Les régates de la 34e Coupe de l'America ont débuté hier dans la baie de San Francisco avec une victoire en solitaire du catamaran néo-zélandais d'Emirates Team New Zealand.

Seuls sur l'eau en raison du boycottage des Italiens de Luna Rossa, les Néo-Zélandais ont néanmoins mené la course à un rythme très soutenu, franchissant la barre des 42 noeuds, alors que leur catamaran décollait sur ses foils.

Les Néo-Zélandais ont ainsi remporté le premier point de la Coupe Louis-Vuitton, qui oppose les prétendants au titre détenu par les Américains d'Oracle Team USA. Ces régates se poursuivront jusqu'à la fin du mois d'août et le vainqueur passera en finale de la Coupe de l'America, contre les Américains.

«Nous sommes heureux d'avoir enfin commencé la compétition, a souligné le skipper néo-zélandais Dean Baker. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur le parcours, sur les courants, et cette première régate s'est bien déroulée. Même seuls sur l'eau, nous devons travailler avec beaucoup d'attention et de coordination.

«Ce sera évidemment plus excitant quand nous aurons un autre concurrent avec nous, mais nous avons néanmoins appris des choses aujourd'hui. Et ce point est quand même important, car nous voulons être certains d'aller directement en finale de la Coupe Louis-Vuitton.»

Baker a souri quand on lui a parlé de la vitesse d'Emirates Team New Zealand, la plus rapide enregistrée officiellement à San Francisco jusqu'ici. «Ces voiliers sont capables de vitesses très élevées, a-t-il rappelé. Nous sommes capables d'aller encore plus vite, nous l'avons fait à l'entraînement», a-t-il assuré, sans dévoiler la vitesse.

Le parcours d'environ 16 milles, tracé dans la baie entre le pont Golden Gate, l'île d'Alcatraz et l'America's Cup Park du quai 29, dans le port de San Francisco, a donc permis à Emirates Team New Zealand de montrer à la fois son potentiel et celui de la compétition. Le spectacle du grand catamaran glissant à la surface de l'eau à haute vitesse est parfaitement saisissant, et tous les observateurs ont déjà hâte d'assister à de vraies régates.

C'est toutefois un long processus qui a débuté dimanche, un processus qui pourrait également se jouer hors de l'eau. L'absence des Italiens trouvait d'ailleurs son origine dans un protêt qu'ils ont logé la semaine dernière au sujet des modifications apportées aux règles de la compétition, après l'accident qui a coûté la vie au marin britannique Andrew Simpson, du défi suédois Artemis Racing.

Le jury international, qui doit entendre ce protêt et un autre déposé par les Néo-Zélandais, ne se réunira que ce matin, et les Italiens ont préféré attendre ses décisions avant d'entreprendre la compétition. «Ce n'est pas de gaieté de coeur que nous avons pris cette décision, a assuré le directeur de Luna Rossa, Max Sirena. Nous aurions préféré être sur l'eau aujourd'hui et affronter les Néo-Zélandais. Mais il s'agit d'un point de principe pour nous. Nous sommes d'accord pour améliorer la sécurité, mais pas pour changer unilatéralement les règles.»

Sirena a assuré que les Italiens souhaitaient reprendre la compétition. «Le jury se réunira demain [aujourd'hui] et nous avons bon espoir qu'il rendra une décision positive, a-t-il déclaré en point de presse. Quand nous connaîtrons cette décision, nous ajusterons nos plans, mais notre intention est d'être sur l'eau jeudi prochain pour notre prochaine régate.»

Une autre course à un seul navire?

Curieusement, les Italiens pourraient alors vivre à leur tour la curieuse expérience d'avoir à courir seuls. Luna Rossa doit en effet disputer sa prochaine régate contre les Suédois d'Artemis Racing, mais le catamaran de ces derniers n'a pas encore été mis à l'eau et ne le sera pas avant plusieurs jours. Les Néo-Zélandais vont d'ailleurs encore courir en solitaire, demain, puisqu'ils doivent affronter les Suédois.

Baker, dont l'assurance est impressionnante, a jugé que ce serait une autre occasion de progresser. «À ce stade de la compétition, tout le monde est encore en mode apprentissage, a-t-il expliqué. Nous avons hâte de nous mesurer à un autre concurrent - cela fait plus d'un an que nous attendons cela -, mais nous pouvons patienter encore quelques jours et en profiter pour nous améliorer.»

Le skipper néo-zélandais a ajouté que son équipe serait sur l'eau quelle que soit la décision du jury sur le protêt qu'elle a déposé. «Nous avons aussi déposé notre protêt pour une question de principe, mais nous avons entièrement confiance en l'intégrité du jury international et nous nous plierons à sa décision.»