Les combinaisons entièrement en polyuréthane, à l'origine de nombreux records, vivent leurs dernières longueurs avant de disparaître officiellement le 1er janvier, mais certains nageurs comme la star Michael Phelps ont choisi d'anticiper le changement et de nager (déjà) en bermuda.

«Sans la combinaison, j'ai l'impression d'être nu. Mais il faudra s'y habituer et c'est bien de commencer dès maintenant», a justifié l'Américain, octuple médaillé d'or aux jeux Olympiques de Pékin en 2008.

Mardi et mercredi, lors de l'étape de Coupe du monde de Stockholm, où il effectuait sa rentrée, il a nagé en bermuda, alors que l'immense majorité des nageurs ne s'est pas encore résignée à mettre au placard la combinaison «miracle», entrée en scène progressivement depuis février 2008.

«Ce short, c'est celui avec lequel je vais nager tout le reste de ma carrière, enchaîne Phelps. On ne parlera plus de +qui porte quel équipement+, mais de ce que chacun a fait dans le bassin. Le sport va changer de nouveau et on va revenir à ses fondements. Cela va forcer les nageurs à travailler plus dur et à faire preuve de caractère. Ils ne pourront plus simplement enfiler un équipement.»

A partir du 1er janvier, tous les nageurs devront nager vêtus d'un simple cuissard (avec bretelles pour les filles) selon la nouvelle réglementation de la Fédération internationale (Fina), qui va mettre fin à presque deux années démentielles où plus de 200 records du monde ont été battus.

«La combinaison a aidé à la promotion de ce sport, sans elle on n'aurait pas eu ces temps, donc il ne faut pas cracher dessus. Mais maintenant, ce sera une autre façon de s'entraîner», a expliqué le Français Amaury Leveaux, vice-champion olympique 2008 (50 m nage libre), qui a abandonné la combinaison.

Rituel à revoir

La natation est donc en train de dessiner un nouveau visage où la technique va redevenir primordiale et où les gabarits puissants - dont la lourdeur était compensée par le gainage de la combinaison - vont passer au second plan pour laisser place aux athlètes longilignes.

Le travail de préparation physique visera à étirer les muscles et non plus à «prendre du volume». Aussi, les femmes devraient être moins lésées par l'abandon des combinaisons alors que le nouveau vêtement autorisé couvre le torse.

Ce changement semble perturber les nageurs, qui partent dans l'inconnu. Selon Denis Auguin, l'entraîneur du champion olympique du 100 m nage libre, le Français Alain Bernard, il y a un «problème des non combinaisons à régler». «En termes de performances, on est vraiment perdu, avance-t-il. Je ne vois pas mes nageurs mal nager, je les vois aller doucement, entre guillemets. On est dans le flou. D'un côté, ce n'est pas grave et de l'autre, il ne faut pas tomber dans le catastrophisme».

Enfin, la disparition des combinaisons va entraîner une modification du rituel qui précède la course.

«Le processus de mettre la combinaison nous plaçait dans une bulle. Ca voulait dire que le moment arrivait. Alors que là, je suis en train de discuter avec des potes, la course arrive, je mets mon slip et je pars derrière le plot», a raconté le Français Frédérick Bousquet, qui a battu le record du monde du 50 m nage libre en grand bassin en avril, vêtu... d'une combinaison entièrement en polyuréthane.