En 2007, la nageuse Katerine Savard se demandait si elle serait en mesure de se qualifier pour les Jeux du Québec. Quatre ans plus tard, la voilà membre de l'équipe canadienne qui participe aux Championnats du monde de Shanghai à partir de demain. Portrait éclair de la révélation de la natation canadienne en 2011.

Les chin-ups, vous connaissez? On accroche ses mains à une barre fixe pour tracter son corps jusqu'à la marque du menton. L'exercice est l'un des instruments de torture favoris des entraîneurs. Quiconque s'y est déjà essayé sait que l'acide lactique ne tarde pas à envahir les bras et les épaules.

Ça ne fait pas peur à Katerine Savard. Il paraît que la nageuse de Pont-Rouge a déjà effectué 20 répétitions sous les yeux de son entraîneur. «23!» précise la jeune femme, un éclair de malice dans les yeux, en entrevue au début du mois. «Je ne pense pas qu'il y en ait un qui me bat dans mon club.»

Une force brute, donc, qui prend toute sa valeur quand on pèse 55 kilos et qu'on mesure 1m65. Reste à transposer cette force dans l'eau, ce que Katerine Savard, nageuse au kick foudroyant, réussit à merveille au style papillon, sa spécialité. «Par sa technique efficace, elle applique bien les vecteurs de force dans l'eau», précise son entraîneur au club CSQ, Marc-André Pelletier, joint mercredi au téléphone à l'arrivée de l'équipe canadienne de natation à Shanghai.

À 18 ans, Katerine participe à ses premiers Mondiaux en grand bassin. Au 100 m papillon, à l'horaire demain, elle vise une place parmi les 16 demi-finalistes. Auteure du 10e chrono mondial de l'année, il lui est même possible d'envisager la finale de lundi. «Faire le top 8, ce serait pas mal l'objectif maximal», juge Pelletier.

Dire qu'il y a quatre ans, Katerine Savard doutait de ses chances de se qualifier pour la finale des Jeux du Québec à Sept-Îles. Elle a commencé à nager parce que sa mère ne voulait pas lui transmettre sa peur de l'eau. Repérée par les entraîneurs, elle a mis du temps avant de se laisser convaincre d'intégrer le club compétitif Unik de Pont-Rouge. «Ça a pris du temps avant que je commence à aimer ça», se souvient-elle.

Elle a développé sa technique à Pont-Rouge avant de joindre, à 13 ans, le club CSQ à Québec. «Là, on a enchaîné les longueurs pour nous rendre plus tough...»

Entrée fracassante

Triple médaillée aux Jeux du Canada en 2009, Katerine Savard a émergé sur la scène internationale l'année suivante. Alors qu'elle visait les championnats panpacifiques juniors, elle a plutôt été sélectionnée pour la version senior d'Irvine, en Californie, où elle a atteint la finale. «J'ai beaucoup travaillé sur la technique, les départs, les virages, ce que je faisais peut-être moins avant.»

Cette année, Katerine Savard s'est consacrée à peaufiner sa stratégie de course et à moduler sa dépense énergétique. Cela a paru quand elle a fait voler en éclats le record national du 100 m papillon, en avril, aux sélections pour les Mondiaux à Victoria. Elle a franchi les deux longueurs en 57,97 secondes, abaissant de sept dixièmes la marque que détenait Audrey Lacroix. «C'est vraiment là que je me suis dit: wow, je suis proche des meilleures au monde», dit-elle.

Elle a remis ça à la Coupe du Québec au début du mois. En pleine phase d'entraînement intensif, elle y a établi un record canadien au 50 m papillon et retranché une seconde et demie à son meilleur temps au 200 m.

Soudainement, l'étudiante au cégep de Sainte-Foy figure dans le top 15 mondial sur les trois distances au papillon. Ce qui n'est pas pour la désarçonner, bien au contraire. «En fait, j'aime ça, moi, la pression. Ça ne me nuit pas, ça me motive», dit Savard.

«Mentalement, c'est quelqu'un qui ne se laisse pas facilement déstabiliser, confirme Marc-André Pelletier. Chaque fois qu'elle est arrivée à de nouveaux événements, que ce soit les Panpacs, les Mondiaux en 25 m ou les Jeux du Commonwealth, elle a toujours été capable de performer au moment critique.»

Katerine Savard a bien l'intention de le démontrer de nouveau à Shanghai.