Marianne St-Gelais et Charles Hamelin retrouvent le circuit de la Coupe du monde demain. Ça tombe bien, c'est à Montréal, et à Québec la semaine suivante. Blues post-olympique pour deux des grands héros des Jeux de Vancouver? Pas une miette. Les deux patineurs ont très hâte d'en découdre sur la glace.

Lundi après-midi, aréna Maurice-Richard. Marianne St-Gelais, 20 ans, a l'air brumeux d'une étudiante qui vient de finir un cours de trois heures au cégep. Elle s'allume en voyant deux patineuses américaines au visage inconnu tournoyer sur la glace. Youpi, deux nouvelles adversaires à qui se mesurer!

À ses côtés, Charles Hamelin, 26 ans, tuque grise enfoncée jusqu'aux oreilles, l'incontournable barbe, celle qui lui donne une allure féroce sur la patinoire alors qu'il est si doux et gentil dans la vie. À part cette bague olympique au doigt, ils n'ont vraiment pas changé depuis leur triomphe des Jeux de Vancouver, où ils ont fourni 80% de la récolte de cinq médailles de l'équipe canadienne de courte piste.

Prétexte à cette rencontre avec La Presse: revoir les vidéos de leurs épreuves de 500 mètres, où Hamelin a gagné l'or, et St-Gelais, l'argent. En fouillant dans les archives virtuelles, on tombe d'abord sur la demi-finale du 1500 m, qui fut une immense déception pour Charles, incapable de se qualifier pour la finale.

Marianne ne se peut plus: «C'est ben trop stressant! Pourquoi j'ai accepté ça? Même dans 100 ans, je ne serai pas capable de la regarder.» Charles est plus analytique, décortique sa prestation, presque au coup de patin.

Place au premier 500 m de Marianne, où la nervosité était à son comble. «J'ai la patte qui shakait sur le départ...» note-t-elle. Elle trouve qu'elle patine très mal.

Ça ira beaucoup mieux trois jours plus tard, en demi-finale. Malgré le vacarme au Pacific Coliseum, on entend son cri aigu quand elle traverse la ligne. Sa joie extrême tranchait avec la déception de Kalyna Roberge, contrainte à regarder la finale sur le bord de la bande, comme à Turin. Elle fut la première à qui St-Gelais, extatique, est tombée dans les bras après avoir décroché sa médaille d'argent.

Sous les gradins, Charles s'est rongé les ongles. «C'est l'un des moments de ma vie où j'ai été le plus stressé, plus que si c'était moi qui patinais», dit-il.

Effectivement, Charles est impassible lors de la présentation des finalistes du 500 m, sa dernière chance de gagner une médaille individuelle à Vancouver.

Il était confiant. Sa forme allait en crescendo depuis son arrivée à Vancouver. Il avait mené toutes ses courses de bout en bout... avant ce dernier tour de la finale. Mais dans le dernier virage, il a refait l'intérieur au Coréen. Celui-ci est tombé avant d'accrocher d'une main les deux patins du Québécois. Hamelin a produit un effort surhumain pour traverser la ligne sur ses deux lames et éviter la disqualification. Voilà à quoi servent les muscles stabilisateurs.

Assise dans les gradins, Marianne a vu Charles la montrer du doigt. Aidée par un bénévole, elle a réussi à descendre de l'estrade avant de bondir sur les coussins et sauter dans les bras de son champion de chum. Rien n'était planifié. «Sur le coup, je n'ai pas réalisé ce qu'on venait de faire», dit Charles.

La scène a marqué les esprits. «Sortez-vous encore ensemble?» est d'ailleurs la question que le public leur pose le plus souvent depuis la fin des Jeux. Comme si leur idylle était forcément une amourette olympique. Pourtant, ils formaient un couple depuis déjà trois ans. Ils viennent d'ailleurs de s'acheter un appartement à deux pas de l'aréna.

Ah! ils sont devenus riches! Ça, c'est la question des journalistes, disent-ils en riant. Pour tout dire, pas vraiment. Charles a renouvelé ses commandites avec Oakley, Nike et l'organisme de bienfaisance KidSport. De façon plus modeste, Marianne a reconduit une entente avec le Zoo sauvage de Saint-Félicien, sa patrie natale. Et elle reçoit maintenant le soutien de l'Association des concessionnaires automobiles de Saint-Félicien, «LA ville de l'automobile».

Ils ne sont pas déçus. Au contraire. «Si je n'étais pas patineuse, je n'en aurais jamais eu, de commandites, dit Marianne. Je serais étudiante au cégep et j'aurais sept cours par session.» Charles ajoute que s'il avait voulu faire de l'argent en faisant du sport, il aurait joué au hockey. «Tu n'aurais pas été bon», prend soin de préciser Marianne, jamais à court de piques.

L'aventure olympique de Vancouver n'a été que du bonheur. Marianne et Charles s'en promettent autant d'ici Sotchi en 2014.

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COUPE DU MONDE DE MONTRÉAL

Horaire de la compétition

DEMAIN

de 9h30 à 17h30: Qualifications 500m, 1000 m, 1500mX2 et relais

SAMEDI

9h30 à 11h30: Repêchage 1000 m et 1500m

13h30 à 17h30: Quarts de finale, demi-finales et finales 1000 m, 1500 m et demi-finale relais

DIMANCHE

9h30 à 11h30: Repêchage 500met 1500m

13h30 à 17h30: Quarts de finale, demi-finales et finales 500m, 1500 m et relais

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L'équipe canadienne:

HOMMES

Guillaume Bastille, Rémi Beaulieu, Michael Gilday, Charles Hamelin, François Hamelin, François-Louis Tremblay

FEMMES

Marie-Ève Drolet, Jessica Hewitt, Valérie Lambert, Valérie Maltais, Marie-Andrée Mendes Campeau, Marianne St-Gelais

Pour plus d'information: www.coupedumonde2010.ca