Michael Phelps ne viendra pas agiter l'eau des bassins montréalais cet été. La Coupe du Québec s'insérait mal dans l'horaire de la superstar de la natation, qui préférerait un meeting disputé à Paris une semaine plus tôt.

L'été dernier, le club de natation PPO avait frappé un grand coup en accueillant Phelps pour la compétition présentée aux piscines du Parc olympique. Moins d'un an plus tôt, l'Américain avait raflé un nombre record de huit médailles d'or aux Jeux olympiques de Pékin. La photo où il tenait une pipe à eau et la suspension subséquente l'avaient aussi replongé dans l'actualité internationale quelques mois avant sa présence à Montréal.

Accueilli comme une vedette rock, Phelps avait provoqué une véritable frénésie à la piscine olympique, qui avait fait salle comble. Accompagné de son entraîneur Bob Bowman, le nageur de Baltimore avait pris part à deux épreuves, les 100 mètres libre et papillon. Il avait frôlé sa propre marque mondiale dans cette dernière épreuve, même s'il était loin de sa forme optimale. Avant de quitter, il avait dit qu'il reviendrait.

Or, après négociations avec le clan Phelps, les dirigeants de PPO, organisateur de la compétition, ont abandonné l'espoir de l'attirer de nouveau du 1er au 4 juillet prochains. «C'est mort», a confirmé Sébastien Messier, entraîneur-chef de PPO, lors d'un entretien téléphonique, hier.

Phelps, 24 ans, aurait simplement décidé de s'aligner à l'Open de Paris, les 26 et 27 juin, où il retrouvera quelques-uns des meilleurs nageurs de style libre de la planète, dont le double champion du monde brésilien César Cielo, et l'armada des sprinters français. «Je ne crois pas que ce soit une question d'argent. C'est vraiment parce que la compétition sera plus forte à Paris», estime Sébastien Messier.

Un peu déçu, Messier croit quand même avoir atteint son objectif l'été dernier, à savoir offrir une notoriété inespérée à la compétition et en relever le niveau pour les années à venir. La venue de Phelps aurait généré de l'intérêt auprès des nageurs américains, en particulier de la région du nord-est. «On a semé des graines et il va y avoir du monde assez vite, affirme l'entraîneur. On n'aura pas le gros poisson, mais il va y avoir bien des menés.»

Parmi eux, le médaillé olympique trinidadien George Bovell, un habitué, l'Américain Peter Vanderkaay, un champion olympique au relais qui reviendra avec ses coéquipiers du Michigan, et le brasseur brésilien Henrique Barbosa. Les meilleurs nageurs québécois, dont Audrey Lacroix, Victoria Poon et Mathieu Bois, seront bien sûr de la partie, tout comme plusieurs des meilleurs nageurs canadiens.

La présence la plus intrigante est celle de l'équipe SwimMAC, de la Caroline-du-Nord, et de son sprinter vedette Cullen Jones, double champion olympique et détenteur du record américain au 50 m libre. Né dans le Bronx, Jones est le premier Afro-Américain à détenir ou partager un record mondial (4x 100 m libre).

Sébastien Messier est bien sûr conscient que de tels noms ne risquent pas de faire courir les foules. «On ne se contera pas de peur: on a eu Gary Hall Jr. l'année précédente et ça n'avait pas attiré grand monde, rappelle-t-il. D'après moi, il y a un nom qui attire dans la natation, et c'est Michael Phelps.»

Il croit néanmoins que la présence de nageurs rapides contribue à en attirer d'autres: «Le nageur de 200 dos ou de 200 brasse, ce n'est pas Michael Phelps qui l'intéresse. Il veut avoir l'occasion de se mesurer à des nageurs de qualité. C'est vers ça qu'on s'enligne.»

Messier compte néanmoins réinviter Michael Phelps en 2011. «Ils ne nous ont pas fermé la porte», note-t-il.

Les négociations peuvent être ardues avec le clan Phelps. Ainsi, après une première annonce en janvier, la présence de Phelps à Paris n'a pas été définitivement confirmée, d'où le conditionnel au premier paragraphe. Selon un texte de L'Équipe paru au début du mois, il exigerait «100 000 euros en plus des frais de déplacement et d'hébergement pour lui, son agent, son entraîneur et les nageurs de l'écurie Bowman». Sans compter des frais d'assurance.