Audrey Lacroix a pris une méchante claque aux Mondiaux de Shanghai l'été dernier: 12e et exclue de la finale, une première pour elle depuis plusieurs années. Cette mauvaise course a entraîné un examen de conscience.

«Ça m'a permis de vivre des choses et de régler des problèmes. J'avais besoin de remettre les pendules à l'heure», disait Lacroix, hier, à la veille d'entreprendre ses quatrièmes et derniers essais olympiques.

La nageuse de 28 ans s'alignera aujourd'hui au 100 mètres papillon, où tous les yeux seront tournés vers Katerine Savard, sa jeune concitoyenne de Pont-Rouge. Lacroix n'en prend pas ombrage. Le 100 m n'est pas sa spécialité. Le standard qui lui garantirait une sélection (58,70), elle ne l'a pas réalisé depuis l'été 2009, à l'époque des maillots en polyuréthane. «C'est possible, mais en même temps je suis réaliste par rapport au temps que j'ai mis sur cette épreuve-là», a-t-elle jugé.

Lacroix pense surtout au 200 m papillon de vendredi, sa spécialité qui l'a menée jusqu'au cinquième rang aux Mondiaux de 2007, un sommet qu'elle n'a jamais retrouvé.

L'été suivant, aux sélections pour les Jeux de Pékin, elle s'est mis une tonne de pression sur les épaules. Elle s'est qualifiée pour ses premiers JO, sans éclat et sans plaisir. «J'avais juste hâte que ce soit passé, d'avoir mon billet pour Pékin, dit celle qui s'est classée 13e dans la capitale chinoise. Tandis que là, j'ai travaillé fort pour améliorer plein de choses et j'ai hâte de montrer ce dont je suis capable.»

Plein de bouleversements

Les deux dernières années ont été pleines de bouleversements. Au début de l'été 2010, Lacroix a quitté Claude St-Jean, son entraîneur de longue date au club CAMO, pour se joindre au centre national d'entraînement de la piscine olympique. Elle a retrouvé un milieu plus axé sur la performance de pointe et un groupe d'athlètes partageant ses objectifs.

«Ne serait-ce que sur le plan de la confiance, j'avais besoin de savoir que j'étais entourée des meilleurs spécialistes dans leur domaine. Il y en a pour qui ça peut très bien marcher dans un club groupes d'âge, mais à ce stade de ma carrière, j'avais besoin de ça.»

Ce ne fut pas la panacée instantanée. Les compétitions se sont enchaînées et Lacroix a mis du temps à s'adapter aux changements techniques que lui proposait son nouvel entraîneur, Benoit Lebrun.

Et il y avait autre chose. Des problèmes d'anxiété qui l'empêchaient de livrer la performance attendue au moment opportun. Lacroix a touché le fond en juin, lors de la visite de Michael Phelps à la Coupe du Québec. Épuisée parce que incapable de s'alimenter adéquatement, prise de nausées, elle a quitté la compétition prématurément.

Lacroix a néanmoins participé aux Mondiaux de Shanghai, où les mêmes problèmes ont ressurgi. «Ça a été difficile, mais bénéfique en fin de compte, analyse-t-elle. Ça m'a permis de réaliser certaines choses, d'en corriger d'autres. J'ai travaillé avec une psychologue à l'automne. Tout ça m'a aidée à être meilleure. J'avais peut-être besoin d'une mauvaise performance pour me dire: O.K., il faut s'arrêter.»

Plus en contrôle

La dernière saison en a donc été une de «reconstruction», tant sur les plans personnel que technique. Dans la piscine, Lacroix s'est employée à réduire l'amplitude de son battement de jambes, à améliorer ses virages et à conserver sa maîtrise technique sur la dernière longueur. «C'est un travail de longue haleine, mais je commence à voir plus les résultats, souligne-t-elle. Ça commence à être plus naturel. Je me sens beaucoup plus reposée, plus en contrôle. Plus forte aussi. J'ai vraiment travaillé fort en musculation à l'automne.»

Servie par sa grande expérience, Lacroix est très confiante de pouvoir d'atteindre sans grande difficulté le standard olympique sur 200 m papillon. Son nouveau statut de «négligée» ne lui déplaît pas, même si elle garde un oeil sur les plus récents classements mondiaux, où elle s'imagine très bien refaire surface l'été prochain à Londres.

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HUIT ÉPREUVES À SURVEILLER

400 m libre féminin (aujourd'hui)

13e aux Mondiaux de Shanghai, la Montréalaise Barbara Jardin, 20 ans, tentera de se qualifier pour sa première équipe olympique. Samantha Cheverton, de Pointe-Claire, est aussi une prétendante.

100 m papillon féminin (aujourd'hui)

Katerine Savard, 18 ans, battra-t-elle son record canadien de 57,80?

100 m dos masculin (demain)

Charles Francis, de Cowansville, est classé numéro un au Canada.

100 m libre masculin (vendredi)

Le vice-champion du monde Brent Hayden, préqualifié, est fin seul, mais il sera intéressant de voir où il se situe par rapport au reste du monde, surtout face à James Magnussen, auteur d'un temps de 47,10 secondes aux sélections australiennes la semaine dernière.



Photo: Bernard Brault, La Presse

Charles Francis

100 m libre féminin (samedi)

Beau duel à prévoir entre la Montréalaise Victoria Poon, Julia Wilkinson, Brittany McLean et la jeune Chantal van Landeghem. Pourquoi pas une place à Sandrine Mainville au relais?

200 m brasse féminin (samedi)

Martha McCabe, médaillée de bronze aux Mondiaux, ou Annamay Pierse, détentrice du record mondial dans l'ancien maillot en polyuréthane?

1500 m libre masculin (dimanche)

Ryan Cochrane, seul médaillé canadien aux JO de Pékin, sera seul contre le chronomètre. Un athlète et un battant exceptionnel.

200 dos féminin (dimanche)

Ce sera serré. Geneviève Cantin et Barbara Jardin devraient être dans la lutte pour une place olympique.

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Les finales sont présentées à partir de 19h, d'aujourd'hui à dimanche, à la piscine olympique. Elles seront télédiffusées en direct sur Sportsnet. Billets à 20$.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Victoria Poon