La presse mondiale a salué dimanche la désignation de Tokyo pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2020 malgré la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, tandis que les journaux espagnols et turcs affichaient leur déception après l'échec des candidatures de Madrid et Istanbul.

La presse dominicale japonaise était déjà imprimée quand est tombée samedi à Buenos Aires (dimanche matin à Tokyo) l'annonce de la victoire de la capitale japonaise. Mais les sites internet des quotidiens, les chaînes de télévision et autres médias ont triomphé.

«À la suite de l'échec pour les JO de 2016, cette fois ce ne sont pas seulement la capitale et le monde du sport qui se sont mobilisés, mais aussi les milieux économiques et l'État. Cette unité a été positive», a souligné le quotidien populaire Mainichi, qui a sorti une édition spéciale de trois pages distribuée gratuitement peu après l'annonce du résultat, à l'instar d'autres quotidiens.

«Pendant sa campagne, Tokyo a mis en avant ses infrastructures publiques efficaces, son dense réseau de transport, la sécurité de ses rues et sa solidité financière», a énuméré l'agence de presse Jiji, y voyant les clés de la victoire tokyoïte face à Madrid et Istanbul.

Dans l'ensemble, les grands médias japonais ne semblaient pas inquiets des éventuels effets de l'accident nucléaire de Fukushima en mars 2011 sur l'organisation des JO et se félicitaient que cette catastrophe n'ait pas ruiné la candidature tokyoïte.

La capacité des Japonais à rassurer le CIO sur le volet Fukushima a été déterminante, estime la presse internationale. «Tokyo a gagné après que le premier ministre (Shinzo Abe) eut personnellement rassuré les votants sur le fait que les fuites radioactives de la centrale de Fukushima ne créeraient pas de risques pour la santé», résume, à Londres, The Guardian sur son site internet.

«Calculs européens» fatals à Istanbul

Déçue de l'élimination de Madrid au premier tour du scrutin, la presse espagnole attribue de son côté l'échec de «sa» candidature à la crise et aux scandales de dopage ayant secoué la péninsule. «C'est le candidat avec l'économie la plus solide et celui qui a lutté le plus efficacement contre le dopage qui a gagné», estime le quotidien de centre gauche El Pais.

Pour El Mundo, «la défaite ne peut s'expliquer que par la perte d'influence internationale de l'Espagne et la détérioration de son image, plombée par le chômage, la crise, la corruption politique, les tensions territoriales et la longue ombre du dopage, très présente à travers la polémique Opération Puerto». Et le quotidien de centre-droit de relever que «Madrid pourra difficilement retenter une quatrième fois après ce fiasco», après ses échecs de 1972, 2012 et 2016.

La presse turque, elle, oscillait entre la déception de l'échec et la fierté de n'avoir jamais été aussi près du but, pour cette cinquième candidature d'Istanbul à l'organisation de JO.

«Une douloureuse finale», titrait ainsi en «Une» le quotidien populaire Vatan, imputant l'échec de la candidature turque aux calculs des «Européens», qui auraient selon lui choisi de soutenir une candidature asiatique - celle de Tokyo - en 2020 pour voir revenir l'organisation des JO vers leur continent en 2024.

«Ce n'était pas notre destin», titrait, plus fataliste, le journal progouvernemental Yeni Safak, citant le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, et accusant les manifestants du Parc Gezi à Istanbul d'avoir «désavantagé» la candidature turque.

La Turquie a connu en juin une vague de protestations sans précédent contre le gouvernement islamoconservateur de M. Erdogan, dont la répression brutale par la police a choqué l'opinion publique internationale.