À quelques heures du vote du CIO, vendredi à Kuala Lumpur, Pékin, forte de sa puissance économique et géopolitique, part favorite pour accueillir les 24e Jeux olympiques d'hiver en 2022 mais Almaty, qui promet des Jeux à dimension plus humaine, abat ses dernières cartes.

La capitale chinoise a l'occasion d'entrer dans l'Histoire de l'olympisme: si elle était choisie, elle deviendrait la première ville à accueillir à la fois des Jeux d'été (2008) et d'hiver.

L'agitation confine donc à la frénésie au pied des tours jumelles Petronas, entre le centre de convention de Kuala Lumpur qui accueille la 128e session du CIO et les hôtels de luxe où les deux villes candidates ont installé leur camp de base.

Les plus visibles sont les membres de l'imposante délégation chinoise, portant un élégant uniforme bleu ciel pour les femmes et foncé pour les hommes. Et encore plus immanquable, de très loin, le géant Yao Ming (2,29 m), ex-joueur vedette de la NBA, l'un des huit athlètes «ambassadeurs» de Pékin 2022.

L'ex-joueur des Rockets de Houston sera l'un des onze membres de la délégation chinoise à prendre la parole vendredi matin, durant la dernière présentation de chacun des deux projets devant les 86 membres votants du CIO.

Coûts qui explosent

Le vote est ensuite prévu pour 16h35 locales et la proclamation du résultat entre 17h30 et 18h00 (entre 5h30 et 6h00 heure du Québec). Le CIO devra aussi choisir entre Lausanne (Suisse) et Brasov (Roumanie) la ville hôte des Jeux olympiques de la Jeunesse 2020.

Du côté kazakh, le premier ministre Karim Massimov prendra la parole. «Je suis persuadé que nous avons une chance», veut-il croire.

Pour succéder à Chamonix, où s'étaient tenus les premiers jeux d'hiver en 1924, et à la ville sud-coréenne de Pyeongchang qui les organisera en 2018, le choix est réduit à Pékin et Almaty. «Deux excellents candidats», a insisté jeudi le président du CIO Thomas Bach, dans un entretien à l'AFP.

Initialement intéressées, Oslo, Stockholm, Cracovie (Pologne) et Lviv (Ukraine) avaient finalement renoncé, essentiellement par crainte des coûts qui avaient explosé à Sotchi en 2014. «C'est une compétition où il s'agit de qualité et non de quantité», a insisté M. Bach.

La capitale chinoise veut en profiter pour promouvoir un secteur des sports d'hiver encore balbutiant en développant les stations de ski de Yanqing et Zhangjiakou, à 200 km au nord.

Ex-capitale du Kazakhstan, Almaty propose de son côté l'un des projets les plus compacts de l'histoire et présente deux grands avantages: 80% des installations existent déjà et surtout la région possède de la neige en abondance, condition pour le moins incontournable pour organiser des Jeux d'hiver.

Neige et pétrole

Ce n'est en revanche pas le cas de Pékin: «Les chutes de neige annuelles sont minimes dans les zones de Yanqing et Zhangjiakou, qui dépendraient entièrement de la neige artificielle pour les Jeux», souligne la commission d'évaluation du CIO.

«En dehors des sites des épreuves, notamment à Yanqing, il risque de n'y avoir aucune neige», s'émeut encore la commission, qui s'interroge aussi sur la piètre qualité de l'air, problème récurrent à Pékin.

Réponse de Shen Xue, championne olympique en couple en patinage artistique: «Si le CIO pensait que les conditions à Pékin ne répondaient pas à ses exigences, il n'aurait pas approuvé notre candidature».

Si les deux délégations multiplient les conférences de presse, les opérations de lobbying pour convaincre les membres du CIO vont également bon train, dans la discrétion, la Chine ayant l'avantage de compter trois membres au CIO contre aucun au Kazakhstan.

«J'ai parlé à des membres», a simplement confirmé le premier ministre kazakh.

«Ils nous posent des questions sur la situation économique et notre expérience», a-t-il ajouté, avant de sortir une dernière carte de sa manche: en cas de victoire d'Almaty et malgré la chute du prix du pétrole, sa principale ressource, le Kazakhstan pourra faire appel à un fonds de 70 milliards de dollars, alimenté, sur le modèle norvégien, par les ressources pétrolières.