Après trois années difficiles, la nageuse Stéphanie Horner s'est qualifiée pour les Mondiaux FINA de Shanghai, lors de sélections qui ont eu lieu la semaine dernière à Victoria. Retour sur la compétition.

Après avoir touché le mur, la nageuse Stéphanie Horner a mis quelques minutes avant de vraiment réaliser ce que signifiait le chiffre «2» à côté de son nom sur le tableau indicateur. Il a fallu que l'animateur lui confirme qu'elle s'était bel et bien qualifiée pour les Championnats du monde de la FINA, qui se dérouleront à Shanghai en juillet.

Ainsi, Horner retournera en Chine. L'athlète de Beaconsfield avait 19 ans aux Jeux olympiques de Pékin. Elle avait très bien fait, abaissant un record national et se classant 11e au 400 mètres libre.

Pourtant, lors des deux saisons suivantes, Horner a été incapable de se qualifier pour une compétition internationale. Ses temps n'ont cessé de gonfler. On pouvait se demander si elle retrouverait un jour le niveau d'une nageuse internationale.

Le soulagement était donc palpable quand Horner a fini deuxième du 400 mètres quatre nages individuel aux sélections de Victoria, jeudi dernier. Elle a réussi un chrono de 4:43.89, à quatre dixièmes de la gagnante, Alexa Komarnycky.

«Il était temps, a convenu Horner en entrevue téléphonique de Victoria. J'ai quand même fait les Jeux olympiques et le but est de toujours progresser. On a vu que j'ai régressé un peu par la suite. C'est comme si j'étais encore plus contente d'avoir réussi. C'est encourageant.»

Beaucoup de changements sont survenus entre les JO de 2008 et les sélections de 2011. Boursière à l'Université Auburn, Horner est partie s'entraîner en Alabama. Les choses ont mal tourné. Elle n'a pu prendre part à aucune compétition en raison d'un règlement de la NCAA qui associe le cégep à une institution universitaire. Et le réputé entraîneur qu'elle partait rejoindre là-bas, Richard Quick, est mort d'un cancer au cerveau foudroyant.

Horner est retournée à Auburn l'année suivante avec l'espoir que les choses iraient mieux. Or le nouvel entraîneur a abandonné le bateau très vite. La nageuse québécoise s'est également rendu compte que la mentalité universitaire américaine, axée sur le groupe et le sprint, ne lui convenait pas. «J'avais besoin de plus de millage, plus de travail cardiovasculaire, plus de musculation», détaille-t-elle.

Il y a eu des périodes de découragement, mais jamais de désespoir. «Dans ma tête, je savais que j'avais déjà fait ces temps-là et je savais ce qui marchait pour moi.»

Horner recherchait un encadrement plus individualisé. Elle a trouvé chaussure à son pied à Victoria, où elle travaille depuis septembre avec Randy Bennett, l'entraîneur de Ryan Cochrane, seul médaillé canadien à Pékin. «Randy observe, te dit que tu as besoin de ci, de ça, dit-elle. Il se concentre sur les points forts plutôt que sur les points faibles.»

Bennett l'a quand même prévenue que la côte serait longue à remonter. D'ailleurs, au 400 m libre, Horner est toujours à six secondes de son record provincial (4:07,45) établi à Pékin. Elle y travaille.

Un record canadien pour Katerine Savard

En plus de Horner, neuf nageurs québécois se sont qualifiés pour les Mondiaux de Shanghai, dernière répétition avant les Jeux olympiques de Londres, à l'été 2012. Double gagnante, la Montréalaise Victoria Poon était qualifiée d'office. Les valeurs sûres Audrey Lacroix, Geneviève Saumur et Barbara Jardin ont confirmé leur présence, comme les recrues Samantha Cheverton, Katerine Savard, Geneviève Cantin et Dominique Massie-Martel.

Savard, 17 ans, a réussi un coup d'éclat avec un record canadien au 100 m papillon. En 57,97, elle a brisé par sept dixièmes la marque qui appartenait à Lacroix, sa concitoyenne de Pont-Rouge. «Je m'attendais à le battre, mais pas par autant», a dit Savard, étonnée. La saison est jeune, mais ce temps vaut à Savard le sixième rang sur la planète en 2011.