Ils ont emprunté des chemins différents, mais Charles Francis et Stéphanie Horner atteindront la même destination l'été prochain: Londres.



En moins de 15 minutes, Francis et Horner ont ajouté leur nom à l'équipe olympique canadienne de natation, remportant leur épreuve respective lors de la deuxième journée des sélections, mercredi soir, à Montréal.

Pour Francis, gagnant du 100 mètres dos, la victoire a été une façon d'effacer le mauvais souvenir de 2008, alors qu'il avait raté de justesse sa qualification pour les Jeux de Pékin. Meneur jusqu'à dans la dernière longueur du 200 m dos, il avait finalement échoué au troisième rang.

«C'était un peu un combat à finir avec cette sélection de 2008, où j'étais passé très près», a reconnu Francis. «Dans le fond, je pense que c'était le dernier coup d'épée. Je l'ai achevée.»

Mercredi soir, personne n'allait revenir sur lui... même si la dernière traction a été beaucoup plus longue que prévu, ce qui a donné chaud à la centaine de partisans venus de sa ville natale de Cowansville pour l'encourager.

Nerveux et un peu tendu, Francis a réalisé un temps de 54,84 secondes, soit sept centièmes plus lent qu'en préliminaires, où il s'était installé en tête. En finale, il visait son meilleur temps (54,19), établi lors du relais aux Mondiaux de Shanghai, l'été dernier. Matthew Swantson (55,56) et Matt Hawes (55,62) ont fini respectivement deuxième et troisième.

«À vrai dire, je n'ai vraiment aucune idée de ce qui s'est passé, a raconté Francis. Je n'ai rien vu, rien entendu. J'ai juste eu ma gang derrière moi quand je suis parti, et ma gang qui me criait après quand je suis arrivé au mur.»

Le nageur de 23 ans se souvenait néanmoins «que ça a fait très mal à la fin». «La vraie course intelligente, c'était ce matin, a souligné le représentant du club PPO. Ce soir, je suis plus allé avec mon guts. Y en restait plus beaucoup à la fin...»

Pour un athlète qui admettait candidement ne pas être le plus discipliné il y a deux ans, Francis a fait du chemin. L'an dernier, il a fait une croix sur le 200 m dos pour se concentrer sur la plus courte distance. Il a consacré plus de temps à l'entraînement en salle, où il affichait une intensité remarquable jour après jour. Il fallait parfois tirer sur la bride pour favoriser sa récupération, selon son préparateur physique Alain Delorme.

Francis vise maintenant de s'affranchir de la «barrière mentale des 54 secondes», et, pourquoi pas, titiller le record canadien de 53,63, réalisé par Pascal Wollach dans un maillot en polyuréthane.

Le meilleur temps à vie de Horner

Le parcours de Stéphanie Horner, gagnante du 400 m quatre nages, a été plus tortueux. À tel point que sa mère lui a dit qu'elle «tomberait en bas de sa chaise» si elle se qualifiait pour Londres... «Là, je veux aller voir si elle vraiment tombée», a rigolé la nageuse de Beaconsfield après s'être imposée en 4:42.25, son meilleur temps à vie.

Ancienne coéquipière de Francis à la piscine olympique, Horner a participé aux Jeux de Pékin, où elle avait surpris avec une 11e place au 400 m libre.

Après cette première expérience olympique, elle a mis le cap sur l'Université Auburn, avec le désir vivre l'expérience de la NCAA. Sur le plan sportif, ses deux années en Alabama furent un échec sur toute la ligne.

Depuis septembre, Horner s'entraîne à Victoria sous la gouverne de l'entraîneur Randy Bennett, au sein d'un des meilleurs groupes au pays. Sa progression a été lente mais constante. «Elle avait beaucoup de travail à faire», a souligné Bennett, qui avait travaillé avec elle à Pékin. «Son niveau de forme n'était pas là où je le voulais. Mais elle s'est bien intégrée au groupe et elle a surmonté tout un défi. Je lui lève mon chapeau.»

Pour se qualifier, Horner a dû battre sa coéquipière et bonne amie Alexa Komarnycky, olympienne en 2008. Moins d'une seconde séparait les deux nageuses après 300 mètres. La Québécoise a fait la différence au style libre, devançant Komarnycky par 44 centièmes. Cette dernière voyait s'envoyer sa meilleure chance de se qualifier pour Londres. «Je te déteste, mais je suis fière de toi», a-t-elle glissé à l'oreille d'Horner.

Le 100 m dos féminin a été la course la plus relevée de la soirée, Julia Wilkinson (59,85) et Sinead Russell (1:00,45) atteignant toutes les deux le standard pour Londres. Au 200 m papillon masculin, David Sharpe (1:58,81), de Halifax, a surpris tout le monde depuis le couloir huit, ajoutant son nom à l'équipe olympique.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Charles Francis