L'écart se referme, mais les rameuses canadiennes n'ont pas réussi à surpasser leurs rivales américaines, invaincues depuis 2006. Conséquence, Andréanne Morin a encore une fois dû subir l'hymne national américain, hier, à l'issue de la finale du huit de pointe aux Championnats du monde d'aviron de Bled, en Slovénie.

La Montréalaise connaît trop bien les notes du Star-Spangled Banner... et ne peut se faire à l'idée de les réentendre aux Jeux olympiques de Londres, dans un peu plus de 300 jours.

«Ça fait plusieurs fois qu'on a la médaille d'argent. Seulement, aujourd'hui, on avait l'occasion de gagner. On savait que ça prendrait une course exceptionnelle et qu'on était capable de la faire. On a couru avec passion, fierté, discipline, et je pense qu'on aurait pu la gagner. Ce n'est que partie remise», s'est promis Morin, fière, mais plus déçue que satisfaite en entrevue téléphonique.

Meneur à mi-course, le huit canadien a vu son voisin de couloir américain graduellement combler le déficit pour finalement s'imposer par 74 centièmes au bout des deux kilomètres. Trois quarts de seconde sur un plus de six minutes de course... Les Britanniques, les plus rapides sur les 500 derniers mètres, ont arraché le bronze aux Roumaines.

À l'analyse, Morin ne pouvait repérer un moment précis de la course qui a pu faire pencher la balance. Il n'y aura donc pas de recette miracle en vue de l'épreuve olympique londonienne, pour laquelle les cinq premiers bateaux se sont qualifiés hier. «Si on arrive à améliorer toutes les petites facettes, comme la puissance, l'endurance, la force, la nutrition, et qu'on multiplie ça par huit filles, je pense que ça fera la différence l'an prochain.»

«On les a chauffées»

Chose certaine, Morin et ses coéquipières n'auront pas à chercher loin pour se motiver à l'entraînement. Leur rivalité avec leurs voisines américaines, issues d'un système universitaire bien organisé et financé, sera amplement suffisante.

«Écoute, tu ne viendras pas me dire que tu te crois en contrôle quand tu n'as jamais mené la course par plus d'un pied et demi, a lancé Morin. Ce n'est pas vrai. Mon opinion est très biaisée, mais là, on les a chauffées, et l'an prochain, on passe par-dessus!»

Avant de revenir au pays, les rameurs canadiens visiteront les installations olympiques de Londres la semaine prochaine. Morin passera ensuite trois semaines au Québec avant de regagner le centre national de London. Des vacances? « Pour un athlète en aviron, la saison ne se termine jamais, a répondu l'athlète de 30 ans. Je n'ai pas besoin d'être physiquement à London, mais je ferai de l'entraînement en salle, du vélo, de la course à pied, tous les jours.»

Comme le lui a rappelé son entraîneur: «Tu ne vas pas aux Jeux, les Jeux viennent à toi. Et vite...»