«Excusez-moi.» Dick Pound, membre du Comité international olympique et président de l'Agence mondiale antidopage, présente ses excuses et dit n'avoir jamais eu l'intention d'être raciste quand il a utilisé le mot «sauvage» pour désigner les Amérindiens d'il y a 400 ans.

«Je pensais qu'en français, c'était un terme que l'on utilisait couramment pour parler des Amérindiens de cette époque. Si j'ai offensé qui que ce soit, j'en suis désolé», a-t-il dit hier en entrevue téléphonique. 

Dans une entrevue publiée dans La Presse en août, à propos du choix de la Chine comme pays hôte des Jeux olympiques, Dick Pound a déclaré: «Il ne faut pas oublier qu'il y a 400 ans, le Canada était un pays de sauvages, avec à peine 10000 habitants d'ascendance européenne, alors qu'en Chine, on parle d'une civilisation de 5000 ans.»

C'est il y a quelques semaines seulement que la déclaration a rebondi au visage de Pound, alors qu'un groupe autochtone, Terres en vues, a déposé une plainte au CIO.

En début de semaine, le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, s'est à son tour montré indigné, disant que les propos de Pound étaient inacceptables et qu'il devait s'excuser.

Même quand on fait référence au passé lointain, à une époque où les Autochtones étaient couramment appelés «sauvages», cette appellation est inacceptable aujourd'hui, croit Max Gros-Louis, chef du Conseil de la nation huronne de Wendake. Pourquoi? Parce qu'il y a eu erreur sur la personne, dit-il, et que les sauvages de l'histoire, ce sont bien les Européens qui se sont comportés si brutalement envers les Autochtones.

Pas d'enquête

La commission d'éthique du Comité international olympique (CIO) a affirmé hier qu'elle ne ferait pas d'enquête, et a suggéré au groupe autochtone qui a déposé la plainte contre M. Pound de s'adresser directement à lui.

Terres en vues a porté plainte auprès du CIO le 2 octobre dernier, soit près de deux mois après l'entrevue controversée.

«Si l'on considère la force des propos émis par M. Pound, cela représente une réponse très faible», a affirmé son directeur, André Dudemaine, à la suite de la décision du comité. «Je crois qu'ils essaient de se défiler. Nous pouvons conclure qu'en quelque sorte, ils endossent les commentaires pour lesquels Richard Pound devrait être désolé.»

M. Dudemaine a refusé les excuses de Richard Pound. «S'il veut s'excuser, il devrait d'abord reconnaître que ce qu'il a dit est très offensant», a-t-il affirmé.

«Ce n'est pas simplement l'utilisation du mot «sauvage» qui est offensante, c'est la phrase au complet où il a utilisé ce mot pour cibler un groupe humain - les premiers habitants d'Amérique. Il dit qu'ils ne sont pas aussi civilisés que les Européens ou les Chinois.»