Paris, écartée de la fête olympique depuis 1924, et Los Angeles, hôte pour la dernière fois en 1984, doivent être officiellement désignées mercredi villes hôtes respectivement des JO de 2024 et 2028, à l'issue d'une double attribution qui ne fera que des gagnants.

Après trois échecs douloureux, dont le dernier en 2005 face à Londres-2012, Paris va enfin décrocher le Graal avec l'organisation des JO du centenaire en 2024 grâce à un dossier calibré pour combler les attentes du CIO, ainsi qu'un timing et un enchaînement de circonstances hyper-favorables.

De son côté, après 1932 et 1984, Los Angeles va de nouveau accueillir les JO et promet comme en 1984 une édition largement bénéficiaire.

Après le renoncement de Hambourg, Rome et Budapest et pour éviter de perdre un des deux poids lourds, le patron du CIO, l'Allemand Thomas Bach a sorti de son chapeau en décembre 2016 l'idée d'une attribution simultanée des JO de 2024 et 2028. Encore fallait-il que l'un des deux prétendants accepte de différer son projet calibré à l'origine uniquement pour 2024.

Los Angeles, qui affirme avoir obtenu «une meilleure affaire», a accepté en échange d'une rallonge de 100 millions de dollars dans la contribution fournie par le CIO (1,8 milliard de dollars contre 1,7 milliard à Paris). Il pourra de plus exploiter plus longuement les symboles olympiques et recevra une avance substantielle du CIO (180 millions de dollars sans intérêts).

«J'ai toujours cru qu'on était bien positionné pour gagner mais il était important d'aller chercher des voix, quel que soit le scénario», estime Tony Estanguet, co-président de Paris-2024, pour qui «sur la fin, ce qui comptait c'était d'avoir un bon retour des membres du CIO».

De ses cuisantes défaites pour 1992, 2008 et surtout 2012 face à Londres, le mouvement sportif français avait retenu la principale leçon: ce serait à lui, à l'avenir, de porter une éventuelle candidature et de convaincre les politiques d'abandonner le pilotage.

Bernard Lapasset, président de World Rugby, en fut le premier patron. Derrière lui, se sont agrégés le triple champion olympique de canoë Tony Estanguet - son alter ego à la tête de la candidature -, puis Teddy Riner, Marie-José Pérec et autres héros de l'imagerie sportive nationale.

Monuments iconiques

Mais une fois les sportifs aux commandes, encore fallait-il présenter un dossier au moins aussi bon que celui qui, il y a 12 ans, avait suscité, de la part du CIO, plus de louanges que celui de Londres-2012.

Pour ce faire, l'équipe parisienne a collé aux recommandations de l'Agenda 2020, paquet de réformes présenté par Thomas Bach fin 2014, un an après son élection. Au menu: compression des coûts grâce au recours prioritaire aux infrastructures existantes et surtout à la mise en accord du projet avec les besoins du territoire.

À l'arrivée, Paris s'enorgueillit de n'avoir rien de pérenne à bâtir hormis un centre aquatique promis depuis le début des années 2000 et un village des athlètes qui sera reconverti en logements. Le tout pour un budget modeste, inférieur à 7 milliards d'euros, largement en deçà des dernières éditions comparables (11 milliards d'euros pour Londres).

Aux infrastructures existantes (Stade de France, nouveau Roland-Garros, Bercy, Parc des Princes, Jean-Bouin, Arena-92) et aux constructions temporaires, s'ajouteront les monuments iconiques parisiens, tels le Champ de Mars, l'esplanade du Trocadéro, les Invalides et le Grand Palais.

Un calendrier très propice

Mais un bon dossier et une équipe à la hauteur ne garantissent pas un succès. Au-delà de ses atouts propres, Paris a bénéficié tout au long de sa campagne, entamée en 2015, d'une série de circonstances extérieures qui, pour la première fois, ont servi ses desseins.

D'abord, le calendrier incluant à la fois la tacite mais vivace règle de l'alternance des continents et la cruciale équation des droits de télévision, était favorable à Paris: après Rio-2016 et Tokyo-2020, il était logique que les Jeux reviennent en Europe. De même, les échéances de renégociation des contrats avec les diffuseurs laissaient clairement apparaître que l'option Jeux européens en 2024/américains en 2028 était de loin la meilleure option financière pour le CIO.

Si Paris peut s'enorgueillir d'organiser des épreuves dans des sites prestigieux, Los Angeles ne sera pas en reste.

Le Staples Center, le domicile des Lakers de Los Angeles, accueillera les meilleurs joueurs de basket du monde, les plages de Santa Monica les tournois de volleyball de plage et Thomas Bach allumera dès dimanche prochain la flamme olympique dans le Coliseum, le mythique stade d'athlétisme, déjà théâtre des JO de 1932 et des exploits de Carl Lewis en 1984 (4 médailles d'or).