Fort de ses succès éclatants aux derniers Jeux olympiques de Vancouver, B2dix prend de l'expansion. Prochaines cibles: Londres 2012, Sotchi 2014 et Rio 2016. Bilan et perspectives avec l'un des piliers de l'organisation, Dominick Gauthier.

Lancé discrètement au lendemain des Jeux olympiques de Turin, en 2006, B2dix a frappé fort quatre ans plus tard à Vancouver. Alexandre Bilodeau, Jennifer Heil, Joannie Rochette, Tessa Virtue et Christine Nesbitt ont tous reçu une forme d'aide de l'organisation montréalaise avant de monter sur le podium en février dernier.

Au total, les 19 athlètes associés à B2dix ont gagné 12 médailles, contribuant ainsi à près de la moitié de la moisson canadienne. Belle moyenne au bâton. «On n'a pas tout fait. Il y a des athlètes qu'on a aidés à 3%, et d'autres, à 80%», précise Dominick Gauthier, homme à tout faire de B2dix et l'un de ses cofondateurs avec sa conjointe, la skieuse acrobatique Jennifer Heil.

Il était décidé avant les JO de Vancouver que B2dix poursuivrait sa mission, celle d'aider les athlètes d'élite canadiens en répondant à leurs besoins, et ce, «sans compromis». Toujours avec l'idée de complémenter ce que font les fédérations, les centres nationaux de sport et les programmes gouvernementaux.

Réunis il y a une dizaine de jours à Montréal, les principaux acteurs de B2dix, dont Gauthier, Heil, le grand manitou financier J.D. Miller et le préparateur physique Scott Livingston, ont commencé à préparer le terrain pour les prochains JO de Londres (2012), de Sotchi (2014) et même de Rio de Janeiro (2016). Gauthier est d'ailleurs à la recherche de «jeunes prodiges», inconnus pour le moment, mais susceptibles de s'illustrer dans six ans au Brésil.

Le financement de B2dix, toujours entièrement privé, est déjà assuré pour les six prochaines années. Les philanthropes, pour la plupart issus du milieu des affaires, se sont engagés à fournir l'impressionnante somme de 20 millions de dollars d'ici 2016. Pour le dernier cycle olympique de Vancouver, B2dix avait travaillé avec 3 millions, dont le tiers avait servi dans la phase finale de préparation.

«On ne veut pas avancer de chiffres parce qu'on est encore en train de planifier, mais on aimerait aider une quarantaine d'athlètes», dit Dominick Gauthier.

Les succès de Vancouver ont contribué à mieux faire connaître le groupe. La victoire historique de Bilodeau a parti le bal. Les grands journaux nationaux ont publié des articles détaillés sur B2dix. «On n'est plus perçus comme «la gang de Montréal qui a de l'argent et qui va vous montrer comment faire»», avance Gauthier.

Les «vieux sports»

Vendredi dernier, le couple de fondeurs Chandra Crawford et Devon Kershaw était au Premier Studio, petit local d'entraînement de Saint-Henri qui sert en quelque sorte de plaque tournante pour B2dix. Crawford, championne olympique du sprint à Turin, et Kershaw, cinquième au 50 km à Vancouver, rencontraient Livingston pour une première évaluation. Ils souhaitent se joindre à leur pote Alex Harvey et son entraîneur Louis Bouchard, qui travaillent déjà avec B2dix.

Combien d'appels depuis Vancouver? «Pas tant que ça, une centaine peut-être», répond Gauthier, qui coachera Heil et Bilodeau dans les bosses pour une dernière saison. Certaines demandes sont plus tirées par les cheveux que d'autres - le papa d'une patineuse artistique de Kelowna, disons - mais Gauthier répond à chacune d'entre elles de façon personnalisée. Pour les plus timides, il prévoit ouvrir une page d'inscription officielle sur le site internet du groupe.

Pour le moment, la triathlonienne Kathy Tremblay et le lanceur de poids Dylan Armstrong sont les deux seuls athlètes de sport d'été dans la filière B2dix.

Avant sa surprenante quatrième place aux JO de Pékin, Armstrong avait eu besoin de services thérapeutiques supplémentaires à son centre d'entraînement de Kamloops et de sous pour des camps d'entraînement dans des pays de l'Est, châteaux forts de sa spécialité. B2dix continue de l'épauler. La semaine dernière en Allemagne, Armstrong a amélioré sa marque nationale par plus d'un demi-mètre (21m58).

Gauthier est excité à l'idée de s'attaquer aux sports d'été. «On rentre dans les vieux sports qui ont 50, 100 ans d'histoire», souligne-t-il.

Il a déjà commencé à rencontrer les directeurs de la haute performance des fédérations nationales afin de déterminer les meilleures façons de se complémenter. Il a aussi eu des discussions avec Anne Merklinger, directrice des sports d'été pour le programme fédéral À nous le podium. «C'est une femme extraordinaire et la collaboration est exceptionnelle», affirme Gauthier au sujet de Merklinger, en poste depuis sept mois.

Un autre grand chantier, celui-là piloté par Livingston et l'ostéopathe David Campbell, est le développement d'un réseau de spécialistes (physios, massos, ostéos, préparateurs, psychologues, etc.) partout au pays. En offrant une rémunération concurrentielle, l'ambition de B2dix est d'intégrer des spécialistes qui, traditionnellement, ne gravitent pas dans le réseau du sport canadien. Il y aura aussi un volet formation, qui servira également au perfectionnement des entraîneurs.

En parallèle, Gauthier ambitionne de mettre à contribution les athlètes B2dix pour créer un programme bien structuré visant à inspirer les jeunes dans les écoles. Ce projet lui tient particulièrement à coeur.

B2dix est donc bien vivant, et fait même des petits. B2Découverte, lancé la semaine dernière, est un partenariat inspiré de B2dix qui vise à financer des chercheurs de l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l'Université de Montréal.

Et les nouvelles idées sont toujours les bienvenues. «La beauté de tout ça, conclut Gauthier, c'est qu'il n'y a rien qu'on doit faire et rien qu'on ne doit pas faire.»