Le patron de l'Agence antidopage américaine (USADA) a critiqué mercredi la gestion du dossier du dopage institutionnalisé en Russie par le CIO, considérant que ce dernier avait manqué de clarté dans ses positions et ne s'était pas montré assez ferme.

Lors des récents Jeux d'hiver en Corée du Sud, une délégation d'athlètes russes considérés comme « propres » avait été autorisée à participer, malgré la décision de suspendre le Comité olympique russe prise le 5 décembre dernier, conséquence du scandale de dopage institutionnalisé mis au jour par l'Agence mondiale antidopage (AMA) en novembre 2016.

En prenant une telle décision, le CIO « a fait le choix de ne pas défendre les athlètes qui sont propres et de ne pas s'opposer au dopage institutionnalisé », estime Travis Tygart, le président de l'USADA.

« Il est certain qu'une telle décision ne sera pas jugée avec bienveillance au regard de l'Histoire », a ajouté M. Tygart lors d'une audition sur le dopage dans le sport devant la Commission Helsinki, une organisation américaine spécialisée dans les droits de l'homme en Europe.

Fin février, le CIO a levé la suspension de la Russie, réintégrant le Comité olympique russe, malgré deux nouveaux cas de dopage durant les JO d'hiver de Pyeongchang.

Pour M. Tygart, après les révélations autour d'un dopage institutionnalisé en Russie, le CIO « a manqué - ou ignoré - un moment décisif pour affronter, de la manière la plus claire possible, la culture de corruption et du "gagner à tout prix" qui préside dans la question du dopage dans le sport ».

« C'était l'occasion de tracer une ligne claire, une chance de se ranger du côté des athlètes propres. Et pourtant, quand le moment est venu, quand tous les signaux étaient allumés, le CIO a failli à sa mission de leader », a ajouté le patron de l'antidopage américain.

Parmi les autres personnes entendues par la commission se trouvait également l'ancienne athlète russe Yuliya Stepanova, qui avait fui la Russie avec son mari Vitaly, après avoir fait des révélations sur le dopage généralisé en Russie en 2014.

« Le combat contre la corruption dans le sport russe n'est pas facile à mener », a expliqué Stepanova.

Pour elle, beaucoup d'athlètes russes qui se dopent « n'ont pas conscience de faire quelque chose de mal, car ils pensent que tous les athlètes du monde font la même chose ».