Barbara Jardin est apparue devant le bloc de départ apparemment aussi détendue qu'il y a deux jours. Mais quelque chose avait changé. Plutôt que son habituelle mimique de lunettes, elle a choisi de montrer à la foule deux bonshommes sourires dessinés sur la paume de ses mains.

Quarante-huit heures après avoir raté sa qualification pour le 400 mètres libre, Jardin a renversé la vapeur, remportant le 200 m de brillante façon face au même groupe d'adversaires, jeudi soir, à la piscine olympique de Montréal. La Montréalaise de 20 ans a ainsi assuré sa sélection pour les Jeux olympiques de Londres.

«Ça a été assez difficile de tirer du positif du 400 mètres, mais j'étais partie assez vite. En revanche, le retour a été un peu dur, je ne mentirai pas. Donc mon but aujourd'hui était seulement d'avoir du plaisir. Je nage parce que j'adore ça et que j'ai du plaisir à le faire», a raconté Jardin, tout sourire après cette première qualification olympique.

Quatrième au premier virage, Jardin a pris la tête dans la deuxième longueur pour ne plus jamais la perdre. Elle a touché au mur en 1:57,34, à 37 centièmes du record canadien de son ancienne coéquipière Geneviève Saumur, qui a eu l'idée des bonshommes sourire avec leur amie Victoria Poon. Cette fois, Jardin a gardé la mimique de lunettes pour la fin de la course.

«Ç'aurait été bien de se qualifier au 400, mais en même temps je ne travaille dessus que depuis cinq mois, a-t-elle souligné. J'avais toujours le 200 derrière la tête. Je ne suis donc pas fâchée ni rien.»

Le plus déçu est peut-être son coéquipier Benoît Huot. Auteur de son meilleur 400 mètres à vie par plus de deux secondes (4:08,93), le nageur paralympique perd une partenaire d'entraînement de luxe en vue de Londres.

Issue d'une famille de nageurs, Jardin, 13e aux Mondiaux de Shanghai, suit les traces de sa tante Anne, double médaillée de bronze en relais dans la même piscine lors des Jeux olympiques de 1976. Sans être proche de sa tante, Barbara dit qu'elle est «toujours une inspiration».

Jardin ne sera pas la seule Québécoise au 200 mètres à Londres. Samantha Cheverton, de Pointe-Claire, sera aussi de la partie. Après avoir elle aussi raté son coup au 400 m (cinquième), l'athlète de 23 ans a rebondi en prenant la deuxième place au 200 m. Son chrono de 1:57.98, une marque personnelle, lui assure une participation dans l'épreuve individuelle à Londres.

Cheverton, qui a gradué en psychologie de l'Université Ohio State, a elle aussi choisi d'aborder cette finale de la dernière chance avec un peu plus de légèreté. «Si ça arrive, ça arrive, si ça n'arrive pas, ça n'arrive pas», a résumé l'athlète de 5,3 et 115 livres, toute menue par rapport à ses adversaires. «C'était ma dernière chance. Je voulais seulement y aller et voir ce qui arrive. Ça m'a enlevé un peu de pression. J'ai eu du plaisir et ça a bien fonctionné.»

Brittany MacLean (1:58,09) et Amanda Reason (1:58,72), respectivement troisième et quatrième, compléteront un relais qui s'annonce prometteur à Londres. L'entraîneur national Pierre Lafontaine a souligné que le temps combiné du quatuor canadien le plaçait devant celui de la Grande-Bretagne, mais derrière l'Australie et sans doute les États-Unis, qui tiendront leurs essais dans deux mois.

«On doit composer avec les Chinoises, les Australiennes et les Américaines, a rappelé Lafontaine. Je pense que si on se bat pour la quatrième place, alors on peut se battre pour la troisième place.»

Brown dévasté

Il n'a évidemment pas le statut d'Ian Thorpe et n'avait pas quitté les bassins depuis aussi longtemps. Mais le brasseur Mike Brown a lui aussi échoué dans sa tentative de se qualifier pour les Jeux olympiques de Londres.

Lointain quatrième du 200 m brasse, remporté par son ami Scott Dickens jeudi soir, Brown ne parvenait pas à s'expliquer cette déconvenue. Dévasté, incapable de réprimer des sanglots, l'Ontarien de 27 ans a dû s'accorder une pause de quelques minutes avant de revenir s'asseoir devant les journalistes. «Je ne sais pas quoi dire sinon qu'en dix ans dans l'équipe nationale, je n'ai jamais été aussi confus», a-t-il soupiré.

Cette non-sélection est beaucoup plus difficile à avaler que sa quatrième place aux Jeux olympiques de Pékin, à neuf centièmes du bronze. Brown s'était retiré 18 mois avant de replonger pour Londres, inspiré par l'atmosphère durant au pays les JO de Vancouver.

Tout allait bien jusqu'à Noël, alors qu'il a commencé à perdre de la puissance dans l'eau. «Quand même, de finir à six secondes de mon record canadien, c'est inexcusable pour moi, inexplicable...»