Les acteurs du système sportif canadien refusent de se laisser gagner par le blues post-olympique. Un an après les Jeux de Vancouver, l'heure est à la relance. Et les défis sont immenses.

Pour y arriver, les comités olympique et paralympique canadiens et le programme À nous le podium unissent leurs forces. Leur priorité est de rallier le secteur privé pour combler les lacunes d'un système en constant perfectionnement.

Ambitieux, le Comité olympique canadien (COC) annonce ses couleurs. D'ici cinq ans, l'organisme présidé par Marcel Aubut veut amasser rien de moins que 300 millions de dollars dans le cadre d'une campagne de «donateurs majeurs» de la Fondation olympique canadienne.

En même temps, le COC doit renouveler au plus tôt 110 ententes commerciales qui viendront à échéance à la fin des prochains Jeux d'été de Londres, en 2012. Dans ce cas-ci, le COC vise des contrats d'une valeur de 100 millions sur quatre ans, soit 60 millions de plus que durant la période précédant les Jeux de Vancouver.

Est-ce réaliste? «Était-ce réaliste de dire qu'on allait finir premier au monde à Vancouver?» a répliqué Jean R. Dupré, nouveau chef de la direction du COC, dans le cadre d'une longue entrevue éditoriale aux bureaux de La Presse, hier après-midi. «C'est un objectif très élevé et il y a encore beaucoup d'étapes avant d'en arriver là. Mais il faut le remplir si on veut faire ce qu'on veut avec le système sportif canadien.»

Dans le cadre de cette tournée médiatique nationale, M. Dupré était accompagné de ses homologues Henry Storgaard, du Comité paralympique canadien, et d'Alex Baumann, d'À nous le podium (ANP), le programme dont la visée est de permettre aux athlètes canadiens de monter sur les podiums internationaux.

Aux yeux de Baumann, les Jeux de Vancouver ont représenté un tournant dans la façon dont le gouvernement fédéral perçoit le sport d'élite. Là où il voyait un «manque de volonté politique» à son arrivée à ANP en décembre 2006, il sent maintenant un appui indéfectible «du premier ministre (Stephen Harper) jusqu'au ministre des Sports (Gary Lunn)». «Ils veulent vraiment voir un système qui fonctionne. On est très chanceux», a dit Baumann, qui avait déjà exprimé des insatisfactions à ce sujet.

Dans son dernier budget, le fédéral a accru de 22 millions son aide annuelle à ANP, ce qui a permis à l'organisme de maintenir son financement des sports d'hiver et de l'élargir à des sports d'équipe et à des programmes destinés à la relève. Le budget annuel d'ANP est d'environ 70 millions. Le Comité paralympique canadien a lui aussi bénéficié d'un soutien accru de cinq millions. «Ça nous a permis grosso modo de tripler notre budget», a souligné M. Storgaard, qui se félicite de l'arrivée de Chantal Petitclerc au sein de son conseil d'administration.

Les carences restent importantes. La formation et la rétention des entraîneurs, la détection de talent, le leadership des directeurs techniques de certaines fédérations et le développement scientifique sont tous des domaines où des «écarts» demeurent, fait valoir Alex Baumann. Ce dernier estime à 60 millions la valeur des besoins non comblés.

Après les bons résultats à Vancouver, il se méfie des dangers de sombrer «dans la complaisance». Aux prochains Jeux d'été de Londres, en 2012, le Canada vise le 12e rang au tableau des médailles et le huitième aux Jeux paralympiques. «Un défi difficile, mais réaliste», juge Baumann.

Québec 2022: prudence et patience

Questionné sur le projet de Jeux d'hiver à Québec en 2022, Jean R. Dupré a rappelé que le COC attendait toujours une candidature formelle. Il prône aussi la patience, prévenant que dans l'histoire récente du Comité international olympique, une victoire au premier essai est plutôt rare.

À ses yeux, le rejet du Massif pour la présentation de la descente masculine n'est pas un problème insurmontable. Il s'agirait de s'asseoir avec les dirigeants de la Fédération internationale de ski et de trouver une solution. «Beaucoup de choses peuvent changer» quant aux exigences relatives au tracé, pense M. Dupré. Les inquiétudes récentes sur la sécurité des skieurs pourraient changer la donne, ajoute-t-il. «Il ne faut pas fermer la porte.»