Avec dans ses tiroirs 16 médailles paralympiques, dont 8 d'or, Benoît Huot n'a pas grand-chose à aller prouver à Londres.

Il aborde d'ailleurs ses quatrièmes Jeux avec humilité. Inscrit dans quatre épreuves - 100 et 200 m libres, 100 m dos et 200 m quatre nages, sa spécialité -, il se lance le seul défi de battre ses records personnels. «Tant mieux si les médailles suivent», laisse-t-il tomber.

Les Jeux de 2012 pourraient être ses derniers, et c'est pourquoi il compte en savourer chaque instant, tant dans sa préparation que dans son expérience en compétition. À 28 ans, il sait que les meilleures années de sa carrière sont derrière lui.

Deux fois champion paralympique au 50 m libre (2000 et 2004), il a mis une croix sur cette distance où, de son propre aveu, il peinerait aujourd'hui à réaliser un top cinq.

Plus mûr, plus expérimenté, il a appris à choisir ses combats. L'un de ses premiers chevaux de bataille: devenir un ambassadeur du mouvement paralympique, alors qu'il en est plus que jamais partie prenante.

«Il faut continuer de conscientiser la population au fait que les sports paralympiques, c'est de la haute performance, absolument pas de la participation, explique Benoît Huot. Pour y arriver, il faut utiliser les athlètes comme modèles. Nous avons la mission de partager notre passion, de passer le message.»

L'exemple des femmes

À ceux qui prétendent le contraire, le nageur répond qu'il y a 100 ans, personne n'aurait cru qu'un jour les femmes profiteraient de la même tribune et du même soutien que les hommes pour pratiquer un sport élite, olympique ou non.

«On doit rêver de la même chose, martèle-t-il. Je vais me battre toute ma vie pour ça.»

Pour ce faire, Huot affirme s'inspirer de Chantal Petitclerc, «une grande athlète et une personnalité influente, dit-il, qui a amené le mouvement dans la bonne direction». «Nous sommes encore plus chanceux que les autres Canadiens de l'avoir eue comme modèle», ajoute-t-il.

Pour illustrer à quel point le niveau de son sport s'est élevé au fil des années, Benoît Huot cite en exemple l'évolution des meilleurs temps en 100 m libre dans sa catégorie.

«À Sydney, pour se rendre en finale, il fallait nager en 58 secondes; à Athènes, c'était 56 et à Pékin, 54. Ça s'approche pas mal d'une finale olympique à 49 secondes», énumère-t-il.

De fait, les records mondiaux, avant les Jeux paralympiques et olympiques de Londres se situaient respectivement à 50:87 et à 46:91. Un écart d'un peu moins de 4 secondes.

«Cela confirme que le mouvement avance, qu'il devient de plus en plus compétitif», conclut-il.

Recrutement

Pour se maintenir au niveau de l'élite mondiale, le Canada devra toutefois accentuer son recrutement, estime Benoît Huot.

Jadis une puissance mondiale, le pays a perdu des plumes au cours des dernières années, si bien qu'on aspire aujourd'hui à une 10e place à la piscine londonnienne.

«Ça commence à ressembler un peu à la position du Canada par rapport aux autres équipes olympiques, analyse le nageur. Le personnel est là pour le développement des athlètes, mais c'est sur le plan du recrutement qu'il faudra investir de l'énergie. Il y a eu de belles choses de faites au cours des 10 dernières années, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

«Le frein ne se situe pas au niveau des infrastructures, précise-t-il. Il faut mieux structurer la manière de cibler le talent dans les écoles, les centres de réadaptation, etc. Les États-Unis l'ont compris et ont investi dans ce sens. Il faut suivre la tendance.»

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Ça commence aujourd'hui!



Les Jeux paralympiques débutent aujourd'hui avec la cérémonie d'ouverture, alors que les compétitions s'amorceront demain et ce, jusqu'au dimanche 9 septembre. La délégation canadienne est composée de 145 athlètes concourant dans 15 sports.