Arrivé à Québec mercredi soir au coeur d'une controverse, Patrick Chan est reparti hier avec l'assurance qu'il a gardé l'appui du public. «C'est ce que j'ai le plus apprécié de cette compétition, a-t-il insisté. Les cris des spectateurs et le soutien des amateurs toute la semaine valent beaucoup plus pour moi que les médailles.

«Je tiens à remercier Québec et les Québécois, qui nous ont vraiment appuyés, moi personnellement, mais aussi tous les compétiteurs. L'amphithéâtre était petit et on sentait vraiment l'énergie de la foule. Samedi, quand j'ai entendu les cris après qu'on a annoncé mon nom avant mon programme, cela a fait ma journée!»

Après avoir heurté la rampe, vendredi dans son programme court, Chan a encore commis quelques petites erreurs dans le programme long. Mais il dispose d'une telle marge sur ses rivaux qu'il a pu se sauver avec la victoire.

Le champion du monde a raté une combinaison, fait une chute sur un triple saut et paru hésitant sur plusieurs sauts, mais il a largement compensé ses bévues par un patinage toujours à la limite et par une prise de risques maximale dans les passages les plus complexes de sa chorégraphie.

Des progrès

Avec un pointage de 173,67 dans le programme long (son meilleur de la saison) et un total de 260,30, Chan a largement devancé le Japonais Daisuke Takahashi (249,12) et l'Espagnol Javier Fernandez (247,55), même si ces derniers ont offert d'excellentes performances, peut-être même meilleures que la sienne aux yeux de certains.

«Je suis fier de mon programme, parce que j'ai improvisé des changements pour reprendre les éléments que j'avais ratés, une chose que je ne fais jamais à l'entraînement, a expliqué le champion. Cela a très bien fonctionné et je suis très heureux du résultat.»

Hier, quelques heures avant le gala de clôture, le patineur de 20 ans est revenu sur sa semaine. «J'ai évidemment beaucoup appris au cours des derniers jours. J'ai été naïf, mais je n'ai aucun regret. Je ne peux me laisser déranger par de telles histoires.

«Techniquement, j'ai encore des choses à améliorer, mais je sens que je progresse à chaque compétition. Je n'avais jamais réussi un triple axel comme je l'ai fait samedi. La saison est encore longue; il y aura les nationaux, la Coupe des Quatre Continents, les Championnats du monde... Mais je serai heureux de profiter du congé des Fêtes pour recharger mes batteries!»

Comme Chan l'a souvent répété, Québec a fort bien accueilli cette finale du Grand Prix. Le choix du Pavillon de la jeunesse a certes limité la capacité (un peu plus de 4000 sièges), mais il a offert de meilleures installations pour la télévision et les services aux délégations et aux dignitaires.

«Ces grands événements internationaux sont très politiques», a rappelé le président de Patinage Canada, Benoit Lavoie, qui est natif de la région et a piloté l'organisation de la finale. «Je suis heureux de voir que les gens de Québec se sont investis dans l'événement - je sais que plusieurs l'ont fait pour moi -, et tout le monde est content du résultat.»

Jeux de coulisses

Le président de l'ISU, Ottavio Cinquanta, s'est d'ailleurs permis des références aux «projets» olympiques de la Vieille Capitale, assurant qu'il aurait tenté sa chance s'il avait été à la place des autorités québécoises.

Plus sérieusement, M. Cinquanta a vanté la qualité de l'organisation, estimant que Québec pouvait faire la leçon à bien d'autres villes. Chose certaine, le Château Frontenac, quartier général des délégations, a été le théâtre de bien des tractations au cours de la semaine. Qui sait quelles grandes décisions y ont été prises?

Le Canada accueillera les Mondiaux de patinage artistique en 2013, à London, en Ontario, et Lavoie, dont le mandat prendra fin en 2015, rêve d'offrir à Québec un événement de cette envergure dans l'avenir.