Cette fois, il y a eu une course. Et Michael Phelps a eu presque aussi chaud que les 2400 spectateurs massés dans l'étuve de la piscine olympique.

Contrairement au 100 mètres papillon de la veille, le super nageur américain a été poussé dans ses derniers retranchements avant de remporter le 100 m libre de la Coupe Canada/Coupe du Québec de natation, dimanche soir.

Dans une ambiance endiablée, Phelps a résisté à la poussée de l'Australien Matthew Targett pour s'imposer en 48,65 secondes, son meilleur temps de l'année, mais qui reste encore très loin de sa marque personnelle de 47.51.

L'octuple médaillé d'or des Jeux olympiques de Pékin a résumé sa course ainsi : une excellente première longueur (23,59)... suivie d'une autre pas mal moins bonne.

«Je ne sais pas ce qui s'est passé dans le deuxième 50 mètres, a commenté Phelps quelques minutes après avoir lancé sa médaille à un jeune garçon dans les gradins. J'ai senti que je suis ressorti avec un bon kick. Mais je ne suis pas certain si j'ai bien brisé la surface de l'eau ou si j'ai amorcé mes coups de bras de la bonne façon. Mais quelque chose est arrivé.»

Si le bassin avait été cinq mètres plus long, Targett aurait presque pu titiller le favori de la foule. Mais Phelps, qui respirait du côté du couloir de l'Australien, l'a bien vu revenir.

Targett, finaliste à Pékin, a donc dû se contenter de l'argent avec un temps de 48,87. Le Trinidadien George Bovell, coéquipier de Targett à l'Université Auburn, a complété le podium en 49,85.

«J'ai eu un mauvais virage, mais je suis très content de ma course, a réagi Targett, affairé à pitonner sur son BlackBerry pour informer son coach du résultat. C'est mon temps le plus rapide en période de préparation et c'est fantastique de se mesurer au meilleur. L'ambiance était électrique. Quand Michael a été présenté, les gens sont devenus fous. Je me suis tourné vers George et j'ai dit: wow! C'était excitant d'être là.»

Pas encore à point

À sa troisième sortie de l'année sur 100 m libre, Phelps a encore une fois mis à l'épreuve sa nouvelle technique au crawl. Plutôt que d'effectuer le recouvrement les coudes fléchis, il déploie ses longs bras presque complètement, surtout sur la première longueur.

De toute évidence, le «moulin à vent» n'est pas encore à point. «Je veux revoir le vidéo pour comprendre ce qui est arrivé à mon style, qui s'est effondré, a jugé l'athlète de 23 ans. Je n'avais jamais aussi bien senti mon style en course durant la première longueur. Je dois continuer à travailler pour réussir à nager comme ça pendant deux longueurs. C'est difficile de pratiquer un style pendant 12 ans et de le changer complètement en un claquement de doigt.»

Selon Pierre Lafontaine, Phelps place sa tête un peu trop bas dans l'eau. «Il devra la garder un peu plus haut parce que ça fait beaucoup de résistance, a jugé l'entraîneur national de Natation Canada. Mais ça prend beaucoup de temps pour s'habituer à une nouvelle technique.»

Phelps a refusé de confirmer qu'il s'alignerait sur 100 m libre aux sélections américains pour les Championnats du monde de Rome, dans deux semaines et demie, à Indianapolis.

En tout cas, il n'était pas sans savoir que quelques heures plus tôt, de l'autre côté de l'Atlantique, le Français Alain Bernard, champion olympique, avait réussi un chrono de 48,20 pour remporter l'Open de Paris. L'Italien Filippo Magnini, tenant du titre mondial, a fini deuxième en 48,46.

«De façon générale, je suis là où je voulais être... sauf pour le 100 m libre», a noté Phelps.

Traité comme une rock star pendant son court séjour montréalais, Phelps dit en sortir comblé. Chapeau bas au club hôte CNPPO, qui a réussi le coup fumant d'attirer l'olympien le plus titré de l'histoire.

«La meilleure partie, c'était les fans, a affirmé Phelps. Être en mesure de faire salle comble pour les finales, de pouvoir ressentir leur énergie, leur excitation, rend cela plus plaisant, plus intéressant, et clairement plus excitant et divertissant. Le sport change. On ne sait pas ce qui arrivera dans l'avenir.»

Reviendra-t-il à Montréal? Phelps a pointé le menton vers son entraîneur Bob Bowman, l'homme qui décide tout. Ce dernier n'a fait qu'esquisser un sourire.

Pierre Lafontaine est confiant de le revoir à Montréal... avec plusieurs autres vedettes de la natation internationale. Natation Canada a en effet l'intention de multiplier les invitations à l'occasion des Mondiaux de Rome, à la fin juillet.

«J'en ai discuté avec Bob et il m'a dit qu'il voulait revenir avec toute son équipe», a affirmé Lafontaine. Montréal, ville de natation ? De plus en plus, semble-t-il.