L'Agence mondiale antidopage (AMA) a dénoncé de sérieuses failles dans la gestion des contrôles antidopage aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, précisant que l'intégrité du système avait uniquement été préservée par «l'énorme débrouillardise et la bonne volonté» de certains membres clés.

Dans un rapport de 55 pages rédigé par une équipe d'observateurs indépendants dirigée par l'avocat britannique Jonathan Taylor, l'AMA a indiqué que les problèmes logistiques, qui ont provoqué de la tension dans le processus de dépistage des drogues de performance, étaient «prévisibles et totalement évitables» pendant les JO qui se sont déroulés en août.

Le document cite un problème de coordination, les coupes budgétaires, les tensions persistantes entre le comité organisateur et l'Agence antidopage brésilienne, ainsi que la formation inadéquate pour expliquer les ratés - certains jours, seule la moitié des échantillons qui devaient être recueillis hors des sites de compétition au village des athlètes l'étaient réellement.

«Au bout du compte, de nombreux athlètes ciblés pour des tests antidopage au village des athlètes n'ont tout simplement pas été retrouvés et donc la tâche a été abandonnée, peut-on lire dans le rapport. Parfois, jusqu'à 50% des tests prévus n'ont tout simplement pas été effectués.»

Ce rapport, qui a été rendu public jeudi par l'organisation dont le siège social se trouve à Montréal, a mentionné que le processus de cueillette des échantillons au village était si erratique qu'il a «frôlé le point de rupture».

«Le processus ne s'est pas totalement effondré en raison de l'énorme débrouillardise et la bonne volonté de certains membres clés du personnel antidopage, évoque-t-on dans le rapport. Grâce à leur initiative, leur ténacité et leur professionnalisme devant des obstacles majeurs, de nombreuses brèches parmi celles qui ont été évoquées plus tôt ont pu être colmatées et la cueillette des échantillons a été réalisée de manière à assurer l'identité et l'intégrité de ceux-ci.»

Parmi les nombreuses failles énumérées dans le rapport, il est indiqué qu'aucun test antidopage n'a été effectué à l'extérieur des sites de compétition au soccer et que «très peu, voire aucun test de dépistage sanguin» n'a été réalisé sur les sites de compétition dans des sports à haut risque, dont l'haltérophilie.

Par voie de communiqué expédié à l'Associated Press, les organisateurs des Jeux de Rio ont pris une partie du blâme pour cet échec, mais ont aussi tenu le gouvernement brésilien responsable.

«Nous aurions dû être plus efficaces afin de protéger davantage l'accès aux zones réservées aux contrôles antidopage dans certains stades, a admis le porte-parole de Rio 2016 Mario Andrada. La plupart du contenu du rapport, cependant, a à voir avec les problèmes matériels et opérationnels du laboratoire, qui sont la responsabilité du gouvernement fédéral et du ministère des Sports.»

Le dopage a défrayé les manchettes durant les mois qui ont précédé les Jeux de Rio, et des allégations de dopage parrainé par l'État russe ont entraîné des sanctions contre certains athlètes russes et la réanalyse de 840 échantillons prélevés aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 et de Londres en 2012.