Les déconvenues et les malchances de Sotchi n'ont pas diminué la popularité des patineurs de vitesse courte piste canadiens. Les 4500 sièges de l'aréna Maurice-Richard de Montréal seront tous occupés, de vendredi à dimanche, pour les Championnats du monde, rare compétition de sport «amateur» présentée à guichets fermés.

Une dernière occasion d'applaudir Charles Hamelin? Pas vraiment, puisque le triple champion olympique a confirmé qu'il prolongeait sa carrière de quatre autres années.

À priori, on pourrait croire que la décision du patineur de bientôt 30 ans a été prise dans la foulée de sa triple déception du mois dernier aux JO de Sotchi, où il a été victime de deux chutes aux 500 m et 1000 m, et d'une élimination hâtive au relais à la suite d'une autre chute, celle de son frère cadet François.

D'abord, ce n'est pas une déception qu'il a vécue à l'Iceberg de Sotchi. «C'est de la frustration qui est là parce que je n'ai pas pu démontrer ce que j'étais capable de faire sur le 1000 et le 500 mètres», a précisé Charles Hamelin, hier après-midi, en marge de la conférence de presse d'ouverture des Mondiaux.

Ensuite, il y a la fierté authentique d'avoir remporté cette médaille d'or au 1500 m, la toute première d'un patineur canadien sur cette distance, un exploit dont le protagoniste n'est pas peu fier: «Ç'a été ma plus belle victoire à vie en courte piste. En termes d'émotions et de souvenirs, c'est à ça que je pense.»

Et la volonté de continuer, l'athlète de Sainte-Julie la ressentait même avant de s'envoler vers la Russie. Il venait de connaître sa meilleure saison sur le circuit de la Coupe du monde - premier au classement cumulatif, premier sur deux distances (1000 m, 1500 m), deuxième sur l'autre (500 m). Il ressentait une amélioration constante depuis son arrivée sur le circuit international en 2004.

Peu importe son sort à Sotchi, l'intention de poursuivre était là. Tout ce dont il avait besoin après ses deux «malchances» en course, c'était une confirmation. Elle est venue de son entraîneur Derrick Campbell, lors d'une marche entre l'aréna et la cafétéria au Village des athlètes, la veille de la dernière journée de compétition.

«Il voulait connaître mon opinion sur la façon dont je le percevais et jusqu'où je croyais qu'il pouvait se rendre, a relaté Campbell. Il s'est aussi informé de mes intentions par rapport au coaching. Fondamentalement, ce qui est ressorti de la discussion, c'est qu'il adore la compétition, qu'il s'améliore chaque année, qu'il est toujours affamé et qu'il veut être le meilleur. Et je crois qu'il peut être un meilleur patineur dans quatre ans.»

Hamelin n'en avait pas besoin de plus. Sa décision était prise. Il n'a pas eu besoin de la partager avec sa blonde Marianne St-Gelais, qui a lu entre les lignes.

Celle-ci se réjouit de la décision de son copain, et pas parce qu'elle aussi a décidé de poursuivre sa carrière jusqu'aux JO de Pyeongchang, en 2018. «Charles a encore tellement plus à donner, a affirmé la triple médaillée d'argent olympique de 24 ans. Charles fait partie de la catégorie des patineurs exceptionnels. Quand ça fait 12 ans que tu fais des Mondiaux et que tu finis top 5 chaque fois... Ce n'est pas quelqu'un de normal qui réussit à faire ça. Je me dis: pourquoi arrêter là?»

Charles Hamelin pense la même chose, surtout que la passion de l'entraînement et de la compétition l'habite encore. «Je sais que je m'améliore encore dans tous les aspects du patinage. Même après les Jeux olympiques, j'ai le même feeling. J'ai encore quelque chose à aller chercher.» À commencer par un premier titre mondial, chez lui, devant les siens.

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> Quoi: Championnats du monde de patinage de vitesse courte piste de l'ISU

> Quand: De vendredi à dimanche

> Où: Montréal, aréna Maurice-Richard (à guichets fermés)

> Formule: Comme aux JO, des titres seront décernés aux 500 m, 1000 m et 1500 m. Cependant, ce sont les mêmes patineurs, un maximum de trois par pays, qui disputeront les trois distances. Un titre cumulatif de champion du monde sera décerné à l'issue d'une «superfinale» de 3000 m réunissant les huit meilleurs patineurs au classement cumulatif. Des titres mondiaux aux relais féminin et masculin sont également à l'enjeu.

> Les représentants canadiens: femmes: Valérie Maltais, Marianne St-Gelais, Marie-Ève Drolet, Jessica Hewitt (relais) et Jessica Gregg (relais); hommes: Charles Hamelin, Charle Cournoyer, Olivier Jean, François Hamelin (relais) et Michael Gilday (relais)