Des «Championnats du monde unis» ouverts à tous les sports, olympiques ou non, dès 2017, voilà le grand projet qu'entend lancer Marius Vizer, élu président de SportAccord vendredi.

Mais les ambitions de l'Autrichien interpellent le CIO, qui voit poindre une menace pour ses propres Jeux.

Par 52 voix sur 89, les membres de SportAccord, organisation regroupant une centaine de fédérations, ont préféré choisir comme nouveau capitaine le président de la Fédération internationale de judo, plutôt que celui du rugby (IRB), le Français Bernard Lapasset.

Un choix qui promet très vite de fortes turbulences, car l'homme d'affaires veut instaurer des «United World Championships», genre de championnats du monde des championnats du monde de toutes les disciplines qui voudraient en faire partie.

Plusieurs ont raillé l'idée en pointant que la formule existe déjà sous le nom de «Jeux olympiques». Mais, comme le laisse entrevoir sa carrure de 7e dan de judo, Marius Vizer n'est pas homme à plaisanter.

La première édition pourrait avoir lieu dès 2017, selon lui: «Ils seraient organisés dans un pays, avec des disciplines réparties dans différentes villes ou différentes régions en fonction des infrastructures».

«Les Jeux olympiques, l'esprit olympique et les valeurs olympiques sont quelque chose de complètement différent, il n'y a rien de plus fort, a-t-il fait valoir. Les championnats que nous prévoyons s'inscrivent dans une stratégie commerciale pour générer des nouveaux revenus, notamment pour les fédérations nationales, les fédérations continentales et bien sûr les fédérations internationales».

Toutes n'ont pas la chance d'avoir la vitrine des Jeux olympiques. Selon lui, ce rendez-vous donnerait non seulement plus de visibilité aux sports, mais leur fournirait de nouvelles ressources qui leur permettraient de financer des activités pour les enfants, les jeunes, et autres stratégies de développement du sport.

Le président du Comité international olympique (CIO), le Belge Jacques Rogge, a bien adressé ses félicitations à Marius Vizer pour son élection vendredi à Saint-Pétersbourg... à quelques mètres de la réunion du comité exécutif du CIO.

Mais cette élection n'est pas vraiment une bonne nouvelle pour l'instance suprême du mouvement sportif, qui tente péniblement de réviser son programme afin de le rendre plus attractif, surtout pour le jeune public.

Le CIO s'apprête lui aussi à changer de président, le 10 septembre, et ce sera le successeur de Jacques Rogge qui héritera du dossier. «Je m'attends à ce que les deux nouveaux leaders se réunissent et discutent de la collaboration entre le CIO, le mouvement sportif et SportAccord» a déclaré le sortant.

Bach pas inquiet

L'Allemand Thomas Bach, qui aimerait bien devenir ce nouveau patron, ne voit pas ce projet de Championnats unis comme une menace, parce que «les plus grandes fédérations internationales n'appuient pas cette idée». Elles trouvent le calendrier déjà bien congestionné, comme elles l'ont fait savoir au CIO lors d'une réunion le 21 mai.

«Il est clair que le CIO va faire très attention à l'image et à l'unicité des Jeux olympiques», a précisé celui qui n'en est pour l'heure que le vice-président.

Pour Marius Vizer, ces Championnats ne feront pas de l'ombre aux Jeux olympiques.

«Je ne pense pas qu'ils doivent s'inquiéter, car il s'agit d'un événement différent avec un contexte différent et une stratégie différente», a estimé le patron du judo. Il a pris soin de préciser que «bien sûr» ces Championnats «se feront en partenariat et en accord avec toutes les organisations sportives internationales».