Chantal Petitclerc souhaite que les Canadiens n'oublient pas les prochains Jeux paralympiques, qui auront lieu à Rio de Janeiro, au Brésil, du 7 au 18 septembre. Pour ce faire, elle a amorcé jeudi une tournée pancanadienne afin de le leur rappeler.

Celle qui agira comme chef de mission en vue des Paralympiques de Rio songe depuis un certain temps à la façon dont elle pourrait attirer l'attention des Canadiens sur le sport paralympique. Cette tournée est l'aboutissement de ses réflexions.

«Ça fait quand même un bout de temps que j'ai été nommée chef de mission, un rôle qu'on définit soi-même en fait. (...) Je sentais que mon rôle se trouvait davantage au niveau du leadership, de construire l'équipe, de faire connaître le sport et ses athlètes, explique-t-elle. De là est venue l'idée de faire savoir que les Jeux paralympiques ne se passent pas que du 7 au 18 septembre, mais que ça se passe tout de suite.»

Petitclerc était à Ottawa, jeudi. La tournée devrait se terminer à Vancouver en juin, et un passage à Montréal est prévu en avril.

«On est à finaliser notre calendrier. Ce qu'on sait, c'est qu'on va visiter huit villes. On fera environ une ville par mois. On essaie de garder les Jeux paralympiques dans l'actualité pendant les neuf mois qui nous en séparent. À chaque ville, l'objectif, c'est de réunir des athlètes, des entraîneurs, des journalistes, des dirigeants sportifs et des commanditaires.

«Personnellement, un des objectifs de cette tournée est également d'être en contact avec le plus d'athlètes possible avant d'arriver au village paralympique de Rio. Il s'agit aussi mettre les athlètes en contact avec des médias locaux, au lieu qu'ils se fassent découvrir après leurs premières médailles. Puis, je voulais rencontrer les politiciens et les commanditaires. Tout ça pour créer un engouement envers les Jeux. Je pense que ça peut avoir un bel impact.»

Le prochain arrêt aura lieu à Calgary, le 19 janvier.

Question de perception

Petitclerc ne s'en cache pas: elle cherche également à changer la perception des médias à l'endroit des Jeux paralympiques avec cette tournée.

«Ce qu'on se rend compte, c'est qu'une fois que les Jeux sont commencés et que les médailles rentrent, là, les histoires commencent à sortir et l'intérêt grandit, indique celle qui a récolté 14 médailles d'or paralympiques et une autre aux Jeux olympiques. Mais les journalistes ne sont pas toujours sur place (pour les Paralympiques). Il y a une question de logistique: les Olympiques, c'est gros et c'est long. Est-ce que c'est réaliste d'espérer une même couverture des Paralympiques? Je pense que non. Mais est-ce que c'est réaliste d'espérer une meilleure couverture? Je pense que oui.

«C'était aussi ça l'idée de cette tournée-là: de donner un coup de main aux journalistes. On s'est rendu compte que ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas sur place qu'ils ne veulent pas en parler. Alors si on peut les mettre en contact avec des athlètes, qu'on leur dit quels sont les noms à surveiller, les histoires, on pense qu'il y aura plus de couverture une fois rendu aux Paralympiques, parce que tout n'aura pas à être fait en même temps.»

Idem en ce qui a trait aux amateurs de sport, pour qui les Paralympiques sont parfois encore synonyme de Défi sportif.

«Il y a encore de l'éducation à faire. Le Défi sportif, ce n'est pas les Jeux paralympiques. Les Paralympiques, c'est la plate-forme la plus compétitive pour les athlètes avec handicap. Ça ne se compare à aucune autre compétition dans le monde. Je pense que c'est notre travail de dire qu'il y a une valeur, une importance différente à tous les événements sportifs. Les Jeux du Canada, c'est très important, mais ce ne sont pas les Olympiques et on le sait très bien. On dirait qu'au niveau paralympique, la nuance n'est pas acquise. Alors oui, ça fait partie de ma "job" que d'expliquer tout ça.»

Puiser dans son expérience

Afin d'améliorer l'expérience paralympique à tous les niveaux, la chef de mission compte puiser dans sa propre expérience.

«Chaque chef de mission apporte sa propre signature. Moi, je suis une fille issue de la haute performance et je suis hyper compétitive. Pour moi, les Paralympiques, ce ne sont pas de la participation. Il faut aller là très préparé, de façon très sérieuse. Alors dans mon travail, ce que je dis à mon équipe c'est qu'on y va avec cette attitude de haute performance, de vouloir toujours donner son meilleur. C'est un peu la culture que je veux partager.

«C'est une façon de parler en termes de meilleures performances, mais de meilleures expériences aussi. On est là pour les athlètes et si on travaille en équipe dans une culture de haute performance, ça peut avoir un impact sur l'expérience des athlètes et sur leurs performances. C'est ce que je tente d'inculquer et j'arrive au moment où le Comité paralympique canadien est exactement dans cet état esprit, dans cette mouvance.»