Frappé en 1998 par le scandale de l'attribution amplement monnayée des Jeux olympiques d'hiver 2002 à Salt Lake City, le CIO s'est réformé, a gagné en transparence, sans toutefois éviter tous les conflits d'intérêts, à l'image de ceux qui marqueront l'élection de la ville hôte des Jeux olympiques de 2018.

Un peu plus d'un mois après la très mouvementée élection présidentielle à la FIFA, entachée d'accusations de corruption en cascade, le scandale devrait épargner le CIO dont quelques membres - Joseph Blatter, Joao Havelange, Issa Hayatou - ont été des acteurs, et non les moindres, des péripéties de l'instance mondiale du soccer.

«On ne peut jamais dire jamais, mais nous avons fait le maximum pour éliminer ce genre de comportements», estime Jacques Rogge, qui depuis sa première élection à la présidence du CIO, en 2001, n'a eu de cesse d'épurer l'institution et d'en bannir les mauvaises habitudes prises par ses membres durant les années de règne de Juan Antonio Samaranch.

Le scandale de l'achat des Jeux par Salt Lake City a conduit à l'exclusion de dix membres, la sanction de dix autres, et surtout la refonte des règles régissant l'attribution des JO. Le CIO a ainsi interdit aux membres de se rendre dans les villes candidates où ils étaient couverts d'attentions parfois démesurées.

Moins de princes, plus de sportifs

Une commission d'évaluation d'une quinzaine d'experts est désormais missionnée pour auditer les candidatures et remet un rapport exhaustif à la centaine de membres-électeurs, un quorum garant à lui seul de transparence. «Le fait d'avoir 100 à 120 votants diminue les chances de manipulation. Il est plus utile de corrompre quelqu'un dans un petit groupe», poursuit Jacques Rogge, faisant toujours référence à la FIFA où seuls une quinzaine de membres désignent les pays organisateurs de Mondiaux.

Parallèlement, le CIO a fait le ménage dans ses rangs. On compte certes encore dans l'assemblée de nombreux membres cooptés sans passé sportif ou contribution à l'olympisme, des têtes couronnées et un certain nombre de «fils de». Mais la place des athlètes s'est élargie.

Aujourd'hui, Serguei Bubka, Alexander Popov ou Frankie Fredericks font partie des membres les plus influents du CIO dont la commission d'éthique est composée de respectables personnalités du monde judiciaire.

La grande lessive du début des années 2000 n'a pas tout réglé. Les conflits d'intérêts sont difficilement évitables lorsqu'il s'agit d'attribuer des Jeux olympiques synonymes de recettes de plusieurs milliards de dollars.

Auto-censure

Le patron de la candidature d'Annecy, petit Poucet de l'élection de mercredi pour les JO 2018, a ainsi stigmatisé la course à l'échalotte olympique: «Nous sommes là pour proposer des Jeux authentiques, pas pour obtenir un trophée pour une entreprise ou un pays».

Sans les citer, ce qu'interdit le code de conduite du CIO, Charles Beigbeder oppose ainsi son dossier vertueux à ceux de Munich et Pyeongchang, soutenus par des capitaux notoirement liés au mouvement olympique.

C'est ainsi que l'Allemagne s'enorgueillit d'être le pays d'origine de 50% des sponsors des sports d'hiver, des entreprises qui ne sauraient qu'être plus généreuses envers leurs fédérations partenaires en cas de victoire de Munich.

Et Pyeongchang, richissime candidature soutenue par l'ensemble du monde économique et politique sud-coréen, est, depuis sa première tentative, pour les JO de 2010, entre les mains de Samsung, l'un des 11 plus gros commanditaires du CIO. Un peu comme le dossier d'Atlanta bénéficiait du soutien de CNN et Coca-Cola. Avec le succès que l'on sait.

«Techniquement, Samsung n'est pas parrain de la candidature», se défend Jacques Rogge. Pourtant, Denis Oswald, président de la Fédération internationale d'aviron engagée dans un gros partenariat avec la firme d'électronique sud-coréenne, a choisi pour cette raison de ne pas voter mercredi. Un cas d'auto-censure tout à fait révélateur.