Meaghan Benfeito avait une question existentielle pour sa partenaire Roseline Filion avant de monter sur la troisième marche du podium, samedi dernier, à Mexico: doit-on saluer?

Habituées des podiums, les deux plongeuses québécoises n'avaient jamais vécu pareil scénario: aucun spectateur n'était là pour les applaudir à la suite de leur médaille de bronze au 10 mètres synchronisé lors de la quatrième et dernière tranche des séries mondiales de plongeon, le week-end dernier.

En raison de l'épidémie de grippe porcine dont Mexico est l'épicentre, les autorités mexicaines ont en effet décidé de tenir la compétition à huis clos, tout comme trois matchs de soccer disputés dans la mégapole.

«Finalement, on a fait des «allo»... mais à pas grand monde», a raconté Benfeito, hier midi, en marge de la conférence de presse de la Coupe Canada de plongeon, qui se déroulera de jeudi à dimanche à Montréal. «Il n'y avait que des plongeurs et quelques personnes possédant des accréditations. On n'a salué que d'un côté parce qu'il n'y avait personne de l'autre.»

Au surlendemain de leur arrivée à Mexico, Benfeito et Filion ont compris que quelque chose clochait quand la cérémonie d'ouverture a été soudainement annulée quelques minutes seulement avant le défilé des athlètes.

«Chaque plongeur tenait une petite gymnaste par la main et elles sont toutes parties d'un coup, a expliqué Benfeito. Les policiers ont ensuite évacué les spectateurs.»

Ignorant les détails entourant la propagation fulgurante de l'épidémie, Filion admet avoir été inquiète. «La dernière fois qu'on était allées au Mexique, en 2005, on avait été malades toutes les deux, a rappelé la plongeuse de 22 ans. Donc, là, on ne voulait vraiment pas être malades! Surtout qu'au moment où c'est arrivé, on ne connaissait pas les symptômes, on ne savait pas à quoi s'attendre, si les organisateurs allaient annuler la compétition. Parce que les écoles étaient fermées, le métro était fermé et tous les spectacles étaient annulés.»

La compétition s'est finalement déroulée tel que prévu, mais à guichets fermés, littéralement. Les représentants des médias ont même été exclus des préliminaires avant d'être réadmis pour les finales. «On se sentait comme à l'entraînement, a dit Filion au sujet de l'atmosphère particulière qui régnait à la piscine. Les autres athlètes savaient que c'était difficile de plonger devant personne, donc tout le monde s'est encouragé. Il y a eu un beau soutien entre les athlètes.»

Invités à limiter les contacts entre eux, les plongeurs ont trouvé une autre façon de se saluer et de s'encourager: par un simple contact du coude. La pratique devrait être reprise cette semaine à Montréal.