La Québécoise Pamela Ware a signé une surprenante quatrième place au tremplin de 3 m de la Coupe du monde de Londres, vendredi.

Seule recrue dans l'équipe canadienne à la Coupe du monde de Londres, Pamela Ware se faisait discrète depuis le début de la semaine. La plongeuse de 19 ans attendait son moment.

Ware s'est invitée dans la course olympique en décrochant une quatrième place-surprise en finale du tremplin de 3 mètres, vendredi soir, au Centre aquatique olympique. Son score de 341,30 points, une marque personnelle, lui permet de devenir la deuxième plongeuse canadienne à atteindre un standard de qualification après Jennifer Abel, qui détient une large avance.

Émilie Heymans, l'autre candidate pressentie, a connu des ennuis sur son troisième plongeon, ce qui l'a reléguée au 10e rang.

Ware ne cache pas que l'une des deux places pour les JO est dans sa mire. « Je pense que j'ai de bonnes chances si je continue à plonger comme ça », a affirmé l'athlète d'Otterburn Park, néanmoins renversée par ce classement et ce haut pointage, qui surpasse largement ce qu'elle avait réalisé jusque-là. « Il y a un début à tout ! »

Déjà troisième de la demi-finale matinale, Ware ne s'est pas laissée emporter. Son entraîneur Aaron Dziver l'a prise à part pour lui rappeler qu'elle pouvait encore mieux plonger et raffiner ses entrées à l'eau.

La commande a été exécutée à la perfection. Très énergique sur ses sauts d'appel, la jeune femme a affiché la constance recherchée avant de conclure avec le meilleur plongeon de la dernière ronde, un double saut périlleux et demi avant avec une vrille.

Quand elle a retrouvé son entraîneur, celui-ci avait des frissons plein les bras et « le plus beau sourire au monde ». Dziver cherchait ses mots quelques minutes plus tard en entrevue. « C'est sa première Coupe du monde, un premier championnat où toutes les meilleures sont là, et elle fait 15 plongeons dont on peut être satisfaits », a-t-il souligné. « C'est fantastique. Chapeau à Pamela. »

Wu Minxia (368,95) et He Zi (365,40) ont poursuivi la domination totale de la Chine à Londres en enlevant respectivement l'or et l'argent, soit le même classement qu'aux derniers Championnats du monde. Le podium a été complété par l'Italienne Tania Cagnotto (345.75), médaillée de bronze aux Mondiaux de 2005 à 2009.

Ware n'avait qu'un seul regret : le saut d'appel de son plongeon renversé. « J'aurais aimé le réussir un peu mieux. Mais je ne suis pas parfaite... »

Du caractère

La présence de Ware à Londres est presque un accident. Elle s'est qualifiée en prenant le deuxième rang derrière Heymans aux championnats canadiens de Victoria, en décembre. Abel, numéro trois mondiale et grande favorite, avait connu une déconvenue inusitée en ratant complètement un plongeon, ce qui l'avait reléguée au dernier rang de la finale.

L'émergence de Ware n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle d'Abel à la Coupe du monde préolympique de Pékin, en 2008. Alors âgée de 16 ans, Abel avait qualifié le pays avant de finir 13e aux JO.

Plongeuse polyvalente qui s'aligne aussi en synchro avec sa soeur aînée Carol-Ann, Ware a gagné le bronze au 1 m aux Mondiaux juniors de 2010. «Elle a du caractère », a souligné Dziver.

La course pour les JO s'annonce intéressante. Ware aura les Grands Prix du Canada et des États-Unis pour réaliser un autre standard avant les sélections olympiques de Montréal, fin mai. « Il ne serait pas réaliste de s'attendre à ce qu'elle fasse l'équipe, a prévenu Dziver. Mais elle a le potentiel, ça c'est certain. Disons qu'elle a ouvert les portes de l'espoir. »

Pour sa part, Heymans s'est « sortie de la compétition » en commettant une grosse erreur sur son retourné. Rien de dramatique, a-t-elle estimé, jugeant que ses quatre autres essais avaient été « vraiment bons ». « Ça ne sert à rien de faire une grosse affaire avec ça, a indiqué l'athlète de 30 ans. Si je réussis ce plongeon comme je le fais à l'entraînement, il y a de grandes chances que je monte sur le podium. Je sais que la possibilité est encore là. »

Samedi, Heymans plongera en synchro avec Abel en conclusion de la Coupe du monde. Elles participeront ensuite aux quatre étapes des Séries mondiales, à partir de la mi-mars, où Heymans espère un laissez-passer pour les épreuves individuelles. Sinon, elle plongera aussi aux Grands Prix du Canada et des États-Unis avant les sélections.

La triple médaillée olympique ne s'inquiète pas du léger retard qu'elle accuse dorénavant sur sa jeune coéquipière Ware. « Tant mieux si elle plonge bien, je ne peux rien y changer, a dit Heymans. Il faut juste me concentrer sur ce que je fais et ce qui peut m'améliorer. »