L'exclusion et la réintégration de Mathieu Giroux dans l'équipe canadienne de patinage de vitesse longue piste ont fait couler beaucoup d'encre le mois dernier. Aux championnats nationaux de Calgary, la semaine dernière, c'est plutôt Guillaume Blais-Dufour, lui aussi un transfuge de la courte piste, qui a fait parler de lui. Retour sur son exploit.

Il fut un temps où il était de bon ton de casser du sucre sur le dos du patinage de vitesse courte piste. À l'aube des Jeux olympiques de Sotchi, il serait temps de se raviser.

Après Mathieu Giroux, Alex Boisvert-Lacroix et quelques autres, Guillaume Blais-Dufour est le dernier transfuge de la courte piste qui s'illustre sur l'anneau de longue piste.

Six semaines après sa transition, Blais-Dufour a causé la surprise aux championnats canadiens, la semaine dernière à Calgary, s'imposant au 1500 mètres devant Giroux, le tenant du titre (le champion mondial Denny Morrison, blessé, a dû déclarer forfait). Cette victoire lui vaut une invitation pour deux Coupes du monde en février en Allemagne, où il espère se qualifier pour les Mondiaux par distances de Sotchi (du 21 au 24 mars), épreuve-test aux Jeux olympiques de l'hiver prochain.

Une semaine après son exploit, Blais-Dufour garde les pieds sur terre. «Plus jeune, avec un succès comme ça, j'aurais été sur un nuage pendant une semaine, admet l'athlète de 23 ans, joint hier au téléphone. Je suis maintenant capable de composer avec ces distractions.»

Membre de l'équipe nationale de courte piste depuis cinq ans, dont quatre dans l'équipe de développement, Blais-Dufour a quitté le centre national de l'aréna Maurice-Richard, à Montréal, pour se joindre au groupe de l'entraîneur Gregor Jelonek à l'anneau Gaétan-Boucher, à Québec. Des blessures à répétition, combinées à l'échéance rapprochée des sélections olympiques en courte piste, au mois d'août, l'ont convaincu de faire le changement.

«Je commençais à me poser des questions, explique-t-il. [Le courte piste] est un sport un peu trop à risques. Je savais que j'avais un bon potentiel en longue piste. Il restait un an et un mois avant les sélections olympiques. C'était le moment ou jamais de faire la transition.»

L'anneau de 400 mètres n'est pas étranger à Blais-Dufour, originaire de Québec. Pendant ses années de développement, il a pratiqué les deux disciplines sur glace en plus du vélo sur route, où il excellait (3e du Tour de l'Abitibi 2007, devant Guillaume Boivin). À sa dernière année junior, il a eu l'«idée folle» de participer aux championnats du monde dans les trois sports. Seule une sélection en vélo lui a échappé. Sans grande préparation particulière, il a décroché le bronze au 500 mètres sur longue piste.

«J'ai toujours dit que j'allais probablement finir ma carrière en longue piste», révèle Blais-Dufour, qui a aussi pris le cinquième rang au 1000 m à Calgary. «Mais je ne voulais pas quitter le courte piste avant d'en faire le tour. Le centre d'entraînement de Montréal est parmi les plus complets du monde et l'équipe est incroyable. J'avais beaucoup de plaisir à m'entraîner là. C'est certain que je n'ai pas réalisé mes objectifs en courte piste, mais j'ai décidé de faire une croix là-dessus pour des raisons physiques.»

À Québec, Blais-Dufour intègre une structure et des installations certes plus modestes que celles de Calgary, mais il retrouve un entraîneur aguerri et des coéquipiers motivés, dont Laurent Dubreuil, la vedette montante du patinage de vitesse canadien, sacré champion national du sprint à Calgary à sa première année senior. Celui-ci sera à surveiller à la Coupe du monde de Calgary (les 19 et 20 janvier) et aux Mondiaux sprint de Salt Lake City (les 26 et 27 janvier).

«On patine dehors, et un peu comme dans Rocky IV, on essaie de battre les gars qui patinent à l'intérieur sur la meilleure glace du monde!», lance Blais-Dufour, qui a bien hâte de voir la suite.