Gérald Tremblay n'en manque pas une. Après discussion avec Pierre Lafontaine, le maire de Montréal a décrété que l'objectif de l'équipe canadienne de natation ne sera pas trois podiums aux Jeux olympiques de Londres, mais bel et bien cinq.

«Ça va dépendre de vous!» a lancé le maire Tremblay, le sourire espiègle, en se tournant vers les 31 nageurs de l'équipe, hier matin, lors d'une présentation officielle dans les bureaux du commanditaire RBC à la Place Ville-Marie, à Montréal.

Boutade ou injonction, le souhait du maire ne se réalisera que si Brent Hayden peut contribuer. À Londres, le grand crawleur de 28 ans sera le seul membre de l'équipe qui participera à ses troisièmes JO.

Avec la retraite de vétérans comme Rick Say, Adam Sioui et Brian Johns, et la non-sélection du brasseur Mike Brown, Hayden devient l'un des leaders du groupe. Un rôle qu'il est prêt à prendre, même s'il n'a pas la personnalité d'anciens champions comme Mark Tewksbury ou Victor Davis.

«Disons que je ne me vois pas comme un capitaine, plutôt comme un assistant», a précisé Hayden lorsque questionné sur son statut au sein de l'équipe. «Je n'aime pas être le centre d'attention. Je préfère agir comme un leader sur les lignes de touche.»

Il n'a donc pas préparé de grands discours de motivation, mais prêtera une oreille attentive aux besoins et interrogations de ses jeunes coéquipiers. «Il a pris tellement de maturité depuis six ans, souligne Lafontaine, entraîneur national. Il est beaucoup plus engagé envers l'équipe. De façon égoïste, il veut s'entourer de gens qui ont autant d'ambition que lui.»

«Je me suis laissé prendre»

Inconnu à Athènes en 2004, Hayden s'est présenté aux derniers JO de Pékin auréolé de son statut de champion du monde du 100 m libre. De son propre aveu, il croyait que la partie était gagnée d'avance. Il s'est finalement royalement planté, éliminé sans gloire en demi-finale. L'expérience lui a ouvert les yeux.

«Je m'attendais à ce que les choses arrivent, rappelle-t-il. Il y avait tellement d'attention médiatique autour de moi, tout le monde disait que j'allais gagner une médaille, et je me suis laissé prendre. Je pensais me présenter là et gagner une médaille. Ce n'est pas arrivé comme ça.»

La leçon a porté... mais pas totalement. Au lendemain de sa médaille d'argent au 100 m libre aux Mondiaux de Shanghai, l'été dernier, Hayden a raté la demi-finale au 50 m.

«Ça l'a mis aux aguets, croit Lafontaine. Le temps qu'il a fait aux sélections, dimanche, lui aurait permis d'atteindre les demi-finales aux Mondiaux.»

Le 100 m libre, l'épreuve-reine de la natation, reste la priorité. Depuis 2005, Hayden a été l'un des spécialistes les plus réguliers lors des grands rendez-vous internationaux.

À Montréal, Hayden a réalisé deux courses dont il se dit satisfait, même si son langage corporel indiquait le contraire: 48,6 secondes sans forcer en préliminaires, avant de s'imposer facilement en 48,5 s en finale.

Il souligne qu'il n'a jamais réussi de tels temps à ce stade-ci de la saison et sans les fameuses combinaisons en polyuréthane.

«Je suis en très bonne position, fait valoir Hayden. Bien sûr, je n'ai pas enregistré de temps qui font écarquiller les yeux des autres gars sur la planète. Mais en revenant à ma chambre, j'ai réalisé que je n'avais jamais obtenu de si bons temps à deux reprises dans la même journée.»

Contrairement à ses rivaux australiens ou français, le niveau d'opposition au Canada ne l'obligeait pas à une préparation complète pour la sélection olympique. Ainsi, Hayden n'a stoppé son entraînement à grand volume qu'une semaine avant le début de la compétition.

Techniquement, il ne s'est jamais senti aussi confortable. Il en attribue une bonne partie du mérite au travail qu'il a effectué avec un réputé biomécanicien estonien, Rein Haljand, lors d'un voyage financé par le groupe B2Dix à la fin de 2011. «Le travail difficile est derrière lui maintenant, fait valoir Tom Johnson, son entraîneur à Vancouver. Maintenant, il faut le maintenir en phase avec sa vitesse.»

Sa participation aux trois étapes du circuit Mare Nostrum, en Espagne et en France, au début juin, représentera un excellent test. Au milieu d'un plateau nettement plus relevé, le Canadien vise trois courses autour des 48,5 secondes.

Avant le grand rendez-vous londonien, Hayden prévoit graduellement faire passer son poids de 190 à 183 livres. Après quoi il sera prêt à monter sur le bloc. Et qui sait, répondre aux ambitions du maire de Montréal.

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LE TOP 10 MONDIAL DU 100 M LIBRE EN 2012

1. James Magnussen (AUS) 47,10

2. James Roberts (AUS) 47,63

3. Yannick Agnel (FRA) 48,02

4. Matthew Target (AUS) 48,32

5. Fabien Gilot (FRA) 48,38

6. Amaury Leveaux (FRA) 48,48

7. Michael Phelps (É-U) 48,49

8. Eamon Sullivan (AUS) 48,53

8. Brent Hayden (CAN) 48,53

10. Cameron McEvoy (AUS) 48,58

Source : swimnews.com