Annamay Pierse n'a encore rien gagné à ces 13e Championnats du monde aquatiques FINA. Mais elle a réussi ce qu'aucun autre nageur canadien n'était parvenu à accomplir en plus de 20 ans: un record du monde en grand bassin sur une distance olympique.

Après s'en être approchée il y a moins de deux semaines lors des sélections de Montréal, Pierse a finalement établi la nouvelle référence mondiale lors des demi-finales du 200 mètres brasse, hier, à Rome. La nageuse de Vancouver a franchi les quatre longueurs en 2:20.12, abaissant d'un dixième la marque précédente qui appartenait à l'Américaine Rebecca Soni.

«Je savais que je l'avais en moi», a déclaré Pierse, néanmoins extatique quand elle a vu apparaître le chrono sur le tableau indicateur du Foro Italico.

Pierse s'est servie de sa décevante cinquième place au 100 m brasse de mardi comme élément de motivation. L'athlète de 25 ans a aussi admis s'être offert quelques visites dans une chaîne de restauration rapide bien connue pour reprendre le poids qu'elle avait perdu dans la touffeur romaine...

Équipée d'une combinaison en polyuréthane, Pierse est devenue la première Canadienne depuis Allison Highson à signer un record mondial en grand bassin dans une épreuve olympique. Alors âgée de 15 ans, Highson avait elle aussi réalisé l'exploit sur 200 m brasse lors des sélections olympiques pour les Jeux de Séoul, en 1988, à Montréal.

Déjà détentrice du record mondial en petit bassin, Pierse doit maintenant penser à la finale d'aujourd'hui, où Soni, championne olympique, s'annonce comme sa principale rivale en l'absence de l'Australienne Leisel Jones, qui a longtemps détenu le record et qui a fait l'impasse sur les Mondiaux de Rome.

«Annamay est déjà prête, a assuré Pierre Lafontaine, entraîneur national de Natation Canada. Elle visera une place et non pas un chrono. Ce n'est pas tant une question de partir à la chasse de l'or plutôt que d'arriver en course et de s'établir comme l'une des nations dominantes. L'équipe canadienne a certainement étonné les autres pays ce soir.»

En finale, Pierse sera accompagnée de sa coéquipière et lapin à l'entraînement Martha McCabe, auteure du sixième temps (2:22.75). Les deux nageuses sont des protégées du Hongrois Joszef Nagy. Véritable gourou de la brasse, ce dernier avait mené l'Américain Mike Barrowman vers un record mondial surprise à la fin des années 80 grâce au style dit de la «vague».

«Cette année, Annamay a simplement été plus appliquée et plus précise sur chaque mouvement à l'entraînement. Personne ne s'entraîne plus fort qu'elle dans le monde», avait dit Nagy à La Presse lors de son passage à Montréal, au début du mois.

En finale du 100 mètres libre masculin, le Canadien Brent Hayden n'a pas été en mesure de défendre son titre acquis à Melbourne il y a deux ans. Le nageur de Vancouver a fini quatrième malgré un record canadien de 47.27, soit trois dixièmes de mieux que son temps réalisé lors du relais aux Jeux olympiques de Pékin.

«47.27, ça m'aurait mis sur le podium à Pékin, a souligné Hayden, éliminé en demi-finale aux JO. Mais ça va vite de nos jours. J'aimerais bien avoir quelque chose accroché autour du cou, mais c'était un bon effort et c'est tout ce que je pouvais demander.»

Des records pour Lacroix et Saumur

Après une déchirure inopportune la veille, Audrey Lacroix avait retrouvé une combinaison en polyuréthane Jaked pour la finale du 200 m papillon. Dans la course la plus rapide de l'histoire sur la distance, la nageuse de Pont-Rouge s'est accrochée pour se classer septième grâce à un record canadien de 2:05.95.

«Dans le fond, je n'avais pas de grandes ambitions parce que mon objectif en arrivant ici était de faire la finale», a rappelé Lacroix, qui avait raté son coup à Pékin.

Elle a eu le malheur de nager dans la ligne voisine de la Chinoise Liu Zige. La championne olympique, à qui la Québécoise concédait «un pied et quarante livres», comme l'a souligné Pierre Lafontaine, est partie comme une flèche sur le premier 100 m. «Ce n'était vraiment pas une course parfaite, mais je ne me suis laissée distancer à aucun moment, à part peut-être par la Chinoise, a relaté Lacroix, cinquième à Melbourne. Mais je ne me suis pas laissée déranger. C'est une très bonne expérience.»

Les membres du relais canadien 4 X 200 m libre féminin ont dû se satisfaire du huitième rang en finale en dépit d'un record national de 7:49.14. «Véritable leader du relais», dixit Julia Wilkinson, la Montréalaise Geneviève Saumur «a allumé le feu» avec un record national de 1:56.97 à titre de première relayeuse. «J'étais un peu nerveuse parce que j'avais peur de me laisser emporter par les autres, de partir trop vite et d'ensuite mourir, a relaté Saumur. J'ai été en mesure de bien me concentrer et le résultat est là. Je suis la première Canadienne sous les 1:57 et j'en suis très fière.»

Qualifiées quatrièmes, les quatre représentantes canadiennes ont eu le désavantage de nager tant les séries matinales que la finale. La plupart des meilleures nations avaient le luxe d'insérer deux nageuses fraîches en soirée. À ce compte, Saumur se disait «très satisfaite» du classement de ce relais complété par les jeunes Alexandra Gabor et Heather MacLean. L'an prochain, elles pourront compter sur la présence de Kevyn Peterson, classée troisième au pays mais absente à Rome.

Victoria Poon a pour sa part démontré pourquoi elle devait dorénavant être considérée comme la reine du sprint libre au pays. En séries, la Montréalaise a atteint les demi-finales avec un meilleur chrono à vie de 54.27. En soirée, elle a complété les deux longueurs en 54.29, ce qui lui a valu le 15e rang. Poon visera mieux aujourd'hui au 50m libre, sa spécialité.