Mise hors Jeux en février, la lutte jouera sa survie olympique à quitte ou double dimanche à Buenos Aires quand le CIO tranchera entre le maintien de ce sport de combat ancestral au programme de l'édition 2020 ou son remplacement par le softball/baseball ou le squash.

Exclure un sport pour faire de la place à un nouveau dans l'espoir de toucher le jeune public, telle était la volonté du Comité international olympique (CIO). Près de deux ans de processus, un long psychodrame et trois votes plus tard, ce nouveau sport au programme des Jeux de 2020 devrait être... la lutte!

Sauf surprise, les quelque 100 membres du Comité international olympique (CIO) devraient repêcher cette discipline qui figurait déjà au programme des Jeux olympiques antiques, plutôt que de ressusciter en duo le softball et le baseball, exclus en solo des Jeux depuis l'édition 2012, ou de faire entrer le squash.

Sauf surprise, car les voies de l'Olympe sont parfois impénétrables. De fait, la lutte ne semblait pas spécialement menacée, en tout cas bien moins que le pentathlon moderne ou le taekwondo, jusqu'à ce que la commission exécutive du CIO décide de l'éliminer en février.

Poutine en défenseur

Ce coup de tonnerre a suscité un flot de critiques et d'indignation, allant des simples amateurs au président russe Vladimir Poutine. Des champions olympiques ont menacé de renvoyer leurs médailles, des pétitions ont été signées dans toutes les langues, et des lutteurs iraniens, américains et russes ont même joint leurs forces sur le tapis dans la mythique gare de Grand Central à New-York.

La Fédération internationale (FILA) elle-même a changé rapidement de président avant de s'atteler en un tour de main à de nouvelles mesures pour rendre les combats plus attrayants.

Poussée vers la sortie en hiver, la lutte n'avait plus d'autre choix que revenir frapper à la porte des Jeux au printemps, dans l'espoir de décrocher la seule place disponible au programme de 2020, convoitée aussi par sept autres sports.

Elle a repris espoir quand la commission exécutive l'a finalement retenue avec le baseball/softball et le squash pour une finale à trois qui aura lieu dimanche lors de l'assemblée générale du CIO à Buenos Aires.

Coup d'épée dans l'eau

«Nous n'allons pas changer histoire de changer. Nous faisons seulement une révision du programme olympique périodiquement pour prendre une décision pour aboutir au meilleur programme», avait alors fait valoir le président du CIO Jacques Rogge, forcé de défendre ce choix controversé auquel il n'avait pas participé.

Coup d'épée dans l'eau ou pas, la révision du programme olympique devrait se passer de manière bien différente sous le prochain patron du CIO, qui succédera au Belge le 10 septembre.

La tendance serait plutôt de réduire non pas le nombre de sports mais le nombre de disciplines jugées trop similaires au sein de certains sports, afin de dégager de la place pour d'autres et de mettre fin à la limite de 28 sports fixée pour les Jeux d'été.

Quel qu'il soit, le sort de la lutte, l'un des rares sports à avoir figuré quasiment à toutes les éditions des Jeux olympiques de l'ère moderne depuis la première en 1896, reste une incongruité.

Au printemps, le CIO a ainsi dévoilé la nouvelle classification des sports selon l'attrait qu'ils ont suscité aux derniers Jeux de Londres, en vue de la redistribution des recettes olympiques à l'avenir: si la natation et la gymnastique pointaient dans le groupe de tête aux côtés de l'athlétisme, la lutte ne figurait tout de même pas dans le dernier groupe, et c'est le pentathlon qui fermait les rangs.