Avec le retour de presque tous les olympiens de PyeongChang, les hommes devaient mener la charge en cette nouvelle saison de la Coupe du monde de patinage de vitesse courte piste. Ce sont plutôt les recrues féminines qui ont volé la vedette grâce à la Montréalaise Alyson Charles, médaillée d'or dimanche soir à Salt Lake City.

Charles n'a pas couru le risque. Avant de partir pour l'aéroport de Salt Lake City, hier après-midi, elle a glissé ses médailles dans son bagage destiné à la soute.

«Ça a passé!» rigolait-elle au téléphone après avoir franchi les contrôles de sécurité. La patineuse de vitesse avait quatre bonnes raisons de sourire. La veille, elle avait remporté l'or au 1000 m à la deuxième épreuve de Coupe du monde de la saison de courte piste. Une semaine plus tôt, à Calgary, elle avait déjà causé la surprise en gagnant trois médailles de bronze, deux au 500 m, sa spécialité, et une au relais.

«Avoir ma première médaille de bronze à Calgary, c'était vraiment exceptionnel, note-t-elle. En allant chercher la deuxième, j'ai su que la première, ce n'était pas de la chance. Que je méritais vraiment ma place, que je méritais de compétitionner moi aussi avec les meilleures au monde.»

Prometteur

Âgée d'à peine 20 ans, Alyson Charles en était à ses tout premiers pas sur le circuit senior, comme presque toutes ses collègues de l'équipe canadienne.

Quadruple participante aux Mondiaux juniors (5e sur 500 m en 2016), elle figure depuis longtemps parmi les beaux espoirs du patinage de vitesse canadien. Elle a d'ailleurs terminé deuxième derrière l'olympienne Jamie Macdonald (absente des Coupes du monde) lors des championnats canadiens cet automne.

De là à occuper le troisième rang du classement cumulatif du 1000 m après deux Coupes du monde...

La Montréalaise originaire du quartier Saint-Michel en a eu pour son argent à Salt Lake City, où elle s'attaquait aux deux 1000 m au programme. Elle redoutait un peu cette distance après avoir vécu une déception aux derniers Championnats du monde juniors disputés en Pologne. Elle avait terminé 22e alors qu'elle visait beaucoup mieux.

«Je pense que mes apprentissages de l'année passée, mes déceptions et mes échecs, m'ont permis de vraiment m'améliorer durant l'été, d'apprendre de ce que j'ai fait, estime-t-elle. Je n'ai pas reproduit les mêmes erreurs. C'est ce qui m'a permis de me rendre aussi loin.»

Samedi, Charles a terminé quatrième du premier 1000 m. Son entraîneur Frédéric Blackburn a trouvé «une ou deux corrections» qu'elle pouvait apporter à ses courses du lendemain.

En vertu de ses résultats aux séries du vendredi, elle devait d'abord franchir l'étape du repêchage matinal pour le deuxième 1000 m à l'horaire dimanche. Sans attentes particulières, elle a dominé les deux rondes avant de réussir la même chose en quart et en demi-finale.

Sur la ligne de départ de la finale, la Québécoise était la seule des cinq partantes à avoir déjà quatre courses dans les jambes. Qu'à cela ne tienne, elle s'est installée en tête d'entrée de jeu. Reléguée au dernier rang un peu plus tard, elle a opéré un beau dépassement extérieur pour reprendre les commandes avec deux tours à faire.

Même si elle n'a devancé sa jeune rivale allemande Anna Seidel que de trois millièmes à l'arrivée, elle n'a jamais douté de sa victoire. Question d'angle de vue, paraît-il.

«Après ma course, mon coach m'a dit: "Si j'avais une petite chose à te reprocher, c'est le finish." Sur le coup, je ne m'en suis pas rendu compte, mais quand j'ai regardé la photo-finish, j'étais comme : "ouais, j'aurais pu étirer plus ma jambe..." J'avais tiré deux tours en première position. J'ai juste tout donné et à ce moment-là, je ne me rendais plus tant compte de ce qui se passait autour. J'étais vraiment absorbée par la course.»

Quand Alyson Charles a levé les bras pour célébrer sa victoire, elle a pensé à ses derniers mois d'entraînement, à s'acharner sur les plus longues distances. «Je n'étais pas sous le choc, mais j'étais vraiment heureuse de réussir ça. Pas juste de ma réussite, mais de mon amélioration depuis la saison dernière.»

En ouvrant sa valise, elle aura quatre médailles pour le lui rappeler.

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Dubois sauve la mise

Avec ses quatre médailles aux deux premières Coupes du monde, Alyson Charles a contribué à plus de la moitié du total de l'équipe canadienne. Plus attendue, la Néo-Brunswickoise Courtney Sarault, quintuple médaillée aux Mondiaux juniors, a gagné l'argent sur 1500 m à Calgary. À souligner, la toute première finale (5e) de Camille de Serres-Rainville au 1500 m à Salt Lake City. En dépit d'une équipe très expérimentée, les hommes ont mordu la poussière jusqu'à ce que Steven Dubois, 21 ans, de Lachenaie, arrache le bronze grâce à un superbe dépassement au 1500 m, samedi à Salt Lake City. Le champion mondial Charles Hamelin s'est contenté d'une seule finale en quatre épreuves individuelles, terminant cinquième du 500 m le plus rapide de l'histoire dimanche. Quatrième sur 500 m à Calgary, le médaillé d'or olympique Samuel Girard n'a atteint qu'une seule finale. La prochaine Coupe du monde aura lieu à Almaty, au Kazakhstan, du 7 au 9 décembre.