Vous ne connaissez probablement pas Charles Francis. À 21 ans, il est l'un des meilleurs nageurs de dos au Canada. Mais il ne s'était jamais qualifié pour un grand rendez-vous international. L'été dernier, il avait raté sa sélection pour les Mondiaux de Rome par quatre centièmes. Ce résultat crève-coeur l'avait atterré.

Neuf mois plus tard, l'horizon s'est passablement éclairci pour le nageur de Cowansville. Francis s'est qualifié pour les prochains Championnats pan-pacifiques en remportant le 100 mètres dos, mercredi soir, à la piscine du Complexe sportif Claude-Robillard.

Il n'y avait pas foule pour l'applaudir sur le podium, mais ça n'avait pas d'importance. Francis était très fier de cueillir cette toute première médaille d'or en championnat national.

«J'avais juste une collection de médaille d'argent et de bronze. Je suis bien content d'en avoir une première en or», a-t-il souligné peu après.

Après une course tout en maîtrise, Francis a devancé son plus proche rival par plus d'une demi-seconde. Son chrono : 54.99. Exactement le même temps qu'il avait réalisé en juillet dernier lors d'un meeting en Grande-Bretagne. Il portait alors une combinaison ultrarapide en polyuréthane, interdite depuis le 1er janvier.

Mercredi soir, Francis portait un simple bermuda, comme tous ses collègues masculins. La progression est donc évidente. Comme l'expliquer? «Je suis à 100 pourcent dans la natation alors que l'an dernier, j'étudiais à temps plein en hôtellerie et en restauration», explique-t-il.

Dans le même souffle, il admet sans gêne qu'il n'est «pas le plus assidu dans sa discipline. Mais je tends vers ça beaucoup...»

Audrey Lacroix en est une autre qui a choisi de mettre les études de côté en vue des prochains Jeux olympiques, à Londres, en 2012.

Étudiante à la maîtrise en marketing aux HEC, elle a dû se résoudre à abandonner sa session en cours plus tôt ce mois-ci. Une douloureuse décision pour celle qui s'était toujours fait une fierté de mener de front une double vie d'athlète et d'étudiante.

L'énergie lui manquait. «J'avais des tensions, je ne dormais plus la nuit, j'avais des maux de tête, je n'étais vraiment plus capable», a raconté Lacroix après avoir remporté, sans surprise, le 200 m papillon.

L'athlète de Pont-Rouge a arrêté le chrono à 2:10.83, soit à trois secondes du temps visé. À l'analyse, elle croit que les atermoiements et le stress des dernières semaines l'ont fait douter avant de monter sur le bloc. La finaliste des derniers Mondiaux n'avait pas la confiance de partir vite et de se «faire mal». «Je ne me suis pas fait mal non plus, et ça prouve que je suis en forme. Mais je n'avais pas l'agressivité pour faire une super bonne course.»

Lacroix a devancé une concitoyenne de Pont-Rouge, Katerine Savard, 16 ans. «Dis que tu viens du club CSQ. C-S-Q», a insisté son entraîneur avant qu'elle ne donne sa première entrevue. Lacroix représente-t-elle un modèle? «Ça ne fait pas longtemps que je suis sur la scène nationale, mais c'est comme mon objectif d'être comme elle», a timidement répondu Katerine Savard. Véritable spécialiste, elle a aussi fini deuxième du 50 m papillon, derrière Sandrine Mainville, de Boucherville.

En début de soirée, Geneviève Saumur a été la première nageuse à se qualifier dans l'équipe pour les Championnats pan-pacifiques d'Irvine, en Californie. Au terme d'une belle bataille avec sa coéquipière Barbara Jardin, la Montréalaise de 22 ans a enlevé un premier titre national au 200 m libre.

Son chrono de 2:00.30 est cependant bien loin de son record national de 1:56.97, réalisé l'an dernier dans un maillot en polyuréthane. «Si je veux être dans lutte au niveau international, il faut que je me rapproche le plus rapidement possible de cet temps-là», a-t-elle dit.

La course de la soirée a été l'oeuvre de Ryan Cochrane, qui a brisé la barrière des 15 minutes au 1500 m. Il est encore tôt, mais son chrono de 14:56.83 installe le médaillé de bronze olympique au sommet des bilans mondiaux de 2010.

Ironiquement, Cochrane est l'un des rares à avoir déploré l'abandon des maillots en polyuréthane, jugeant que le développement technologique avait sa place dans le sport. On s'en doutait, mais on est maintenant certain que dans son cas, ce n'est pas le maillot qui faisait le nageur.