La crise politique et économique qui secoue le Brésil a relégué à l'arrière-plan les préparatifs en prévision des Jeux olympiques d'été de Rio, les premiers de l'histoire en Amérique du Sud, qui s'ouvriront dans un peu plus de quatre mois.

Un spectacle encore plus imposant fait de l'ombrage aux Jeux de Rio: la lutte de la présidente du Brésil Dilma Rousseff contre sa destitution, tandis que des millions de manifestants défilent dans les rues à travers le pays pour la dénoncer. Tout ça au moment même où des révélations font état de nombreux cas de corruption, alors que le géant sud-américain est empêtré dans sa pire crise économique depuis les années 1930.

«Si ça c'était produit il y a cinq ans, nous aurions pu perdre les JO, a déclaré à l'Associated Press le porte-parole du comité organisateur Mario Andrada. Je n'ai jamais vécu une aussi grosse tempête politique de toute ma vie. Si vous me demandez ce qui risque maintenant de se passer au niveau politique, je n'en ai pas la moindre idée.»

Les dirigeants brésiliens espéraient que l'obtention des JO - et de la Coupe du monde de soccer en 2014 - redorerait l'image du pays à l'étranger. C'est plutôt le contraire qui s'est produit, avec l'importante couverture médiatique accordée à la destitution de la présidente, qui a entraîné le dévoilement des nombreux scandales, la corruption endémique et une forte baisse de la valeur de la monnaie du pays.

Plus tôt ce mois-ci, environ 3 millions de personnes ont pris les rues d'assaut à travers le pays pour participer à des manifestations anti-Rousseff. Ces manifestations seraient d'ailleurs plus importantes que celles de 1984 afin d'exiger la tenue d'élections libres et la fin de la dictature militaire.

Andrada s'est toutefois voulu rassurant, déclarant: «Nous y sommes presque. Les choses que nous demandons au gouvernement - elles sont de moins en moins importantes, et touchent davantage le quotidien».

Il y a cependant des signes préoccupants qui pointent à l'horizon.

La ville de Rio de Janeiro, qui s'affaire à bâtir de nombreux stades pour les JO, a résilié ses contrats pour la construction d'au moins deux d'entre eux - les centres équestre et de tennis - et des délais ont été rapportés dans au moins quatre autres projets olympiques. La Ville estime que 95% des infrastructures sont complétées et que les stades seront livrés dans les délais.

«La crise politique qui sévit au niveau fédéral n'affecte pas les derniers préparatifs en prévision des JO», a déclaré l'hôtel de ville de Rio de Janeiro mardi par voie de communiqué.

Lundi, le directeur du service de police de l'État de Rio de Janeiro, Jose Mariano Beltrame, a mentionné que son budget avait été réduit de 2 milliards de reals brésiliens (600 millions $), une coupure qui aura de toute évidence un impact sur la sécurité pendant les JO.

Le ministre des Sports démissionne

Jaques Wagner, qui dirige le cabinet de la présidente Rousseff, a déclaré que le ministre des Sports George Hilton a démissionné.

Le ministère des Sports a indiqué mercredi, peu après le point de presse de Wagner, qu'il ne pouvait confirmer la démission de Hilton, illustrant parfaitement la confusion qui règne au sein du gouvernement fédéral tandis que Rousseff tente d'éviter la destitution.

Des rumeurs ont circulé la semaine dernière à l'effet que Hilton avait démissionné, sauf qu'il est demeuré en poste.

Hilton a joué un rôle marginal dans l'organisation des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, qui se mettront en branle à compter du 5 août. Les préparatifs en prévision des JO ont été submergés de problèmes tels que de sévères coupes budgétaires, la pollution de l'eau et l'éclosion du virus Zika transmis par les moustiques.