Après Tokyo en 2020, quelle ville organisera les Jeux olympiques d'été 2024? La réponse tombera dans exactement un an, le 13 septembre 2017 à Lima, ce qui laisse peu de temps aux quatre villes en lice, Budapest, Los Angeles, Paris et Rome pour convaincre.

Durant ces 12 derniers mois, les quatre villes vont finaliser leur projet et recevoir la visite de la commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO). Les experts du CIO, emmenés par l'ancien sprinter namibien Frankie Fredericks, remettront ensuite en juillet 2017 leurs conclusions à la centaine de membres qui se prononceront deux mois plus tard.

À l'amorce de la dernière ligne droite, et alors que Los Angeles et Paris font figure de favoris, de nombreuses questions ne manquent pas de se poser. Éléments de réponse.

Budapest: fort soutien de Viktor Orban mais manque d'expérience

La candidature hongroise dispose du soutien sans faille du Premier ministre Viktor Orban, un atout qui pourrait cependant se transformer en léger handicap, au vu de ses thèses hostiles aux migrants qui suscitent la controverse. La Hongrie, membre fondateur du CIO et huitième nation au tableau des médailles olympiques, n'a encore jamais organisé les Jeux. Elle propose un projet compact, avec la majorité des sites autour de sa capitale Budapest et le long du Danube, dans un rayon de 10 km autour du Village olympique, hormis la voile disputée sur le lac Balaton. La capitale hongroise veut profiter des réformes contenues dans l'Agenda 2020, dont l'objectif, selon elle, est de «garantir que l'organisation des JO n'est plus l'apanage des 20 plus grandes villes dans le monde». Désignée capitale européenne du sport pour 2019, la cité organisera les Championnats du monde de natation en 2017.

Los Angeles: des sites existants, l'innovation mise en avant

Los Angeles a pris le relais de Boston qui a finalement renoncé à sa candidature. La métropole californienne, déjà organisatrice des Jeux d'été à deux reprises, en 1932 et 1984, se veut d'abord rassurante et répète à l'envi qu'elle dispose de toutes les installations. Le Los Angeles Memorial Coliseum, déjà utilisé en 1932 et 1984 et qui sera rénové, sera de nouveau la pierre angulaire du projet. Le campus de l'université UCLA accueillera le Village olympique, tandis que les épreuves seront réparties sur quatre grands sites, dont un autour de la plage de Santa Monica et l'autre au sud de la baie. «Nous voulons capitaliser sur l'immense pool d'innovation et les ressources entrepreneuriales» de la Silicon Valley, insiste une candidature portée vers l'innovation et le numérique, élément auquel le président du CIO Thomas Bach s'est dit très sensible. Le comité de candidature est mené notamment par le maire démocrate de Los Angeles Eric Garcetti et par la nageuse multimédaillée olympique Janet Evans. Le diffuseur américain NBC Universal a acquis en mai 2014 pour 7,65 milliards de dollars les droits de diffusion des Jeux de 2021 à 2032, contrat qui, selon certains, pourrait peser au moment de choisir la ville-hôte des JO de 2024.

Paris: la Ville lumière a retenu les leçons du passé

Candidate malheureuse pour l'attribution des JO 1992, 2008 et 2012, Paris semble cette fois avoir digéré et analysé ses échecs. Fortement soutenue par les politiques, Anne Hidalgo la maire socialiste de la capitale française, et le chef de l'État François Hollande, la candidature met aujourd'hui en vedette les sportifs, retraités ou en activité, à l'image du triple champion olympique de canoë Tony Estanguet, co-président de Paris-2024 avec Bernard Lapasset, artisan de l'introduction du rugby à VII au programme olympique. Paris, qui a accueilli les JO en 1924, propose des Jeux raisonnés, très axés sur le développement durable, avec notamment près de 95% des sites déjà construits et l'utilisation de sites emblématiques de son centre historique comme le Champs-de-Mars, l'Esplanade des Invalides, le Grand Palais ou le Trocadéro. Avec les seuls village olympique et centre aquatique à construire, le projet parisien se veut économe, présentant un budget consacré aux infrastructures de 3,2 milliards d'euros. Principal point noir du dossier français: les attentats terroristes qui ont frappé le pays et notamment Paris depuis janvier 2015 et qui, lors des Jeux de Rio, ont motivé la plupart des questions des membres du CIO.

Rome: Poids de l'histoire mais opposition politique

La ville éternelle, déjà hôte des JO-1960, sera-t-elle encore en lice lors du vote en septembre 2017? Rien n'est moins sûr au vu de l'opposition de la maire de Rome, Virginia Raggi, élue en juin dernier sous l'étiquette du mouvement M5S dont le chef de file, Beppe Grillo, ne veut pas entendre parler de Jeux olympiques. Et ce, au grand dam du Premier ministre Matteo Renzi, venu soutenir le projet à Rio cet été. Le Comité olympique italien veut pourtant croire que tout n'est pas encore perdu, mais Mme Raggi répète que les JO ne peuvent constituer une priorité pour une ville dont la dette atteint déjà 13 milliards d'euros. Autour du Stade olympique (72 000 places) rénové qui accueillera les cérémonies d'ouverture et de clôture, l'athlétisme ainsi que le soccer, et du village olympique qui sera construit à Tor Vergata, à proximité de l'aéroport de Ciampino, Rome assure disposer de 70% de sites déjà prêts. La natation se déroulera au Foro Italico, le Stadio Flaminio sera modernisé tandis que Cagliari (Sardaigne) accueillera la voile. Le comité de candidature est présidé par le charismatique Luca di Montezemolo, ancien président de Ferrari - et donc de l'écurie de F1 - et du comité d'organisation du Mondial de foot 1990 en Italie.