Ballons et cadeaux garnissaient la table de Boels-Dolmans dans un hôtel de Maastricht au petit déjeuner, hier. L'équipe cycliste soulignait ainsi l'anniversaire de deux de ses membres, la Néerlandaise Anna Van der Breggen, 28 ans, et la Québécoise Karol-Ann Canuel, qui fêtait ses 30 ans.

Quelques heures plus tard, Van der Breggen a célébré sa quatrième victoire consécutive à la Flèche Wallonne, grande classique belge du World Tour se décidant au sommet du Mur de Huy. Dans les plus forts pourcentages (20%!), elle a suivi la Sud-Africaine Ashley Moolman-Pasio (Cervélo Bigla) avant de la devancer nettement sur la ligne. Sa coéquipière américaine Megan Guarnier a complété le podium.

Un peu juste au plus fort de la montée, Canuel a vu le groupe des meneuses se scinder devant elle à 400-500 m de l'arrivée. La native d'Amos a terminé 22e à 47 secondes de Van der Breggen. « Je suis un peu déçue de ma dernière ascension, j'aurais aimé faire mieux », a-t-elle admis plus tard au téléphone.

La Flèche a souvent souri à Canuel, qui y a fini 10e à sa deuxième participation en 2012. À l'époque, elle courait pour une petite équipe française et n'avait à se préoccuper que d'elle-même.

Ses responsabilités ont changé depuis 2014 et son accession à quelques-unes des meilleures formations au monde. À sa troisième saison chez Boels-Dolmans, elle roule en appui à la médaillée d'or olympique Van der Breggen, à la championne mondiale néerlandaise Chantal Blaak (gagnante de l'Amstel Gold Race dimanche), à sa prédécesseure danoise Amalie Dideriksen et à quelques autres coureuses au riche palmarès comme la Britannique Elizabeth Daignan.

«C'est toujours gratifiant quand ton équipe gagne, a souligné Canuel. Je savais que mon rôle serait d'aider en allant dans cette équipe. Si un jour j'ai l'occasion, je sais que l'équipe va me soutenir. Mais il faut que ce soit une belle occasion parce que les filles derrière moi, elles peuvent vraiment gagner...»



L'un des beaux palmarès du cyclisme québécois

Ses coéquipières reconnaissent son abnégation. À preuve, elles l'avaient désignée pour être la première à franchir la ligne d'arrivée du contre-la-montre par équipes ouvrant le Tour d'Italie, l'an dernier. Cette fleur lui avait permis de rouler en rose lors de la première étape sur route. Elle avait fini huitième de ce Giro remporté par - qui d'autre? - Van der Breggen.

Après Liège-Bastogne-Liège, où elle espère retrouver de meilleures jambes dimanche, et les championnats canadiens sur route, où elle visera les deux titres en juin, le Tour d'Italie (6-15 juillet) sera son grand objectif de l'été. Elle tournera ensuite ses yeux vers les Mondiaux d'Innsbruck (22-30 septembre), dont le parcours très accidenté devrait en principe lui convenir.

Cinquième à la course sur route des Mondiaux juniors de 2006, Canuel s'est bâti l'un des beaux palmarès du cyclisme québécois. Grimpeuse à l'origine, elle s'est découvert un talent pour les contre-la-montre en terminant sixième aux Mondiaux 2014. De 2014 à 2016, elle s'est imposée trois fois au chrono par équipes sous trois couleurs différentes, la seule à réussir l'exploit.

À maintenant 30 ans, l'olympienne de Rio se voit courir deux autres saisons «au maximum», potentiellement jusqu'aux JO de Tokyo en 2020.

«Je me surprends encore de faire ça aujourd'hui. J'ai été chanceuse de faire mon chemin, et que ça fonctionne bien. Il y aurait eu des millions de raisons d'arrêter... Je ne sais pas trop ce qui m'attend. Ça va dépendre si j'ai un autre contrat l'an prochain. Le mien se termine cette année. On verra.» Pour l'heure, du champagne attendait au frais dans un hôtel de Maastricht.

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Photo tirée du compte Facebook de Karol-Ann Canuel

À maintenant 30 ans, Karol-Ann Canuel se voit courir deux autres saisons «au maximum», potentiellement jusqu'aux JO de Tokyo en 2020.

Rare abandon de Houle

À sa première présence à la Flèche Wallonne, Hugo Houle a posé pied après la deuxième et avant-dernière ascension du Mur de Huy, à 30 km de l'arrivée. «Un peu fatigué» après avoir disputé la campagne des Flandriennes d'un bout à l'autre jusqu'à Paris-Roubaix, le Québécois d'Astana avait reçu ordre de son directeur sportif de se préserver en prévision pour Liège-Bastogne-Liège, où son meneur Jakob Fuglsang vise un gros résultat dimanche. «J'ai fait de belles courses, pas de coup d'éclat, mais j'ai fait ma job, les gars sont contents», a dit Houle au sujet de son début de saison.

Après le Tour de Romandie, la semaine prochaine, l'athlète de 27 ans reviendra au Québec pour du repos. En juin, il découvrira le Critérium du Dauphiné. Deuxième à la Flèche en 2015 et 2016, Julian Alaphillippe (Quick Step) a confirmé son énorme potentiel en remportant l'épreuve mercredi, la plus grande victoire de sa carrière. Le Français de 25 ans a battu nul autre que l'Espagnol Alejandro Valverde, quintuple vainqueur au Mur de Huy qui l'avait déjà désigné comme son successeur. Le Canadien Michael Woods, 11e l'an dernier, a fléchi dans le Mur et s'est classé 33e.