Comme d'habitude, la poignée de main est franche et ferme. Mais il y a un élan supplémentaire laissant croire qu'Alexandre Despatie a la forme. Il ne le nie pas. En fait, il ne se souvient pas de la dernière fois où il s'est aussi bien senti. À bien y penser, ça doit remonter aux Jeux olympiques d'Athènes, il y a plus de six ans.

Le plongeur de 25 ans attribue cela aux «sacrifices» consentis pour les derniers Jeux du Commonwealth de New Delhi, en octobre dernier. Pour lesquels pendant trois mois il s'est mis en mode... olympique.

«La grosse diète, la vie sociale a pris une autre tangente. J'ai fait très attention à mon corps, j'ai été très strict avec les traitements, les massages, la physio», a détaillé Despatie, mardi dernier, après un entraînement à la piscine du complexe Claude-Robillard.

Le régime a été payant, Despatie quittant New Delhi avec trois médailles d'or au cou, portant son total à neuf depuis ses débuts en 1998. Il a voulu poursuivre sur cette lancée, reprenant l'entraînement une semaine après son retour au pays. Libéré de ses soucis au dos, il a multiplié les journées à grand volume, 150 plongeons divisés en deux séances.

Ce n'est pas le travail qui manque. Despatie s'échine présentement sur un tout nouveau plongeon, le quadruple périlleux et demi avant en position groupée, un saut qui, espère-t-il, le mènera à un premier titre olympique, en 2012, à Londres.

Un changement dans la pondération des différents plongeons a précipité ce changement la saison dernière. Le coefficient de difficulté du quadruple et demi avant est passé de 3,5 à 3,8. L'impact sur la feuille de pointage est d'autant plus important que le coefficient sert de multiplicateur.

Un Chinois s'est mis à l'exécuter, puis un Russe, les Ukrainiens... «On a compris que c'est une tangente que le sport va prendre», constate Despatie, qui s'attend à ce que ce plongeon soit beaucoup plus fréquent lors de la prochaine saison.

Pour le Québécois, une bonne exécution de ce plongeon sera très payante puisqu'il remplacera un triple périlleux et demi avant en position carpée, dont le coefficient de difficulté est de 3,1.

Il faut quand même le faire. Despatie est familier avec le quadruple puisqu'il faisait partie de son arsenal à l'époque au 10 m. «Physiquement, c'est évidemment plus difficile au 3 mètres. Sauf que pour l'orientation spatiale, c'est plus facile au 3 mètres parce que tu tournes en montant et ensuite en descendant. Au 10 mètres, tu ne tournes qu'en descendant. Il n'y a pas vraiment de points de repère.»

Et la marge d'erreur est plus grande au 3 m à cause du rebond du tremplin. Le saut d'appel est donc primordial. «C'est la clé: si j'ai un bon saut d'appel et que je suis bien placé sur la planche, mes chances de réussir sont assez fortes. Il faudra vraiment que je garde mon calme, que je ne saute pas d'étape dans mon saut d'appel et ça devrait bien aller.»

Pour Despatie, le championnat international Camo invitation, qui s'ouvre jeudi au centre Claude-Robillard, représente l'occasion idéale pour briser la glace avec le quadruple saut périlleux et demi. C'est le quatrième de sa liste.

Despatie ne sera pas le seul à revisiter les lois de la physique à Camo invitation. Au 3 m féminin, sa jeune coéquipière Jennifer Abel, 19 ans, tentera pour la troisième fois en compétition un double saut périlleux et demi avant avec deux vrilles. La triple médaillée des Jeux du Commonwealth est la seule à le faire sur la scène internationale. Mais les Chinoises l'imiteront sous peu, sent-elle.

Jusqu'ici, elle l'a exécuté deux fois en compétition: à Camo invitation, il y a un an, et au Grand Prix de Rostock, en février dernier. Une réussite? «Pour moi, oui, mais selon les juges, moyennement!» rigole la Lavalloise, quatrième mondiale. Un bris de forme - jambes désunies - lui avait coûté beaucoup de points. Son objectif pour 2011 est de tenter plus souvent ce saut qu'elle réussit «60 %» du temps à l'entraînement.

Émilie Heymans, nouvelle partenaire de synchro d'Abel, fera l'impasse sur la compétition. La vice-championne mondiale préférait se concentrer sur son baccalauréat en commercialisation de la mode qu'elle est en voie de compléter à l'Université du Québec à Montréal, a indiqué le porte-parole de Plongeon Québec.

Au 10 m féminin, Meaghan Benfeito reprend la compétition après avoir raté les Jeux du Commonwealth en raison d'une inflammation à l'épaule gauche. «Je ne suis pas rétablie à 100 %, mais ça va de mieux en mieux», a confié la Montréalaise, qui a raté un mois et demi d'entraînement sur la tour.