles mesures de sécurité lors d'une réunion le 22 mai. Selon Cayard (et Murray), Dalton aurait même déclaré que son équipe «ne ferait pas de difficultés» à ce sujet.

Cayard ajoute que leur nouveau catamaran a intégré ces nouvelles mesures (dont les nouveaux plans porteurs) et que si le jury donne raison aux Italiens et aux Néo-Zélandais, la participation (tardive) d'Artemis est sérieusement compromise car il leur faudra tout recommencer.