Patrick Chan dit souvent que la seule pression qu'il subit est celle qu'il s'impose lui-même. Le Champion du monde s'est un peu surpassé cette semaine en se retrouvant bien malgré lui au coeur d'une controverse.

Dans une entrevue accordée à l'agence Reuters il y a plusieurs mois, mais publiée seulement mardi, Chan disait qu'il se sentait de plus en plus «Chinois» - la nation d'origine de ses parents - en raison du peu de reconnaissance qu'il obtient au Canada.

«Parfois, je sens que nous (les patineurs artistiques) ne sommes pas appréciés pour tous nos efforts et notre travail, disait Chan dans l'article. (En Chine) j'aurais beaucoup plus de reconnaissance pour mes succès en tant que patineur.»

L'athlète de 20 ans a expliqué hier à Québec que la plupart des propos avaient été cités hors contexte. «En fait, je ne me souviens même plus de cette entrevue. Je venais de rentrer d'un voyage de deux semaines et Chine et j'étais encore émerveillé par le patrimoine du pays d'origine de mes parents.

«Cela dit, je n'ai jamais parlé du traitement réservé aux patineurs chinois. Je n'y ai passé que deux semaines, je ne parle pas le mandarin et je ne sais pas du tout comment ils sont encadrés.»

En coulisse, la mère du patineur a rappelé qu'il était né au Canada, que son père était arrivé au pays il y a plus de 40 ans et qu'elle-même était née à Hong Kong et n'avait jamais mis les pieds en Chine.

«J'ai été naïf, a reconnu Chan. J'aurais dû préciser que mon admiration pour ma culture d'origine ne me faisait pas oublier que je suis et demeure un fier Canadien. J'ai toujours été soutenu par Patinage Canada et ils m'ont encore assuré de leur support dans toute cette affaire. La tradition du patinage artistique est longue et prestigieuse au Canada et je suis fier de suivre les traces de patineurs comme Elvis Stojko ou Kurt Browning.»

Chan a toutefois reconnu qu'il avait bien regretté, dans l'entrevue à Reuters, le manque de reconnaissance envers les patineurs artistiques au Canada. «J'aimerais que les gens réalisent davantage ce que représente une carrière de patineur, qu'ils aient une meilleure compréhension des efforts et des sacrifices que ces athlètes - et leurs familles souvent - doivent consentir pour arriver au sommet.

«Je suis l'un des plus choyés et je ne me plains pas personnellement, mais j'aimerais que notre sport reçoive plus d'attention ici, que les spectateurs soient plus nombreux aux compétitions.»

Chan pourra mesurer l'effet de cette controverse dès vendredi, devant le public du Pavillon de la jeunesse de Québec où débutera la compétition sénior de la Finale du Grand Prix. Vainqueurs à Skate Canada et au Trophée Bompard plus tôt cette saison, le patineur de 20 ans n'a pas encore retrouvé son niveau des derniers mondiaux, quand il avait établi trois records mondiaux.

«J'espère offrir aux spectateurs de Québec de meilleures performances qu'à Mississauga et à Paris. J'ai hâte de sauter sur la glace. J'y redeviens moi-même et c'est là que je ressens vraiment la liberté du patinage», a conclu Chan dans un français sans faute qui pourrait faire réfléchir la horde de commentateurs «canadians» qui l'ont critiqué sans retenue hier sur bien des tribunes.