Deux paires de frères s'entraînant ensemble à Québec représenteront le Canada ce week-end lors des championnats du monde de patinage de vitesse junior longue piste qui se tiennent au Japon.

Cette présence marquée du Québec au sein de l'équipe nationale est d'autant plus spectaculaire que ce sont plutôt les athlètes de l'Ouest canadien qui ont dominé les épreuves de patinage sur longue piste ces dernières années.

La semaine dernière, La Presse a rencontré les frères François (19 ans) et Alexandre (16 ans) Déry et Laurent (19 ans) et Daniel (17 ans) Dubreuil, à quelques jours de leur départ pour le Japon. «C'est vraiment l'une des meilleures années du Québec en longue piste depuis très longtemps, affirme Laurent. L'an dernier, j'étais le seul Québécois sur les 10 membres de l'Équipe nationale junior.»

Depuis que l'anneau intérieur de patinage de vitesse longue piste a été construit à Calgary en 1988, les Canadiens de l'Ouest ont toujours été plus forts dans ces épreuves, explique le directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec, Robert Dubreuil. «En 1984, les sept membres de l'équipe nationale venaient du Québec. En 1992, il n'y en avait plus que deux sur neuf», explique-t-il.

M. Dubreuil a participé aux Jeux olympiques d'Albertville en 1992. Il est le père de Laurent et Daniel. La mère des deux garçons, Ariane Loignon, est elle aussi une ex-athlète olympique en patinage de vitesse. Les frères Dubreuil ont-ils subi de la pression pour choisir ce sport? «Laurent, notre plus vieux, avait 12 ans quand il a vu pour la première fois la cassette de mon 500 mètres à Albertville, mentionne le père. On n'a vraiment pas poussé pour ça.»

«On a essayé plusieurs autres sports, assure Daniel. On a participé aux Jeux du Québec en athlétisme et en tennis de table. On a joué au baseball et au soccer. Mais ce que j'aime, c'est le patin. J'aime le fait que, contrairement aux sports d'équipe, tu n'as que toi à blâmer.» «Et il n'y a pas vraiment d'arbitre donc tu contrôles tout», ajoute Laurent.

Chez les Déry, le patinage de vitesse est plutôt arrivé par hasard. «Mon père voulait que j'apprenne à patiner avant de jouer au hockey. J'ai eu la piqûre. Je n'ai jamais arrêté. Mon frère a suivi», raconte François, qui s'est qualifié pour les Mondiaux en terminant premier aux derniers championnats canadiens juniors toutes distances.

Durant la même compétition, Alexandre et Daniel ont respectivement pris les 2e et 3e rangs, et ont ainsi assuré leur place sur l'équipe nationale. Quant à Laurent, il s'est qualifié en battant le record du monde junior du 500 mètres à la Coupe du monde de Salt Lake City en janvier, avec un chrono de 34,66 secondes.

Recette du succès

Depuis des années, Québec rêve d'un anneau intérieur de longue piste (voir capsule). Même s'ils s'entraînent sur l'anneau extérieur Gaétan-Boucher dans des conditions parfois rudes, les quatre patineurs de Québec sont parvenus à faire leur place dans l'équipe canadienne. Quelle est la recette de leur succès?

«On a un super beau groupe d'entraînement. On se motive entre nous. On se connaît bien. Le plus dur sera d'intégrer le 5e membre de l'équipe!», note François, en parlant de Stephen Dilger de Calgary. «On est des amis avant d'être des compétiteurs», ajoute Daniel. «Et on doit dire qu'il y a beaucoup de talent dans l'équipe!», lance Laurent.

Mais compétitionner contre son frère n'est-il pas difficile? «Je les entraîne comme des athlètes indépendants, affirme l'entraîneur Gregor Jelonek. Mais il faut intervenir pour ne pas que les plus jeunes se sentent toujours comparés à leur grand frère ou pour que les plus vieux ne sentent pas la pression de toujours devoir battre les plus jeunes. Heureusement, on a une très belle dynamique. L'esprit d'équipe est là. Les gars s'encouragent tout le temps.»

Les quatre athlètes, eux, assurent que patiner avec son frère est un privilège. «C'est bien plus le fun! Je vais me souvenir toute ma vie de ces championnats», dit Laurent. Daniel partage cet avis. Il avoue toutefois éviter volontairement de se comparer à son aîné. «Parce que moi, la pression, ça m'écrase, note-t-il. J'aime mieux ne pas y penser! Je veux juste patiner au meilleur de moi-même.»

Les championnats mondiaux juniors commencent aujourd'hui pour l'équipe canadienne. Les objectifs de chacun varient. Laurent vise l'or au 500 et au 1000 mètres. François espère terminer au moins une épreuve dans les huit premiers. Quant à Daniel et Alexandre, ils veulent simplement profiter de l'expérience. «Je serai un des plus jeunes patineurs de la compétition. J'espère apprendre beaucoup pour y retourner dans les prochaines années!», dit Alexandre.

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Photo: Mathieu Bélanger, collaboration spéciale

Les frères François et Alexandre Déry seront aussi du voyage au Japon.

Quatre gars et une fille

En plus des frères Dubreuil et Déry, une autre patineuse de Québec sera du voyage aux Championnats mondiaux juniors au Japon.

Méryem Labidi, 18 ans, représentera le Canada pour la première fois dans une compétition de cette envergure. Méryem est bien heureuse de s'y rendre aux côtés de ses partenaires d'entraînement, les frères Déry et Dubreuil.

«Je patine depuis 11 ans. Je m'entraîne avec eux. Je les connais bien. L'ambiance va être amusante», dit-elle. Enfant unique, Méryem n'aura jamais la chance de compétitionner avec sa soeur. Elle compte néanmoins profiter de ces championnats du monde pour «prendre de l'expérience».

Photo fournie par la Fédération de patinage de vitesse du Québec

Méryem Labidi