L'incertitude planant autour de l'équipe canadienne de courte piste n'est pas étrangère à la décision de Valérie Maltais de se consacrer au patinage à roues alignées cet été. Elle avait aussi besoin d'air au figuré.

Après sa médaille de bronze aux Mondiaux de Montréal, en mars, la Saguenéenne ne se voyait pas retourner patiner sous les ordres de Frédéric Blackburn, entraîneur-chef de l'équipe féminine. Elle lui reproche, entre autres, une communication déficiente et un «manque de communication» qui l'amènerait «à l'extérieur de ses champs de compétence».

«Cette histoire avec Fred, moi, ça m'a brûlée», expose Maltais quelques mois plus tard.

Elle ajoute: «Ç'a été dur mentalement de toujours composer avec quelqu'un avec qui on ne s'entendait pas bien. De toujours un peu gérer la pression. Ce n'est pas juste Frédéric non plus. C'est la pression des Jeux olympiques. C'est beaucoup d'émotions, d'investissement.»

La relation tendue remonte à plusieurs mois avant les Jeux olympiques de Sotchi, mais les deux parties avaient convenu de mettre un couvercle sur la marmite. Mais à la conclusion de la saison, Marianne St-Gelais et Maltais ont chacune fait parvenir une lettre à la haute direction de Patinage de vitesse Canada pour exprimer leurs doléances et leur souhait de changer d'entraîneur.

Avec le départ inattendu du directeur du programme Yves Hamelin, parti diriger l'ovale de Calgary, la situation est au beau fixe à l'aréna Maurice-Richard. En attendant l'embauche d'un nouveau directeur, Blackburn dirige toujours le groupe féminin. Il est au courant de la démarche des deux vétérans, mais se dit prêt à continuer à les entraîner.

«Je n'ai rien contre ces deux patineuses-là, indique Blackburn. Je pense qu'elles ont de super bons potentiels. Il leur suffit d'accepter qu'elles patinent dans un centre, qu'elles suivent un programme. Je pense qu'aucune de ces filles ne va dire qu'elle n'était pas en forme aux Jeux.»

Acceptant sa part de responsabilité, l'entraîneur-chef estime que tout le monde doit se regarder dans le miroir. «Je ne dis pas que je n'ai pas fait d'erreurs, mais il y en a eu des deux côtés», se défend-il. Malgré l'incertitude entourant son poste, il soutient que l'ambiance est à son mieux depuis la reprise en mai. «Le groupe va super bien.»

Manifestement, ça en prendra plus pour convaincre Maltais, qui a reçu la permission de ses entraîneurs de s'adonner aux roues alignées jusqu'en août. «On veut continuer pour quatre ans, mais on a de la misère à croire qu'on va être capables de durer quatre ans avec le même entraîneur, insiste la patineuse. C'est sérieux à ce point-là pour nous. C'est inquiétant.»

Le nouveau directeur, qui doit entrer en fonction le mois prochain, aura un premier dossier délicat à régler.