Ma famille me trouve un peu motivé le matin avec l'ordinateur portable sur la table entre les toasts et le café. Vers 6h30 jeudi, c'était la finale du 100 mètres libre aux Jeux du Commonwealth de New Delhi. Ce n'est pas pour me vanter, mais j'avais correctement prédit le gagnant - pas bien difficile - et le chrono, 47.9.

Ça a beau être les Jeux du Commonwealth, la victoire du Canadien Brent Hayden est impressionnante. Il lui a fallu battre les Anglais, dont le tenant du titre Simon Burnett, médaillé d'argent, les Australiens, dont le vice-champion olympique Eamon Sullivan, médaillé de bronze, et les Sud-Africains.

Surtout, il y a la manière - il a écrasé ses adversaires - et ce temps de 47.98, le meilleur de l'année devant Michael Phelps et le troisième de l'histoire dans un maillot «normal». Pas de combinaison, pas de polyuréthane, interdits depuis le 1er janvier 2010.

Malgré sa victoire aux Mondiaux de Melbourne, en 2007, Hayden se faisait regarder un peu de haut. En 2008, il raté la finale olympique de Pékin, un peu trop préoccupé par sa prestation au relais ce matin-là. En 2009, il a fini quatrième aux Mondiaux de Rome.

Fidèle à son commanditaire Speedo, il était le seul finaliste sans combinaison 100 % polyuréthane, un équipement clairement plus rapide. Puis, en août dernier, il s'est fait battre par l'Américain Nathan Adrian aux championnats pan pacifiques d'Irvine, en Californie.

Voilà Hayden, 26 ans, redevenu l'homme à battre dans l'épreuve-reine de la natation.

Pour bien prendre la mesure de son coup de force en Inde, il faut se rappeler qu'il s'est approché à 14 centièmes de l'ancien record mondial de Pieter Van Den Hoogenband, établi aux Jeux de Sydney, en 2000. La marque avait tenu huit ans, jusqu'à l'avènement des maillots LZR Racer de Speedo.

Avant son départ pour New Dehli, le nageur québécois Benoit Huot me rappelait que le Hollandais volant avait réalisé son chrono-canon en pantalon, à une époque où les combinaisons intégrales commençaient déjà à être popularisées par Ian Thorpe. Hier, Hayden s'amusait à dire qu'il était dorénavant le meilleur en bermuda. Reste le légendaire Alexandre Popov et son ti-maillot (48.21, de 1994 à 2000).

La victoire de Hayden remontera le moral de l'équipe canadienne de natation, éprouvé après une soirée très difficile la veille. Même le patron Pierre Lafontaine l'a reconnu, ce qui n'est pas peu dire.

Chez les Québécois, le vétéran Audrey Lacroix et la jeune Katherine Savard, deux athlètes de Pont-Rouge, ont pris respectivement le sixième et le huitième rang en finale du 100 m papillon jeudi. En 59.22, Lacroix, une spécialiste du 200, n'a pu améliorer ses temps des séries et des demi-finales. Après une déception au 100 m libre, la Montréalaise Victoria Poon a pour sa part inscrit le quatrième temps au total en demi-finale du 50 m libre (25.26). Il lui faudra sans doute un chrono avoisinant son record national (24.75) pour monter sur le podium vendredi.