Après un siècle d'attente et de cuisants échecs, Paris triomphe enfin en décrochant officiellement l'organisation des Jeux olympiques de 2024 tandis que Los Angeles a hérité des JO de 2028, mercredi lors de la 131e session du CIO à Lima.

Paris rejoint ainsi Londres dans le club fermé des villes ayant reçu trois fois les JO, après 1900 et 1924. Tout comme Los Angeles qui a déjà été le théâtre du plus grand rendez-vous multisport au monde en 1932 et 1984.

Les 84 membres votants du CIO ont validé à l'unanimité et à mains levées cette double attribution qui ne réservait plus guère de suspense depuis la validation en juillet du principe.

Le vote a été précédé d'une ultime présentation des deux projets.

«Cette victoire, c'est la France», a immédiatement salué le président français Emmanuel Macron, depuis la Guadeloupe (île des Antilles françaises) à la fin d'une visite dans la zone ravagée par l'ouragan Irma. «C'est un engagement de tout un pays» au côté du CIO, avait-il déclaré un peu plus tôt dans un message vidéo adressé aux membres du CIO. «Défendre les valeurs de l'olympisme c'est aussi oeuvrer pour plus d'équilibre, plus de multiculturalisme».

«Pour ma ville je ne pourrais pas être plus heureux», a réagi le maire démocrate de Los Angeles, Eric Garcetti, juste après la désignation de sa ville pour 2028.

Qualifiée «d'historique» par son président Thomas Bach, cette attribution simultanée qui rompt avec la tradition du CIO, l'est à plus d'un titre. «C'est vraiment la situation gagnant-gagnant-gagnant que nous recherchions», a ajouté M. Bach.

Pour Paris d'abord qui, après trois défaites douloureuses - dont la dernière en 2005 face à Londres-2012 - a enfin décroché le Graal que représentent les JO du centenaire, grâce à un dossier calibré pour combler les attentes du CIO, mais aussi un timing et un enchaînement de circonstances hyper favorables.

La ville où le baron Pierre de Coubertin avait fondé le CIO et fait renaître les jeux Olympiques en 1894, renoue ainsi avec son histoire sportive.

La France «le mérite»

«La France mérite ce moment», a estimé dans un entretien à l'AFP Tony Estanguet, qui dit avoir «hâte d'être au 2 août 2024 pour la cérémonie d'ouverture».

La décision prend une dimension tout aussi historique pour Los Angeles et surtout pour le CIO qui, secoué par des soupçons de corruption dans la désignation de Rio en 2009, rompt avec la tradition en attribuant deux éditions des JO lors d'une même session.

Alors que Hambourg, Rome et Budapest ont tour à tour renoncé, il ne restait plus que Paris et Los Angeles dans la course. Avant que le CIO n'évoque en décembre dernier la possibilité d'une double attribution de 2024 et 2028, sans campagne pour 2028. Encore fallait-il que l'un des deux concurrents accepte de repousser son projet de 4 ans. Ce que Los Angeles a fait en échange d'une rallonge de 100 millions de dollars dans la contribution garantie par le CIO. Au total, Los Angeles recevra 1,8 milliard US du CIO contre 1,7 milliard US pour Paris.

Après les dérives budgétaires de Sotchi et «les éléphants blancs» d'Athènes ou Rio, les budgets des deux projets sont plus modestes: 6,6 milliard d'euros pour Paris et 5,3 milliards de dollars US pour Los Angeles.

De ses cuisantes défaites pour 1992, 2008 et surtout 2012 face à Londres, le mouvement sportif français a retenu la principale leçon: à lui cette fois de porter la candidature et de convaincre les politiques d'abandonner le pilotage.

Place à la célébration

Bernard Lapasset, alors président de World Rugby, en fut le premier patron. Derrière, se sont agrégés le triple champion olympique de canoë Tony Estanguet - son alter ego à la tête de la candidature - puis Teddy Riner, présent à Lima, Marie-José Pérec et autres héros de l'imagerie sportive nationale.

Du côté américain, derrière M. Garcetti et le président de la candidature, Casey Wasserman, les sportifs se sont aussi beaucoup investis, avec au premier rang l'ancienne championne olympique de natation Janet Evans ou encore l'ancienne star de l'athlétisme, Michael Johson.

Après une campagne longtemps incertaine avant de perdre son suspense, place maintenant à la célébration qui a immédiatement débuté, malgré la pluie, au Trocadéro à Paris, où des anneaux olympiques géants ont été dévoilés.

Paris-2024 a tout prévu: le comité de candidature a réservé le restaurant gastronomique Astrud et Gaston, l'une des meilleures adresses de Lima où officiera le chef français Alain Ducasse, pour savourer son succès. Avant une série de festivités à Paris dès jeudi et une réception à l'Élysée vendredi.

Puis dès le 21 septembre, Emmanuel Macron et Anne Hidalgo accompagneront Thomas Bach à Marseille qui accueillera en 2024 les épreuves de voile.

Avant cela, le président du CIO se rendra dès dimanche à Los Angeles pour allumer la vasque olympique au Coliseum.