Kalyna Roberge et Olivier Jean ont raté une occasion rêvée de cacheter leur billet pour les Jeux olympiques. Mais ils se sont néanmoins rapprochés du but en signant chacun une deuxième victoire lors des sélections olympiques de patinage de vitesse courte piste, mercredi soir, au Pacific Coliseum de Vancouver.

Après une déception au 500 mètres, Roberge et Jean, les deux grands favoris, ont rétabli la hiérarchie en s'imposant sur 1000 mètres en conclusion de cette deuxième de cinq journées de compétition, où la tension a monté d'un cran.Si Roberge a dominé de bout en bout, Jean a frôlé la disqualification à la suite de deux contacts, dont un avec Guillaume Bastille quand il s'est emparé de la tête avec trois tours à faire.

Un peu tout le monde s'attendait à une disqualification, y compris Jean, mais les arbitres ont choisi de laisser les patineurs décider de l'issue de la course, pour emprunter au langage du hockey.

«Je ne mentirai pas, avant d'être content, j'ai attendu de connaître les décisions des officiels, a reconnu Jean quelques minutes plus tard. Je sais que j'ai fait un dépassement serré, le genre de dépassement qui aurait pu jouer en ma faveur ou en faveur du patineur en tête. Moi, je suis super content de ma victoire. Ce n'est pas moi qui prends la décision. Des fois, il y a des décisions qui nous avantagent. Des fois, il y en qui nous désavantagent. C'est ça le courte piste.»

Luttant pour la deuxième place, Bastille a chuté quelques mètres avant la ligne, ce qui l'a relégué au quatrième rang. Dure fin de journée pour le patineur de Rivière-du-Loup, qui rêvait d'une première victoire à Vancouver après sa deuxième place au 1500 m, dimanche.

Bastille, qui a passé sa frustration sur une chaise, s'attendait à une disqualification de Jean, mais il préférait s'attarder sur son propre comportement en course.

«C'était un dépassement vraiment serré, a-t-il relaté après avoir retrouvé son calme, une demi-heure après la fin de l'épreuve. J'ai fermé la porte vu que c'était pas mal la fin de la course. J'aurais sûrement dû le laisser passer et le dépasser de nouveau. Mais sur le moment, j'ai juste fermé la porte, j'ai gardé ma place. Mais il a 60 livres de plus que moi, ça fait qu'il m'a tassé...»

Deux heures plus tôt, Jean a été plus malchanceux en finale du 500 mètres. Après avoir bien anticipé le départ, il est entré en contact avec François Hamelin. Déjà en déséquilibre, ce dernier n'a pu éviter la chute, entraînant Jean avec lui.

L'Albertain Liam McFarlane, un as des départs, a pu filer vers une victoire relativement facile, suivi par Marc-André Monette, lui aussi ennuyé par la double chute.

Jean a dû se contenter du troisième rang. Une victoire lui aurait procuré une qualification olympique automatique puisqu'il avait déjà enlevé le premier 500 m disputé dimanche. «J'aurais aimé ça, c'était ça le plan de match, a reconnu Jean, médaillé de bronze sur 500 m aux derniers Mondiaux de Vienne. Mais je ne suis pas mal pris. J'ai déjà deux victoires et deux troisièmes places ; c'est moi qui suis dans la meilleure position.»

Deuxième du 1000 m et troisième du 500 m, Hamelin occupe le deuxième rang du classement cumulatif. Troisième du 1000 m et deuxième du 500 m, Monette suit au troisième rang. Bastille est quatrième, suivi de Michael Gilday, gagnant du 1500 m, dimanche.

Avec trois postes à l'enjeu - Charles Hamelin est déjà qualifié tandis que François-Louis Tremblay, blessé, devrait recevoir une invitation - la lutte promet d'être féroce jusqu'à la fin.

Du côté féminin, Roberge a consolidé sa position en tête grâce à une victoire sans appel au 1000 m.

Cela compensait pour une décevante quatrième place en finale du 500 m, deux heures plus tôt. Coincée derrière les explosives Jessica Gregg et Marianne St-Gelais, respectivement première et deuxième, la menue patineuse de Saint-Étienne-de-Lauzon avait joué le tout pour le tour en amorçant un audacieux dépassement extérieur. Sans succès. À l'instar de Jean, une première place aurait assuré Roberge d'un ticket olympique.

Qu'importe, Roberge se réjouissait de la façon dont elle a rebondi au 1000 m. «J'ai tiré avantage de mon physique dans le 1000 m, a souligné la patineuse de 22 ans. Je suis une fille qui récupère rapidement. Donc après trois courses de 500 m, c'est sûr que c'était un avantage pour moi.»

Tania Vicent est une autre athlète qui récupère rapidement. Doyenne des sélections à l'âge de 33 ans, elle s'est approchée d'une quatrième participation aux Jeux olympiques en prenant le troisième rang du 500 m et le deuxième du 1000 m.

Dimanche, elle avait gagné le 1500 m grâce à un spectaculaire dépassement depuis l'arrière du peloton, en plus de finir troisième du premier 500 m.

Mathématiquement, rien ne l'assure d'une sélection. Mais Vicent est confiante d'avoir fait assez forte impression pour, si besoin est, recevoir une invitation discrétionnaire du comité haute performance.

«Ça démontre que je suis parmi les quatre meilleures au Canada, a souligné Vicent, tout sourire quelques minutes après sa troisième place au 500 m. Si je n'ai pas ma place aux Jeux avec ça, je ne sais pas ce que ça prendra!»

Il s'agit d'un revirement spectaculaire pour Vicent, qui espérait seulement être «dans la game» à Vancouver. En janvier dernier, constamment à la traîne, sans vitesse ni énergie, elle avait raté sa qualification pour les Mondiaux de Vienne, une première en plus de 15 ans de carrière. Huit mois plus tard, les jambes et les bonnes sensations sont au rendez-vous.

«Des fois, tu es dans le flow, dans la zone», a-t-elle fait remarquer au sujet de sa victoire dimanche. Je disais à mon cerveau «fais ça» et mes jambes embarquaient tout de suite.»

Marie-Ève Drolet, coéquipière de Vicent aux Jeux olympiques de 2002, connaît des sélections plus difficiles. De retour à la compétition l'automne dernier après un long hiatus de plus de six ans, elle n'a atteint aucune finale jusqu'ici.

Drolet croyait y être parvenue au 1000 m, mercredi, mais elle a été disqualifiée après avoir provoqué une chute en demi-finale. Rien n'est perdu, mais la côte paraît soudainement plus longue à remonter.

La compétition reprend samedi avec la deuxième présentation du 1000 et du 1500 m. La formule de la sélection, très complexe, tient compte des deux meilleurs résultats sur trois sur chacune des trois distances olympiques (500, 1000 et 1500 m).