C'est une Kim Boutin aux yeux bouffis qui s'est présentée devant les micros, hier soir, à l'aréna Maurice-Richard. «Excusez-moi, je suis un peu émotive!», a lancé la jeune femme, avec le gros sourire.

Si les émotions sont aussi vives, c'est que la Sherbrookoise de 22 ans revient de loin. Il y a deux ans, elle remettait en question sa carrière d'athlète. Et voilà que cette semaine, elle survole les sélections canadiennes en vue des Jeux olympiques de PyeongChang, si bien que sa qualification est pratiquement assurée.

Hier avait lieu la cinquième des neuf courses au programme de ces essais. Et pour la quatrième fois, c'est Boutin qui a triomphé. Elle a gagné le 500 m avec un temps de 43,381 s, devançant Kasandra Bradette par 39 millièmes de seconde.

«J'ai encore la voix qui shake! C'est tout le travail que j'ai fait cet été, explique la gagnante au sujet de la vitesse. Mon énergie était à 110%, j'ai essayé de challenger, de désensibiliser ma peur en vitesse. Ça a été magnifique sur le 500 m.»

À moins d'une catastrophe dans les deux derniers jours de compétition, au cours du week-end, Boutin sera bientôt récompensée de ses efforts. Révélation des Championnats du monde 2015, elle avait fait une sorte d'épuisement professionnel au début de la saison suivante, si bien qu'elle avait mis un terme à sa saison après la quatrième étape de la Coupe du monde pour rentrer à la maison.

«Ça me rend encore émotive, ça... Ça a été six mois difficiles, pendant lesquels j'ai essayé de trouver pourquoi je patinais, explique Boutin. Ce soir, c'est vraiment pour moi que j'ai patiné. C'était beau, je me sentais bien. Les six mois m'ont fait du bien, ils m'ont permis de me recentrer sur ce que je devais faire pour atteindre mes objectifs.»

Avec ses deux victoires sur 500 m, Boutin est assurée de terminer première sur cette distance cette semaine. Elle compte également un triomphe sur chacune des deux autres distances. On vous épargne le pas très simple système de points de ces sélections, mais avec ses résultats jusqu'ici, la place aux Jeux de 2018 devrait être une formalité.

Maltais en difficulté

Par ailleurs, il faudra tenir à l'oeil Valérie Maltais, la vétérane parmi les patineuses cette semaine en l'absence de Marianne St-Gelais.

Maltais a fait une chute en demi-finale et n'a donc pas participé à la phase finale du jour. Or, à l'autre 500 m, samedi, elle avait pris la 4e place. La Saguenéenne de 27 ans devra donc s'assurer d'amasser des points dans les autres distances.

Après cinq courses, Maltais s'est classée dans le trio de tête à seulement deux reprises : au premier 1000 m (2e place) et au deuxième 1500 m (1re place).



Quatre victoires en cinq courses pour Girard 

Chez les hommes, Samuel Girard reproduit essentiellement le parcours de Boutin. Le patineur de 21 ans a lui aussi signé sa quatrième victoire en cinq courses. Il a arrêté le chrono à 40,874 s.

Le point commun de ces quatre victoires: il a chaque fois dû battre le vétéran Charles Hamelin en finale.

«C'est un des plus grands patineurs au monde. De pouvoir le battre dans une rivalité qui est saine comme ça... C'est tellement le fun de patiner, compétitionner contre ces gens-là. Je ne peux pas demander mieux pour une première sélection», a déclaré Girard.

«Sam est incroyable, il le démontre par son patinage en ce moment. Un des meilleurs à l'entraînement. Il est toujours là pour pousser les autres. Ça paye en ce moment. Les quatre victoires sur cinq, j'aurais aimé lui en arracher un peu plus, mais je suis vraiment, vraiment content pour lui. Deux victoires au 500 m, ça assure presque sa place pour l'équipe.»

Les sélections se concluent samedi et dimanche, toujours à l'aréna Maurice-Richard.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Samuel Girard (au premier plan) a remporté quatre courses sur cinq aux sélections canadiennes en vue des Jeux olympiques de PyeongChang.