Ça n'a pas été aussi rapide qu'elle l'aurait souhaité, mais l'important était la position. Sans surprise, Katerine Savard a remporté le 100 mètres papillon des sélections canadiennes, mardi soir, à la piscine du Parc olympique de Montréal.

La nageuse de Pont-Rouge a ainsi obtenu sa place dans l'équipe canadienne pour les Jeux olympiques de Londres, ce qu'elle a confirmé en posant sa griffe sur une photo géante d'un traditionnel autobus rouge à impériale londonien, que les organisateurs ont installé derrière les blocs de départ.

«Un peu déstabilisée» par son temps de 58,45 secondes, l'un de ses plus lents de la saison, Savard ne boudait pas son plaisir à l'idée de participer à ses premiers Jeux olympiques. «Je suis vraiment excitée et j'ai très hâte de vivre l'expérience», a déclaré la jeune femme de 18 ans.

La course n'a pas été vraiment serrée, mais Savard a néanmoins eu à négocier avec le retour de MacKenzie Downing (58,86), qui a manqué la sélection par 16 centièmes. Caroline Kuczynski, de Pointe-Claire, a complété le podium en 59,66.

«Je suis un peu déçue», a concédé Savard au sujet de son chrono, à 65 centièmes de son record canadien. «Mais on va le prendre comme ça. Ça va me faire travailler encore plus fort pour les Jeux cet été.»

Victime d'une foulure à la cheville droite il y a moins de deux semaines, Savard a dû nager cinq jours le pied immobilisé dans une attelle. Sa préparation en a été perturbée, tant sur les plans physique que mental. « J'étais un peu plus stressée, je réfléchissais pas mal à ça. J'avais un peu peur, mais ça a mieux été que je pensais. »

Son entraîneur Marc-André Pelletier, du club CSQ, a jugé la technique de son athlète «moins fluide, un peu plus tendue», surtout sur le premier 25 mètres. Savard a beau avoir nagé en demi-finale des derniers Mondiaux de Shanghai, où elle a fini neuvième, les enjeux n'ont jamais été aussi grands que pour ces sélections olympiques, où elle avait «un peu tout à perdre».

«D'habitude, quand je suis stressée, je dors un peu moins bien, a-t-elle dit. Mais là, c'était un peu bizarre. J'avais plus hâte de nager, que ce soit terminé, d'avoir ma place sur l'équipe. Mais ce soir, je ne sais pas si je vais dormir!»

Le coach Pelletier, lui, a dit qu'il pourra «enfin commencer à dormir»...

Audrey Lacroix, l'autre papillonneuse de Pont-Rouge, a dû se contenter de la finale B, où elle a pris le cinquième rang en 1:01,64. Rien de catastrophique, mais sans doute pas là façon dont elle souhaitait mettre la table pour son 200 m de vendredi.

Barbara Jardin, l'autre Québécoise attendue dans l'équipe olympique mardi, est passée à la trappe au 400 mètres libre, où elle a fini quatrième. Brittany MacLean, une Ontarienne de 18 ans, a réalisé la course de la soirée, franchissant les huit longueurs en 4:06.08. Ce temps lui vaut le huitième rang mondial et lui permet d'effacer par plus d'une seconde la marque nationale d'une autre Brittany, Reimer celle-là, qui datait des Mondiaux de Montréal en 2005. En 4:07.02, Savannah King, 19 ans, est aussi passée sous l'ancien record, se qualifiant ainsi pour ses deuxièmes JO.

Dans le coup jusqu'aux 300 m, Jardin a dû se contenter d'un temps final de 4:09,80. La Montréalaise de 20 ans a admis avoir été «un peu déconcentrée» par le rythme de MacLean, sa voisine de couloir. «Je n'ai pas vraiment fait ma propre course», a souligné Jardin, 13e aux Mondiaux. «J'ai voulu prendre la tête aux 200 mètres, mais ce n'est pas vraiment arrivé. C'était une situation où je jouais le tout pour le tout. Après, il y avait trop de choses qui me passaient par la tête...» Elle est confiante de se reprendre au 200 m et au 200 m dos.

Le vétéran Scott Dickens (100 m brasse), Blake Worsley (200 m libre) et le jeune Alec Page (400 m QNI), qui a démoli le favori Andrew Ford par près de six secondes sur le dernier 100 m, sont les trois autres qualifiés pour Londres.

«On a des jeunes, qui seront encore là en 2016 et qui ont donné le ton, et un gars comme Dickens, qui amène de la maturité à l'équipe. On a eu le meilleur des deux mondes aujourd'hui», a résumé, dans un rare moment de concision, l'entraîneur national Pierre Lafontaine.